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Brexit, la fin provisoire d’une histoire partagée


Le 1er janvier 2021, le Royaume-Uni est sorti définitivement de l’Union européenne. Du 23 juin 2016, où 51,9 % des électeurs britanniques ont voté pour le retrait de l’UE, au 24 décembre 2020, où un accord de libre-échange a été conclu, quatre ans et demi se sont écoulés pour parvenir à conclure ce feuilleton.

Les péripéties n’ont pas manqué côté Royaume-Uni. Activation tardive de l’article 50 du Traité prévoyant le retrait, report à plusieurs reprises de la date de sortie, rejet par trois fois par la Chambre des communes de l’accord signé avec Bruxelles. Deux élections législatives anticipées, en juin 2017 et décembre 2020, et deux Premiers ministres, Th. May et B. Johnson, après la démission de D. Cameron. Du côté de l’Union européenne, un mandat de négociation clair et transparent et un négociateur expérimenté, M. Barnier, ont abouti à renforcer la cohésion des 27.

Les principaux points de l’accord de décembre 2020

Cet accord de « commerce et de coopération » complète l’accord de retrait d’octobre 2019 consacré aux droits des citoyens européens et britanniques, aux engagements financiers mutuels et à la stabilité sur l’île d’Irlande.
L’accord porte sur cinq points principaux :
Le libre-échange avec l’absence de droits de douane et de quotas dans les échanges de marchandises. Cependant sont réintroduits les contrôles aux frontières avec des déclarations d’importation et d’exportation pour les deux parties.
La concurrence, afin d’éviter que s’instaure à la porte de l’UE un paradis fiscal. L’accès au marché unique par le Royaume-Uni est soumis aux règles européennes en matière d’environnement, de droits sociaux, de fiscalité, de sécurité alimentaire, d’aides d’État.
Le règlement des différends. Un « Conseil de partenariat » sera compétent pour se prononcer sur les éventuels litiges et non pas la Cour de justice européenne, comme l’aurait souhaité l’UE.
La pêche. Il a été convenu que les pêcheurs européens renonceront à 25 % de leurs prises dans les eaux britanniques. Après l’été 2026, le partage sera renégocié annuellement.
La libre circulation des personnes. À partir du 1er octobre 2021, il faudra un passeport lors des contrôles aux frontières. Les visas seront nécessaires pour les séjours de plus de six mois. Pour les Européens souhaitant travailler au Royaume-Uni, un visa de travail devra être obtenu avec, à l’appui, une offre d’emploi comportant un salaire minimum annuel de 26 500 livres (environ 30 000 euros).
Quant au programme Erasmus, les Britanniques n’en veulent plus, les étudiants pourront poursuivre leurs études au Royaume-Uni, mais… avec des tarifs exorbitants.

Quatre leçons européennes peuvent être tirées du Brexit

L’UE n’est pas le carcan dénoncé par certains. Il est possible d’adhérer et de sortir librement de l’Union.
Le retrait du Royaume-Uni correspond à une vision erronée de la nation et du Monde qui ne tient pas compte de la confrontation durable entre les USA et la Chine pour le leadership mondial.
La démocratie parlementaire britannique, gagnée par les eurosceptiques, a démontré, par ses excès nationalistes et par un effet de miroir aux europhobes des pays européens, que la voie de l’isolationnisme n’est pas la bonne.
L’histoire dira si le chemin choisi par les Britanniques est bénéfique pour eux ou s’il faut craindre un recul du PIB de 4 à 6 %. Autre sujet : le Brexit mettra-t-il en cause l’unité du Royaume avec la question de la réunification de l’Irlande et le souhait de l’Écosse de rejoindre l’UE ?
Le Royaume-Uni avait choisi en 1973 de rejoindre l’UE, il a choisi en 2020 de la quitter. Si la politique est par essence variable, la géographie est plus stable. Il est assez probable que d’ici quelques années les chemins de la coopération seront, à nouveau, empruntés par le Royaume-Uni.

Jean-Pierre Moussy

Le Brexit réintroduit les déclarations d’importation et d’exportation.
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