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1917-2017 : le centenaire de l’intervention américaine dans la Grande Guerre


« La Fayette, we’re here ! », « La Fayette, nous sommes là ! » Ces paroles sont prononcées le 4 juillet 1917 par le colonel Stanton, à Paris, devant la tombe du héros français de l’indépendance américaine. En effet, depuis le 9 avril 1917, les États-Unis sont aux côtés de la France dans la guerre contre l’Allemagne.

Les Américains, par leur intervention militaire, rompent avec la doctrine du président Monroe qui, en 1823, avait décidé de ne plus intervenir dans les affaires européennes. Et quand en 1916, le président Wilson fait campagne pour sa réélection, cette doctrine de l’isolationnisme rallie absolument tous les suffrages.

Le glissement vers la guerre

Mais l’Amérique ne va pas pouvoir rester neutre ! En janvier 1917, devant la guerre qui s’enlise, l’amirauté allemande pense que le seul moyen de faire plier rapidement l’Angleterre est de l’affamer en déclarant la guerre sous-marine à outrance. Les sous-marins allemands attaquent prioritairement les navires de commerce et en trois mois coulent plus de mille navires de toutes nationalités, menaçant la liberté des mers. Les États-Unis comprennent que leur entrée en guerre va devenir inévitable.

Le deuxième événement, qui fait définitivement basculer l’opinion publique américaine, est un télégramme adressé par l’Allemagne au Mexique. Le ministre allemand des Affaires étrangères propose à son homologue mexicain une alliance, assortie en cas de victoire de l’annexion du sud des USA par le Mexique ! Le pacifiste Wilson, déchiré, se voit contraint de faire voter la guerre.

Entre la déclaration de guerre et les premières arrivées importantes de troupes en France s’écoule presque un an. Les Américains ont une toute petite armée de métier et pas de service militaire. En mai 1917, le Congrès vote la conscription, mais il faut recruter, équiper, former au combat et enfin transporter par bateaux hommes et ravitaillement. Cela demande des mois ! Cependant, à la fin de la guerre, ce sont près de deux millions de soldats de l’Oncle Sam, « les Sammies », commandés par le général Pershing, qui vont participer à la victoire finale. 116 000 d’entre eux ne reverront pas l’Amérique.

Interventionnisme ou isolationnisme ?

L’idéaliste Wilson, qui avait éclaté en sanglots quand il avait dû entraîner son pays dans la guerre, souhaite pour l’Europe une paix négociée par tous les belligérants, mais les Français ne veulent pas de négociations. Douloureusement meurtrie par ses 1 400 000 morts, la France victorieuse impose le dur et exigeant traité de Versailles.

Le président américain réussit cependant à créer la Société des Nations (SDN), dont le but était de régler pacifiquement les conflits entre les pays. Mais les États-Unis, qui retrouvent très vite leur isolationnisme après la guerre, refusent d’y adhérer. Et au cours du XXe siècle, ils vont hésiter entre intervenir ou non dans les affaires du monde.

Le revirement américain aura lieu en 1941 : après Pearl Harbor. Le pays est contraint de renoncer à la neutralité et, qui plus est, après la Seconde Guerre mondiale, les USA deviennent « les gendarmes du monde ».

Aujourd’hui, en 2017, une autre orientation se dessine. Un siècle tout juste après la première intervention américaine hors de leur territoire, les États-Unis du président Trump avec le slogan « America first » semblent, de nouveau, déplacer le curseur vers une position isolationniste, en rupture complète avec un monde de plus en plus mondialisé.

Françoise Berniguet

Deux millions d’Américains vont participer à la victoire finale.
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