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Covid-19, en France comme ailleurs, une double crise


À l’échelle mondiale, la pandémie du Covid-19 est marquée par une double crise, sanitaire et économique. En France, si les mesures sanitaires ont permis de contenir le développement de la pandémie, la crise économique fait l’objet d’un plan de relance qui ne produira ses effets que dans le temps long.

Sur le plan sanitaire

La crise apparue en Chine fin 2019 s’est répandue dans l’ensemble de la planète, causant, au 4 juin 2020, 389 295 décès dont 28 833 en France. À ce jour, aucun traitement, aucun vaccin n’a été trouvé. Les mesures de confinement, de distanciation sociale, les gestes barrières ont permis de limiter la progression de la maladie. Les services de réanimation vite saturés, il a fallu opérer des transferts de malades entre régions et bénéficier de la solidarité des pays voisins.

Le pouvoir politique a semblé un temps déléguer ses prérogatives à des comités scientifiques pour l’éclairer et le guider. Il aurait pu cependant éviter les couacs retentissants concernant les masques, les tests, les gels, les respirateurs, dans un contexte avéré de pénurie de moyens matériels et humains dans le monde hospitalier et les Ehpad. Le déconfinement progressif du 11 mai au 2 juin est l’occasion grandeur nature de voir si cette pandémie peut être maîtrisée. C’est aussi l’occasion de reprendre, en partie, l’activité économique à l’arrêt depuis le 17 mars. Pour beaucoup d’entreprises et de commerces, cet arrêt risque d’être fatal, aussi, le gouvernement avec le Parlement ont arrêté un certain nombre de mesures.

Sur le plan économique

Deux projets de loi de finances rectificative (PLFR) ont été votés en mars et en avril. Les principales mesures sont :
 plan de soutien à l’économie de 110 milliards ;
 mobilisation de l’État à hauteur de 300 milliards pour garantir des lignes de trésorerie bancaire ;
 développement du chômage partiel avec la prise en charge de l’État ;
 fonds de solidarité (doté de 2 milliards) pour les indépendants et micro-entrepreneurs ;
 délais de paiement d’échéances sociales et/ou fiscales ;
 report du paiement des loyers, des factures d’eau, de gaz, d’électricité pour les plus petites entreprises.

De plus, l’État a décidé d’apporter une aide sous forme de prêts garantis à Air France/KLM et Renault, fragilisés par la crise. Il a également mis sur pied trois plans visant la filière viticole, le tourisme, les collectivités territoriales.
Ces mesures auront un impact sur la dette du pays qui pourrait s’élever à 115 % du PIB (produit intérieur brut) en 2020 et un déficit public de 9 points de PIB. Il convient aussi d’être attentif aux implications sociales des ordonnances. Elles font des incursions dans le droit du travail : activité partielle, conditions de prise des congés payés, règles de participation et d’intéressement, suivi de la santé, modalités d’information et de consultation des salariés.

Des dispositifs de libertés publiques de plus en plus encadrés

Autorisations de sortie, traçage (système d’information, en lien avec l’assurance maladie, pour identifier les personnes infectées), « brigades » (personnes chargées de faire remonter la liste des cas contacts), les mesures concrètes de surveillance, de limitation des libertés individuelles, agrémentées d’amendes éventuelles, s’accumulent. Ces dispositions sont votées par le Parlement au travers de deux lois « d’urgence sanitaire » avec en appui une cinquantaine d’ordonnances sur lesquelles le Parlement ne peut exercer véritablement son contrôle.

Aussi convient-il de veiller à ce que ces dispositifs exceptionnels le soient pour une durée limitée et ne deviennent pas des facilités politiques et administratives aux mains d’un gouvernement quel qu’il soit.

Jean-Pierre Moussy

Des prêts garantis pour les grandes entreprises.
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