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Un peu d’histoire pour comprendre la Catalogne aujourd’hui


La volonté d’indépendance des Catalans ne date pas d’hier. L’histoire nous le rappelle. Les diverses tentatives se sont soldées par des échecs. Les élections du 21 décembre dernier permettent-elles de sortir de l’impasse ?

« L’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours, disait Renan. L’homme n’est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaînes de montagnes. Une grande agrégation d’hommes, saine d’esprit et chaude de cœur, crée une conscience morale qui s’appelle une nation. »

En 1640, Philippe IV guerroyait contre Louis XIII. Les paysans catalans enrôlés par le roi d’Espagne se rebellèrent et la France applaudit à la création de la République catalane suite à la guerre des faucheurs, dels Segadors. Cette première République ne dura guère : en 1659, le traité des Pyrénées signa la partition de la Catalogne. En 1810, Napoléon « autorisa » la Catalogne à devenir une République indépendante. L’Empereur défait, la Catalogne réintégra le royaume d’Espagne en 1814. Et perdura la Diputació del General, la Generalitat.

L’Esquerra Republicana de Catalunya (ERC) est aujourd’hui la principale force politique favorable à l’indépendance. Suite aux élections de 1931, Francesc Macià, président de la Generalitat, proclama l’État catalan pour intégrer la fédération de républiques ibériques. Le 17 juillet 1936, un coup d’État militaire déclencha la guerre civile et 40 ans de franquisme. Lluis Companys, président de la Generalitat, avait une nouvelle fois, en 1934, proclamé la République catalane. Contraint à l’exil en 1939, comme 200 000 Catalans, il fut extradé par le gouvernement de Vichy, et fusillé en 1940 à Montjouïc, pieds nus « pour toucher la terre catalane ».

Référendums illégaux

Le « statut d’autonomie » mobilise aujourd’hui plus d’aigreur que d’enthousiasme. Un premier référendum a été organisé le 9 novembre 2014 pour savoir si les Catalans voulaient un État et si cet État devait être indépendant de l’Espagne : deux questions, d’où l’insistant « si si », deux fois oui. La deuxième consultation, le 1er octobre 2017, visait à décider si cet État devait être une République, « si », trois fois oui ! Que ces référendums soient « illégaux », susceptibles d’amener une intervention militaire, d’aboutir à la suspension des institutions, à la prison et à l’exode des dirigeants, c’est dans l’ordre des choses. On fait l’Histoire. Et puisque Europe il y a, vers Bruxelles !

Les deux grands syndicats espagnols, commissions ouvrières et UGT réclament une réforme de la Constitution qui aboutisse à un État fédéral, « pour dépasser les dysfonctionnements constatés de l’état actuel des autonomies. » Le lendemain de l’utilisation de l’article 155 mettant la Generalitat sous administration provisoire espagnole, ensemble, l’UGT et les CCOO affirmaient : « Nous n’allons pas prêter main-forte à quelque stratégie que ce soit, d’où qu’elle vienne, qui, d’une manière ou d’une autre, conduirait à la confrontation. »

Une réponse civique

Les Commissions ouvrières de Catalogne et l’Union générale des travailleurs de Catalogne considèrent de leur côté que les citoyens de leur pays subissent des décisions autoritaires très graves de la part du gouvernement du parti populaire, qui est « responsable d’un conflit politique, institutionnel et, désormais, injustement, judiciaire ». Ces deux syndicats sont indépendants des partis politiques. Ils sont pluralistes, considèrent la diversité d’opinions de leurs adhérents comme une richesse et ils multiplient les lieux de parole et de débat. « La réponse doit être civique et concerner toute la société civile », affirment les syndicats catalans.

Gérard Lopez

"SI, SI, SI"
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