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Les Français et les médicaments : entre confiance et défiance


Les Français sont les Européens qui consomment le plus de médicaments. Sans justification. Ils ne sont pas en moins bonne santé que leurs voisins. Les armoires à pharmacie regorgent de boîtes de médicaments non utilisés, de restes d'ordonnances, de produits achetés, au cas où…

Les médias se font régulièrement l’écho de scandales sur tel ou tel médicament. Le Mediator, la pilule de 3e génération... Avec la multiplication des drames sanitaires, n’y a-t-il pas un risque que se développe une forme de suspicion à l’égard des médicaments ? Et pas nécessairement pour de bonnes raisons.

Les médecins français prescrivent énormément : 90% de leurs consultations se concluent par une ordonnance contre 72% en Allemagne et 43% aux Pays-Bas. Et cette ordonnance comporte en moyenne de 3 à 5 médicaments.

Les progrès de la recherche médicale et pharmaceutique permettent en permanence d’importantes avancées en ce qui concernent le traitement des différentes maladies. Les médicaments, par leurs effets multiples sur l’organisme, présentent cependant des risques non négligeables, en particulier avec l’avancée en âge et en présence de traitements multiples.

Après l’autorisation de mise sur le marché, un médicament continue de faire l’objet d’évaluations régulières. Soumis à une obligation de surveillance, les laboratoires effectuent leur propre pharmacovigilance. Ces données sont ensuite transmises aux agences du médicament qui s’en servent en plus de leurs propres enquêtes.

L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) peut formuler des recommandations ou des limites de prescription, voire une interdiction ou une suspension de mise sur le marché d’un médicament.

Tout sauf anodin

La consommation médicamenteuse chez les seniors reste exponentielle et soumise à des risques plus importants. Les personnes âgées représentent 21,8 % de la population française alors que leur consommation de médicaments représente 40 % de la consommation totale.

Cela induit des risques plus élevés liés aux effets secondaires et aux interactions entre de multiples médicaments : plus d’un million d’entre eux absorbent plus de sept principes actifs chaque jour. Chez les plus de 70 ans, un tiers des accidents liés aux médicaments concerne des patients prenant plus de 10 produits chaque jour.

Les effets secondaires des médicaments sont très fréquents. Dans la mesure où il s’agit de substances ayant un impact sur les différentes fonctions de l’organisme, les améliorations constatées vis-à-vis de la maladie traitée peuvent être accompagnées d’effets indésirables. La recherche pharmaceutique a pour objectif de trouver des molécules efficaces avec le moins d’effets secondaires possibles. Mais les effets secondaires ne pourront jamais être totalement absents, en raison de l’efficacité même des médicaments.

De nombreux médicaments ont un impact sur la vigilance et d’autres facultés (attention, coordination des mouvements, etc.), et font courir des risques sérieux en cas de conduite automobile, ou même dans les actes courants de la vie quotidienne. Prendre un médicament n’est pas anodin, il faut donc être vigilant, aucun médicament ne peut être pris à la légère.

Marie-Solange Petit

40 millions de boîtes en moins

Le rapport des Français vis-à-vis des médicaments serait-il en train de changer ? Selon la dernière étude menée par le laboratoire de recherches Celtiphram, les Français ont réduit leur consommation de médicaments achetés en pharmacie. Une première depuis plus de 10 ans.

Ce recul des ventes concerne 1,5% des médicaments à prescription obligatoire et 0,4% de ceux en vente libre, ce qui porte le chiffre à 40 millions de boîtes en moins sur un total de trois milliards. Malgré cette baisse, la surconsommation de médicaments reste encore très élevée en France.

Chaque année 3 milliards de boîtes de médicaments sont vendues en France
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