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Alice Milliat, pionnière des Jeux olympiques féminins


Nageuse, hockeyeuse et rameuse française, Alice Milliat (1884-1957) se consacre à la promotion du sport féminin. Elle organise notamment, en 1922, les premiers Jeux mondiaux féminins. Aux Jeux olympiques de Paris 2024, l’égalité des sexes est atteinte pour la première fois dans l’histoire olympique. Une victoire posthume pour cette infatigable défenseure de l'égalité d’accès des femmes et des hommes à tous les sports.

« Je proclame ouverts les premiers Jeux olympiques féminins du monde ! » Le 20 août 1922, Alice Milliat prononce cette phrase au stade Pershing, dans le bois de Vincennes, devant près de 20 000 spectateurs. 77 sportives de plusieurs pays paradent. Cette journée est l’aboutissement d’un combat semé d’embûches. Au début du XXe siècle, Pierre de Coubertin fait renaître les Jeux olympiques. Il laisse pourtant une place plus que limitée aux femmes. En 1900, lors de la première participation des femmes aux Olympiades, seules deux disciplines sont strictement féminines, le golf et le tennis. Oubliées ? « Non, volontairement écartées », réplique Alice Milliat. La Nantaise, sportive de haut niveau, fait alors de l’égalité d’accès des femmes et des hommes à tous les sports son combat.

C’est en Angleterre, dans les années 1900, qu’elle découvre le monde sportif. Elle s’essaye aussi bien à l’aviron et à l’athlétisme qu’au hockey sur gazon. De retour à Paris, elle rejoint Fémina Sport, l’un des tout premiers clubs dédiés aux femmes en France et en devient la présidente dès 1915. Animée par la volonté de rendre toutes les disciplines accessibles à chaque femme, elle est à l’initiative du premier match féminin de football en France, en septembre 1917, mais également du premier cross-country féminin, en avril 1918. Elle est d’ailleurs elle-même une sportive accomplie, étant l’une des toutes premières femmes à remporter le Brevet d’Audax d’aviron pour avoir ramé 50 km en moins de 12 heures.

Une place juste des femmes dans le sport

Face aux nombreux refus des instances sportives internationales de donner une place plus juste aux femmes dans le sport, elle fonde la Fédération sportive féminine internationale (FSFI). Avant de se résigner à organiser ses propres Jeux, elle avait demandé à plusieurs reprises à Pierre de Coubertin d’intégrer des épreuves féminines dans les Jeux olympiques. En vain ! «  Une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte », estimait-il. Cet état d’esprit imprégnait les instances sportives – exclusivement masculines – et au-delà, la société tout entière.

Alice Milliat s’appuie sur le succès des Jeux féminins de 1922 pour obtenir le droit des femmes à participer aux épreuves olympiques d’athlétisme à Amsterdam en 1928. Un tournant historique ! Elle sera alors la première femme juge olympique. La participation pleine et entière des femmes aux Jeux n’étant cependant pas encore acquise, elle poursuit en parallèle l’organisation des Jeux mondiaux féminins jusqu’en 1934.

Le tournant dans la participation des femmes aux Jeux olympiques se produit aux Jeux de Mexico en 1968, où, sur 7 200 athlètes, 845 étaient des femmes. Au fil des années, la présence des femmes ne cesse d’augmenter. Aux JO de Paris 2024, l’égalité des sexes est atteinte, une première fois dans l’histoire olympique. Quant aux sports inscrits au programme, il aura fallu attendre les Jeux de Londres en 2012 pour voir les femmes concourir dans tous les sports avec l’introduction de la boxe féminine.

« Alice Milliat voulait prouver aux dirigeants du Comité international olympique les capacités sportives des femmes afin d’être admises dans l’intégralité du programme olympique », note l’historienne Florence Carpentier, dans La Revue d’Histoire.

Jean-Pierre Druelle