UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

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Dans les Éhpad, « s’assurer du consentement des partenaires » 5/6


« L’amour, c’est la vie », s’enthousiasme Isabelle Soyer, lorsqu’on l’interroge sur la vie intime des résidents dans les Ehpad.

Sommaire du dossier
 Parlez-moi d’amour 1/6
 « Comment ça va, la vie intime et sexuelle ? » 2/6
 Ils témoignent 3/6
 Des résidents d’Ehpad saisissent la Défenseure des droits 4/6
 Dans les Éhpad, « s’assurer du consentement des partenaires » 5/6
 « La sexualité, c’est comme le sport, ne vous arrêtez pas ! » 6/6

« L’amour, c’est la vie », s’enthousiasme Isabelle Soyer, lorsqu’on l’interroge sur la vie intime des résidents dans les Ehpad. La déléguée syndicale CFDT et aide-soignante d’un Ehpad du groupe « Les amitiés d’Armor » (établissements à but non lucratif dans le Finistère). Mais elle comprend aussi ses collègues qui ressentent une certaine gêne face à des couples de résidents légitimes ou pas. « C’est arrivé qu’on demande à des couples de fermer leur porte à clé pour éviter des situations embarrassantes, explique-t-elle, mais l’important pour les salariés, les professionnelles de santé, la direction, c’est de s’assurer qu’il y a bien un consentement des partenaires. »

La syndicaliste dit être en phase avec sa direction sur ces questions : « Les résidents ne sont pas en prison ! » Les demandes des familles, pas toujours favorables au rapprochement de leur parent avec un(e) autre résident(e), sont prises en compte. « Dans ces situations complexes, observe Isabelle, il faut expliquer, accompagner les familles et les résidents et les assurer que cela se fait dans le respect de la liberté et des souhaits de chacun. » En revanche, elle regrette que dans son établissement, la dernière journée consacrée à la sexualité des personnes âgées remonte à… loin. De plus, pour elle, cette thématique devrait être intégrée aux formations initiales des soignants. « Les conseils de la vie sociale pourraient également être le lieu d’échanges à ce sujet. Mais, reconnaît-elle, ce n’est pas le cas. »

Le droit à la sexualité

Christelle Kermaidic, la secrétaire générale adjointe du syndicat Santé Sociaux CFDT du Finistère, ne dit pas autre chose : « Ce n’est pas parce qu’on vieillit qu’on n’a pas le droit d’avoir une sexualité. ». La militante a connu l’époque où l’on proposait une chambre aux couples qui entraient en Ehpad. Ce n’est plus le cas. « Lorsqu’un couple en fait la demande, on propose deux chambres mitoyennes avec une porte de communication, mais beaucoup de résidents préfèrent être seuls », constate-t-elle.

La syndicaliste insiste sur la nécessité de mettre en place des formations adaptées. « Nos métiers touchent à l’intime des personnes, il faut une réponse professionnelle adaptée aux différentes situations. » « Comme mandatés, représentants du personnel ou syndicalistes, nous devons porter ces questions dans les instances où nous sommes présents », conclut-elle.

Pour le Dr Priscilla Clot-Faybesse Malfuson, de la direction médicale France du groupe Korian, « nous avons organisé un webinaire sur ces questions en octobre 2022 pour nos établissements qui a connu une forte participation. Le groupe ne donne pas de consignes mais ce webinaire a été l’occasion de rappeler que la santé sexuelle des résidents est un droit et qu’il faut lever les tabous sur la vie affective dans les Ehpad. Celle-ci doit cependant faire l’objet d’un accompagnement pour prévenir des dérives ou des comportements inappropriés du fait de la vulnérabilité des résidents, notamment atteints de troubles cognitifs. »