Pour Amnesty International, vos droits sont en danger
Amnesty International a publié son rapport pour l’année 2015. Une année fortement marquée par des attaques contre les libertés fondamentales dans le monde entier.
« Un grand mouvement insidieux et rampant met les droits humains en péril. Des gouvernements s’en prennent délibérément aux institutions qui ont été créées pour contribuer à la protection des droits fondamentaux. Ils refusent de leur allouer des fonds suffisants ou choisissent de n’en faire aucun cas », s’inquiète Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International.
Faits et chiffres 2015
De nombreux gouvernements ont violé le droit international dans leurs pays au cours de l’année 2015 et notamment :
Plus de 122 États ont pratiqué la torture ou autres mauvais traitements. 29 États ont forcé illégalement des réfugiés à retourner dans un pays où ils étaient en danger. Des crimes de guerre et autres violations ont été commis par des gouvernements ou des groupes armés dans au moins 19 pays. 113 pays ont porté atteinte à la liberté d’expression et de la presse par des restrictions arbitraires. 60 millions de personnes dans le monde ont été déplacées ;
Des groupes armés ont commis des exactions dans au moins 36 pays. 156 défenseurs des droits humains sont morts en détention ou ont été tués. Dans 61 pays, des personnes qui n’ont fait que défendre leur liberté sont devenues des prisonniers d’opinion. Quatre pays ont adopté ou promulgué des lois reconnaissant le mariage ou d’autres formes de relations entre personnes de même sexe, portant au moins à 20 le nombre de pays disposant d’une législation ou de projets de loi.
La société civile attaquée
Le rapport cible certains gouvernements qui mettent gravement en cause des militants, des avocats et plus largement des personnes engagées au quotidien pour la défense des droits humains. Il met aussi en évidence que de nombreux gouvernements, en voulant lutter contre la menace terroriste, s’en sont pris aux droits à la vie privée et aux droits à la liberté d’expression…
Les Nations unies à bout de souffle
En 2015, à propos des droits et libertés dans le monde, le rapport fait état que de nombreux États ont volontairement entravé ou bloqué l’action des Nations unies.
Si l’ONU a été créée « pour préserver les générations futures du fléau de la guerre… elle est confrontée à des défis qui la rendent plus vulnérable que jamais », a déclaré Salil Shetty.
Selon Amnesty International, le prochain secrétaire général de l’ONU, qui sera élu à la fin de cette année, héritera d’une organisation qui a accompli beaucoup de choses, mais a désespérément besoin d’un nouvel élan. Cette étape de renouvellement à la tête de cette grande institution internationale, est une « chance historique pour soutenir une candidature forte d’une personnalité qui saura porter l’engagement, la force d’âme et la vision nécessaire pour faire reculer tout État membre tenté de remettre en cause les droits humains ».
SOS Europe
Le rapport fait état de la nécessité d’une campagne européenne pour protéger les personnes, « quels que soient leur origine, leur objectif et leur statut. Tous ont droit au respect de leur vie et de leurs droits ! » :
Les contrôles – nécessaires – des migrations aux frontières de l’Union européenne doivent respecter les droits humains. Cela interdit les renvois forcés pour les personnes qui tentent de rejoindre l’Union européenne, les détentions abusives aux frontières, les mauvais traitements physiques contre celles et ceux qui tentent de rejoindre l’espace européen…
Le rapport souligne la « nécessité d’opérations de coopération avec des États tiers qui doivent être transparentes », car « tous détiennent le pouvoir de mettre le respect des droits humains au cœur des politiques migratoires de l’Union européenne ».
Jean-Pierre Bobichon