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Les mutations de la famille


Après les passions « pour ou contre le mariage pour tous », on a un peu oublié les mutations de la famille. Mariages, unions, ruptures, poids des familles monoparentales, du célibat et des aidants familiaux, les évolutions sont frappantes.

On se marie de moins en moins en France comme en Europe. La vie en couple sans mariage gagne du terrain. On divorce et on se sépare de plus en plus, pour éventuellement se remettre en couple une deuxième, voire une troisième fois. La cohabitation hors mariage et les ruptures d’union sont très fréquentes dans le nord de l’Europe, alors que dans le Sud et dans certains pays de l’Est, le mariage domine largement.

Selon l’Institut national d’études démographiques, les unions sont de plus en plus tardives, souvent sous forme de cohabitations, qui se transforment de moins en moins en mariage. La proportion d’unions rompues dans les cinq premières années de vie commune est passée de 10 % dans les années 80 à 17 % dans les années 90. Quant aux divorces, ils progressent de 39,2 % en 2002 à 46,2 % en 2011. Selon le ministère de la Justice, les divorces interviennent plus tôt, après 13 ans de mariage, et concernent des couples plus jeunes, de 40 ans pour les femmes et 43 ans pour les hommes. Les ruptures semblent moins conflictuelles, le consentement mutuel pour divorcer atteignait 54,1 % en 2007, contre 41,4 % en 1996. Les divorces avec enfant mineur sont en baisse.

Un enfant sur sept avec un seul parent

Cette instabilité des unions explique largement le poids des familles monoparentales qui sont deux fois et demie plus nombreuses qu’en 1968 (1 760 000 en 2005). Conséquence, un enfant sur sept ne vit qu’avec un seul de ses parents, dans 85 % des situations avec sa mère. Ces mères seules sont moins diplômées que celles qui vivent en couple et plus souvent touchées par le chômage et la pauvreté. La filiation recouvre des formes multiples.

Autre évolution, le nombre de célibataires a doublé en 30 ans. Le célibat est choisi ou contraint.
Par ailleurs, l’Insee dénombre 100 000 couples homosexuels, dont 43 % étaient Pacsés (avant la loi sur le mariage pour tous).

Cette transformation de la famille bien plus éclatée et diversifiée qu’autrefois a des répercussions sociales, qu’il s’agisse de l’offre de logement qui ne parvient pas à suivre cette évolution, la difficulté de concilier sa vie professionnelle et familiale, l’éducation et la garde des enfants, la scolarité, les revenus, l’éloignement géographique. Face aux équipements collectifs et les aides insuffisants, les grands-parents sont de plus en plus mis à contribution, eux-mêmes venant parfois en soutien à leurs vieux parents en perte d’autonomie. Ces mutations, avec le vieillissement, expliquent l’ampleur des aidants familiaux qui atteignent plus de huit millions de personnes. Qu’en sera-t-il pour les futures générations ?

Le refus de la soumission de la femme et son autonomie sont un progrès. Mais la fragilité du mariage et des unions questionne notre société. L’allongement de la durée de vie peut aussi expliquer ces nouveaux choix. La famille se diversifie. L’intergénérationnel et le vivre ensemble peuvent en être enrichis ou perturbés. Les droits de la protection sociale et de la famille doivent tenir compte de ces nouvelles réalités.

Jacques Rastoul

Les familles monoparentales sont deux fois et demie plus nombreuses qu’en 1968.