UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

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Alex Col, un syndicaliste actif et audacieux tout au long de son parcours de vie


À 86 ans, Alex, ce Haut-Savoyard, a de quoi être fier de son parcours, tant comme ouvrier que retraité. De Dassault aviation au décolletage de la Vallée de l’Arve, Alex fait émerger la CFDT au plan local et national.

Ouvrier-paysan dès l’âge de 13 ans, Alex, déjà, interpelle son père pour qu’il déclare son travail à la Sécurité sociale. Natif de Villaz, sa culture rurale l’imprègne tout au long de sa vie et de ses activités syndicales. Premier acte militant et humaniste, « écœuré, j’ai combattu les massacres et les tortures de l’armée française contre le peuple algérien pendant mon service militaire ». Cette période l’a tellement marqué qu’il est retourné deux fois en Algérie au cours de sa retraite avec une image enfin positive du pays. De retour de cette épreuve, l’adhésion syndicale à la CFTC-CFDT est évidente, il souligne : « À l’époque et dans notre département, c’était un réflexe naturel, un moyen d’échanges libre entre travailleurs. » Après un an chez Alcatel, il passe trente-deux ans chez Dassault à Argonay comme régleur hydraulique.

Militant pour l’emploi et les qualifications

Dans ce fief CGT, la CFDT prend le dessus et devient majoritaire avec 60 % d’ouvriers et cadres adhérents à la CFDT. Plus tard avec Breguet Aviation, cette majorité syndicale s’étend à toute la France. Le poids syndical de sa section conduit Alex à être, en 1974, secrétaire du syndicat départemental de la métallurgie.
Il s’attaque alors avec sa section aux dérives du comité d’entreprise (CE) géré par la CGT, dont l’une des activités servait davantage les intérêts de la CGT et du PC. Puis, une grève significative, avec et pour les femmes ouvrières spécialisées (OS), permet qu’elles deviennent ouvrières professionnelles, enfin reconnues pour la qualité de leur travail de précision. Une autre grève de trois semaines pour le maintien de l’usine a sauvé l’essentiel des emplois et évité la fermeture. « Je n’ai n’a pas voulu faire jouer la protection de mon mandat syndical. À 58 ans, j’ai fait partie du lot des travailleurs licenciés », reconnaît Alex.

De la grosse boîte à la petite boîte, un retraité innovant

Avec le conseil de Nicole Notat, puis le soutien de Marguerite Bertrand de la Confédération, il défriche à la retraite, l’industrie du décolletage de la Vallée de l’Arve à Cluses, comptant plus de 1 000 salariés. Ce labour syndical pendant 15 ans, entreprise par entreprise, dans un dialogue direct avec chaque patron, prend de la tournure, au moment de la mise en place des 35 heures. De zéro adhérent, la CFDT compte plus de 200 adhérents avec 28 implantations syndicales et une CFDT en tête à l’élection prud’homale de 1997.
Ce chantier devient un laboratoire syndical pour la CFDT. Sa culture rurale a été précieuse dans les relations sociales et pour inventer un syndicalisme propre aux petites industries. Son expertise le conduit à assurer la présidence de l’Agefos PME Rhône-Alpes et à conseiller les chantiers PME-TPE de la Confédération.
Sa compagne, Nicole Clerc-Renaud, secrétaire du syndicat Interco de Haute-Savoie, est un soutien précieux, avec Anne-Marie Zanus, pour ce syndicalisme naissant à Cluses. Mais la maladie de sa compagne le contraint à ralentir puis à arrêter cet investissement quotidien. Ce père de huit enfants et 22 petits-enfants est très attaché à sa Haute-Savoie et à son village natal. Il a même construit de ses propres mains son grand chalet.
Depuis quelles années, pour raison de santé, Alex est vraiment en retrait de sa vie syndicale, mais son cœur reste attaché à la CFDT. Proche aidant de sa compagne, il accepte maintenant, non sans mal, d’être aidé pour affronter son état de santé et la solitude.

Jacques Rastoul

Un développeur exemplaire du syndicalisme.
D.R.