Combattre la maltraitance sociale et institutionnelle
Le 17 octobre est la journée mondiale du refus de la misère, organisée par le mouvement ATD Quart Monde, avec l’appui de 27 organisations dont la CFDT. En 2024, elle s’est centrée sur deux dimensions de la maltraitance des plus pauvres.
« Contrôlés, surveillés, soupçonnés de frauder les “allocs”, de ne pas chercher de travail, de laisser traîner dehors leurs enfants, de ne pas suivre leur scolarité, etc. Dans le monde entier, les plus pauvres sont victimes d’une double maltraitance : sociale et institutionnelle. Sociale, par la stigmatisation qui les rend responsables de leur situation. Institutionnelle, par des politiques publiques qui renforcent les conditions et les règles toujours plus strictes pour accéder à leurs droits. » Voici un extrait de l’éditorial d’ATD Quart Monde qui bénéficie du soutien de 27 associations, dont la CFDT et sa secrétaire générale.
Des dimensions cachées
La maltraitance correspond à une des dimensions cachées de la pauvreté et concerne la façon dont sont perçues les personnes qui vivent la pauvreté par la société et les institutions : stigmatisation, préjugés, etc. Une perception biaisée qui aboutit à des situations intolérables pour celles et ceux qui les vivent.
Si la maltraitance institutionnelle touche l’ensemble de la population, elle a, selon ATD Quart Monde, des effets dramatiques et durables sur les personnes en situation de pauvreté. Ces dernières doivent trop souvent faire face à l’incapacité des institutions nationales et internationales à répondre de manière appropriée et respectueuse à leurs besoins et à leur situation.
« On est à la merci des pouvoirs qui distribuent les aides sociales, […] et rien ne garantit qu’elles pourront continuer à être attribuées. Si on arrive à monter une ou deux marches et qu’à cause d’une décision prise en haut lieu, on se voit descendre quatre marches en arrière, au bout d’un moment, on abandonne. » Extrait du rapport « Sans contreparties » publié par Le Secours Catholique Caritas France et Aequitaz en 2020.
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Un parcours du combattant
Accéder à ses droits, c’est parfois un parcours du combattant. En 2023, Claire Hédon, Défenseure des droits, constate dans une étude que plus de la moitié de la population (54 %) fait face à des difficultés pour résoudre un problème avec une administration ou un service public. Les personnes en situation de précarité rencontrent plus de difficultés que les autres. 15,4 % des personnes de 15 ans ou plus ne se servent pas d’Internet selon l’Insee.
La demande répétée de pièces justificatives, la difficulté à contacter quelqu’un et le manque d’informations représentent les problèmes les plus fréquemment évoqués.
La disparition de services publics sur l’ensemble du territoire et de l’accueil dans certaines structures publiques, ainsi que la difficulté d’accès aux démarches numériques en sont les causes principales.
Un autre regard s’impose
Au lendemain des JO de Paris, un autre regard s’impose aussi sur les personnes les plus pauvres. Elles sont plus de deux millions dans notre pays.
La CFDT partage ce combat contre la maltraitance sociale et institutionnelle qui accroît l’exclusion. Chantal Richard, secrétaire confédérale en charge du dossier, rappelle qu’il faut « respecter les professions qui subissent aussi les dysfonctionnements par manque de personnel pour l’accès aux droits sociaux de tous ».
Jacques Rastoul
La journée mondiale du refus de la misère
Née de l’initiative de Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde, et de plusieurs milliers de personnes de tous milieux qui se sont rassemblées sur le Parvis des Droits de l’Homme, à Paris, le 17 octobre 1987. Cette journée, reconnue par les Nations unies depuis 1992, est l’occasion de rappeler que la misère est une violation des droits humains.