Commerce équitable et justice sociale
Le café labellisé Max Havelaar est le plus connu. Mais nombre de produits surtout alimentaires sont labellisés commerce équitable, le commerce qui respecte les droits de chacun. Et en particulier les producteurs du Sud.
En 1957, des jeunes Hollandais décident d’importer des produits du Tiers Monde. Leur commerce se fait en concertation avec des petits producteurs pour leur permettre de vivre correctement du fruit de leur travail. Quelques années plus tard, Max Havelaar ouvrira son premier magasin aux Pays-Bas. Dès 1988, il y a 3 000 magasins portant cette enseigne dans le monde et 800 000 producteurs représentant cinq millions d’individus, partenaires dans le Sud des associations du commerce équitable.
Si le commerce équitable est bien connu pour le café, il s’est aussi développé depuis pour le chocolat, les produits de la pêche, de l’agriculture, le textile en coton, etc. Son extension est indéniable. En France, nous connaissons Artisans du monde ou encore la Plate forme pour un commerce équitable qui regroupe plus de vingt associations. Le Canada, l’Australie, le Japon et bien d’autres encore sont engagés dans ce concept.
Même si les prix des produits équitables restent généralement un plus élevés que ceux du commerce traditionnel, les consommateurs sont de plus en plus sensibles à la solidarité et à l’éthique. Du coup, centrales d’achats, distributeurs, commerçants de tous poils se lancent sur le créneau.
Les labels privés prolifèrent, les grandes surfaces ont leur gondole « commerce équitable ». Si ça n’est pas un mal en soi, cela crée la confusion et le trouble dans les esprits des consommateurs. Un l’article de la loi du 2 août 2005 tente de mettre de l’ordre : le commerce équitable est reconnu et défini (voir encadré).
Simultanément, l’Etat demande à l’Afnor de créer une norme. Une cinquantaine de représentants d’associations, dont l’Asseco CFDT, d’administrations et de techniciens se penchent sur le berceau normatif. Si le consensus ne se réalise pas, un document appelé « accord » voit le jour. Les principales organisations du commerce équitable le signent. L’Asseco CFDT aussi mais elle souhaite que le travail se poursuive pour réaliser une vraie norme supranationale qui permette un système de contrôle efficace et coercitif.
Même si le texte fait explicitement référence aux droits fondamentaux des salariés, il sera nécessaire de rappeler l’obligation de respecter toutes les conventions internationales, les droits à la liberté d’expression et de représentation. Enfin, il demande que la traçabilité devienne totale d’un bout à l’autre de la filière, transport inclus, le respect de la santé et de l’environnement sur les lieux de production.
On sait bien que cette conception militante du commerce international ne concurrencera jamais les grands groupes multinationaux, mais si rien n’était fait en faveur de ce type de commerce, c’est lui qui aura été « bouffé » dans quelques années.
(1) Iso : International Standing Organisation (seule organisation dans le monde reconnue pour la délivrance de Normes internationales).
Le commerce équitable dans la loi
I. Le commerce équitable s’inscrit dans la stratégie nationale de développement durable.
II. Au sein des activités du commerce, de l’artisanat et des services, le commerce équitable organise des échanges de biens et de services entre des pays développés et des producteurs désavantagés situés dans des pays en développement. Ce commerce vise à l’établissement de relations durables ayant pour effet d’assurer le progrès économique et social de ces producteurs.
III. Les personnes physiques ou morales qui veillent au respect des conditions définies ci-dessus sont reconnues par une commission dont la composition, les compétences et les critères de reconnaissance des personnes précitées sont définis par décret en Conseil d’Etat.
Source : Article 60 de la loi 2005-882 du 2 août 2005.