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Changement ou continuité aux élections allemandes de septembre 2017


L’Allemagne renouvellera le 24 septembre le Bundestag, l’équivalent de l’Assemblée nationale en France. Une occasion de présenter de nouveaux éclairages sur ce pays.

La République fédérale s’appuie sur la loi fondamentale du 23 mai 1949. Le pays repose sur un système fédéral composé de 16 Länder (États fédérés). Son système politique est organisé autour de deux Assemblées : le « Bundestag » (chambre des députés) qui compte environ 620 députés et le « Bundesrat » (le Sénat) qui comprend 69 membres des gouvernements des « Länder ».

Il existe six partis politiques majeurs : la CDU/CSU (les « conservateurs », fondé en 1945) ; le SPD (parti « social-démocrate » fondé en 1875) ; le FDP (parti libéral fondé en 1948) ; le parti des « Verts » (fondé en 1980) ; « Die Linke » (né en 2007 d’une scission du SPD et d’une fusion avec un parti est-allemand) ; « AfD » (« Alternative pour l’Allemagne » fondé en 2013, connu pour ses positions anti-immigration et pour la sortie de l’euro).

Depuis 2005, Angela Merkel (CDU-CSU) est à la tête de coalitions qui ont varié : en 2005, il s’agissait d’une « grande coalition » CDU/CSU et SPD. En 2009, la coalition est entre la CDU-CSU et les libéraux du FDP. En 2013, il s’agit d’une coalition CDU-CSU et SPD. Elle est candidate, pour un quatrième mandat. Depuis 2005, elle a montré une grande habileté dans la conquête et l’exercice du pouvoir.
Les enjeux politiques de ces élections de septembre se situent à plusieurs niveaux : la représentativité des grands partis (CDU-CSU et SPD), la représentativité des « petits partis ». Il s’agira en particulier de savoir si l’AfD et ses thèses xénophobes et anti-Europe sont ou non en progression. Il faut enfin signaler l’entrée en campagne de Martin Schultz (SPD – ancien président du Parlement européen) qui a pour objectif de redorer le blason du SPD, de bousculer l’actuel paysage politique allemand et de succéder à Angela Merkel.

La situation économique et sociale : des réussites et des contrastes
Les chiffres parlent d’eux-mêmes

2009 2014 2015 2016
Évolution du PIB (en %) -5,6 1,6 % 1,7 % 1,9 %
Taux de chômage 5,3 % 5,3 % 4,3 %

Le pays n’a pas, pour autant, toutes les vertus qu’on lui prête généralement en France. Le taux de pauvreté est un des plus élevés de l’UE : 16,7% en 2014. L’excédent commercial extérieur en 2016 est de 253 milliards et la balance des paiements courants qui agrège les échanges de biens, services et capitaux, représente, en 2016, 8,8 % du PIB, ce qui représente un « déséquilibre macroéconomique ». Selon France Stratégie, cette situation est problématique « car elle correspond à un excès d’épargne reflétant une insuffisance de consommation et d’investissement ».

Les forces (capacité exportatrice, importance de l’industrie et des moyennes grosses PME, systèmes d’apprentissage et de relations professionnelles) et les faiblesses (atonie démographique, faiblesse des aides à la famille, insuffisance des infrastructures et des investissements) sont connues.

Les sujets d’intérêt communs entre l’Allemagne, la France et l’Europe ne manquent pas. Mais ils ne sont pas toujours abordés comme tels. Concernant la configuration européenne, le grand élargissement à l’Est de 2004 a modifié l’UE. Il faut donc favoriser les « coopérations renforcées » entre les pays qui veulent aller de l’avant. Sur la gouvernance économique de la zone euro, les règles ne suffisent pas dès lors qu’il existe une monnaie unique. Il faut avancer sur la gestion des dettes, l’union bancaire, la convergence fiscale.

À traiter également une meilleure définition des relations avec les pays tiers : USA, Royaume-Uni (demain), Russie. Considérer également que les positions unilatérales sur l’énergie et le climat sont, à long terme, contre-productives. L’Allemagne a pris d’heureuses initiatives en matière de gestion des flux migratoires, mais devant les refus de certains pays, elle a ensuite fait « cavalier » seul en négociant directement avec la Turquie et la Tunisie.
Qui n’avance pas recule ! Ces élections permettront-elles d’y voir plus clair dans la résolution de ces problèmes ?

Jean-Pierre Moussy

Le Bundestage va accueillir 620 députés nouveaux ou renouvelés.
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