Cancer du sein, maladie professionnelle, une première reconnaissance en Lorraine
En France, près de 60 000 nouveaux cas de cancer du sein sont détectés et près de 12 000 femmes en meurent chaque année. Une vaste enquête lancée par la CFDT confirme les facteurs de risques professionnels parmi les personnels de dizaines d’hôpitaux de Moselle et d’Alsace. Elle a permis de contacter de très nombreuses femmes atteintes par cette maladie.
Une ancienne infirmière, conseillée et défendue par la CFDT, vient d’obtenir la reconnaissance de son cancer du sein en maladie professionnelle.
Martine, infirmière du centre hospitalier de Sarreguemines, aujourd’hui âgée de 62 ans, a obtenu en janvier dernier, la reconnaissance de son cancer du sein comme maladie professionnelle.
Un précédent qui ouvre la voie à d’autres reconnaissances
Durant sa carrière, elle a travaillé en postes de nuit, plus d’une nuit par semaine pendant 28 ans, soit 873 nuits travaillées au total.
Engagée dans une longue bataille administrative depuis 2020, soutenue par l’équipe de militants et d’experts mis en place par la CFDT, Martine a obtenu gain de cause auprès du comité médical départemental. L’expertise médicale a conclu que « son travail posté d’infirmière a pu contribuer à l’émergence du cancer du sein », sans toutefois « lui en attribuer la responsabilité complète ». D’autres facteurs sont possibles dans le milieu médical, comme les rayons ionisants, certains produits de stérilisation du matériel médical.
Cette reconnaissance permet à Martine l’attribution d’une rente en réparation d’une maladie contractée dans l’exercice de ses fonctions et payée par la caisse de retraités des fonctionnaires.
Agir désormais en prévention
« C’est une première et c’est une victoire significative », indiquent Brigitte Clément et Josiane Clavelin, les chevilles ouvrières du dossier. « Notre action, ce n’est pas seulement de faire reconnaître la maladie professionnelle pour la victime et de lui ouvrir droit à une indemnisation. L’important, c’est d’agir en prévention sur les conditions de travail. Si on peut agir sur les facteurs de risques professionnels, il y aura moins de cancers du sein chez les femmes », ajoutent-elles.
Pour la CFDT, cette décision fera « jurisprudence » et ouvrira la voie à d’autres reconnaissances. Elle poursuivra son action afin que le cancer du sein soit reconnu dans un tableau de maladies professionnelles. Les victimes n’auront plus à apporter la preuve du lien de causalité entre leur maladie et leur travail.
[Gilbert Jérôme
Travail de nuit et cancer du sein
Le facteur de risque le plus connu est le travail de nuit (lequel est défini par au moins trois heures, de 21 h à 6 h du matin) fréquent (au moins trois nuits par semaine) et sur une certaine durée (plus de quatre ans). Les mécanismes de la survenue du cancer du sein ne sont pas clairement élucidés. Sont incriminés l’exposition à la lumière diminuant la production de mélatonine, surtout sécrétée la nuit et ayant un effet anti-cancérogène, la perturbation des gènes impliqués dans la prolifération cellulaire ou les troubles du sommeil pouvant affaiblir le système immunitaire.
Si l’exposition aux rayonnements ionisants et aux produits chimiques incriminés, dans le cadre du cancer du sein, peut faire l’objet d’une prévention efficace, en revanche l’organisation du travail de nuit pour les femmes doit être complètement repensée. Pour une complète visibilité du problème, il convient notamment que les cancers du sein soient prochainement inscrits au tableau des maladies professionnelles.