UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

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1 - Lors du passage à la retraite, le niveau de vie augmente ou baisse ?


Plus de 60 % des retraités voient leur niveau de vie baisser au passage à la ratraite mais pour les 40 % les plus modestes, il a augmenté.

Sommaire du dossier
 1 - Lors du passage à la retraite, le niveau de vie augmente ou baisse ?
 2 - En couple, les hommes ont deux heures de loisirs en plus
 3 - Les femmes assurent toujours plus les activités domestiques
 4 - À partir de 75 ans, plus de repos et de télévision mais autant de sociabilité
 5 - Des retraités toujours actifs
 6 - Le bénévolat des retraités en Europe : les Français dans la moyenne !

Avant d’aborder le quotidien des retraités, il est nécessaire de connaître leur niveau de vie*, une baisse des revenus n’est pas sans influence sur les habitudes de vie.

Le niveau de vie des personnes en emploi avant la retraite accuse une baisse de 13 % en moyenne

On imagine que, lors du passage à la retraite, les revenus et le niveau de vie baissent. En effet, le taux de remplacement net (retraite nette/derniers salaires nets)** est d’environ 75 % en médiane (moitié au-dessus, moitié au-dessus). Cela peut sembler évident dans les pays anglo-saxons où le niveau de vie assuré aux retraités par le système de retraite est nettement plus faible qu’en France. En France, comme le montre l’étude de l’Insee, il ne va pas de soi que le niveau de vie baisse effectivement de manière systématique lors du passage à la retraite.

C’est généralement le cas pour les personnes en emploi avant la liquidation de leur pension. Mais c’est l’inverse pour celles qui étaient sans emploi avant la liquidation de leur retraite : leur niveau de vie augmente souvent. Il baisse en moyenne pour les 60 % des retraités les plus aisés, mais il augmente pour les 40 % les plus modestes. Sur l’ensemble des nouveaux retraités en 2013, le niveau de vie ne baisse en moyenne que de 8 % (voir la définition du niveau de vie).

Les personnes qui voient leurs revenus augmenter sont celles qui étaient, quelques mois, voire des années avant, en inactivité volontaire (femmes « au foyer », etc.), en invalidité, longue maladie ou situation de handicap, en préretraite d’entreprise, en chômage indemnisé ou non, et enfin en emploi à temps partiel ou intermittent y compris autoentrepreneurs. Ces situations sont loin d’être marginales puisqu’en 2016, environ 40 % des assurés du régime général n’ont pas connu de période d’emploi dans l’année précédant leur départ à la retraite et le taux de temps partiel des seniors en emploi est relativement élevé (20 % en 2017 parmi les 55-59 ans et 31 % parmi les 60-64 ans).

Le niveau de vie des personnes en emploi avant la retraite accuse une baisse de 13 % en moyenne (pour les femmes comme pour les hommes), celles qui étaient sans emploi voient leur niveau de vie augmenter en moyenne (+2,6 % pour les femmes et +11,6 % pour les hommes). Les 10 % des personnes ayant les niveaux de vie les plus faibles avant la retraite voient leur niveau de vie augmenter fortement (+69 %), contrairement au 10 % qui ont les niveaux de vie les plus élevés (-27 %).

Pour le COR, cela peut « expliquer l’aspiration de certains assurés à partir à la retraite le plus tôt possible et sans décote ». Si, pour les catégories aisées, la retraite est surtout synonyme de temps libre dont on peut profiter, pour les catégories les plus modestes la liquidation de la retraite est souvent synonyme d’amélioration de la situation financière (seuls 3 % des nouveaux retraités de 2013 ont basculé dans la pauvreté après la retraite).

La baisse du niveau de vie plus forte pour les hommes

L’enquête de l’Insee parue en début 2020 montre pourquoi la baisse du niveau de vie est plus importante pour les hommes que pour les femmes. L’Insee a étudié les personnes devenues retraitées en 2013. 70 % d’entre elles sont mariées, les autres étant majoritairement sans enfant ni conjoint. Dans les couples, c’est le plus souvent l’homme qui part le premier à la retraite. Or ceux-ci perçoivent en moyenne des revenus supérieurs à ceux de leur épouse. Au moment où ils partent à la retraite, le couple perd son revenu le plus élevé, ce qui entraîne une baisse importante du niveau de vie du ménage. Lorsque les femmes mariées partent à la retraite, leur conjoint étant le plus souvent déjà à la retraite, la perte du revenu le plus élevé du ménage a été amortie dans les années qui ont précédé le départ à la retraite des femmes. Ainsi, 34 % des hommes mariés qui ont liquidé leur retraite en 2013 ont une conjointe qui perçoit des revenus du travail supérieurs à 1 000 euros par mois, alors que seules 18 % des femmes mariées parties à la retraite en 2013 ont un conjoint qui perçoit des revenus du travail supérieur à ce seuil.

Si globalement les nouveaux retraités subissent une baisse de leurs revenus, cela n’est pas de nature à modifier profondément leur mode de vie hormis le bouleversement que constitue l’arrêt de l’activité professionnelle qui implique une recomposition de l’emploi du temps.

Définition du niveau de vie et du taux de remplacement

Le niveau de vie et le taux de remplacement sont des concepts qui méritent d’être expliqués.
Le *niveau de vie est un concept théorique destiné à permettre la comparaison des ménages entre eux. Il est défini comme le revenu disponible du ménage rapporté au nombre d’unités de consommation (UC) : une personne seule compte pour 1, un ménage pour 1,5. À titre d’exemple, prenons trois personnes retraitées sans enfant à charge disposant chacune d’une retraite de 20 000 euros annuelle. Deux d’entre elles vivent en couple qui dispose donc d’un revenu de 40 000 euros. Si l’on applique les unités de consommation (UC), le retraité vivant seul a un niveau de vie de 20 000 euros (1 UC). En revanche, chaque membre du couple (1,5 UC) a un niveau de vie de : 40 000 / 1,5 = 26 667 euros. À retraite égale, le niveau de vie est différent selon la structure du ménage, un couple réalise des économies d’échelle par rapport à une personne seule.
Le **taux de remplacement net est le rapport entre le montant de la pension perçu et les revenus d’activité en fin de carrière. L’Insee prend les trajectoires salariales d’un panel d’individus à partir de leurs 50 ans et jusqu’à l’année considérée (ici 2012). Dans le secteur privé, il s’agit du salaire net fiscal (hors participation) moins la CSG non déductible et la CRDS. Le salaire net dans les fonctions publiques intègre les primes.

Source : « Passage à la retraite et comportements des retraités », note de présentation du COR et Insee Première n° 1792.