UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

Notre activité


Des incendies à l’aune de l’histoire


Depuis des millénaires, les incendies font partie de l’histoire humaine : maisons en cendres, bâtiments en flammes, feux de forêt. Parmi ces innombrables catastrophes, certains incendies ont eu des conséquences urbanistiques ou politiques que l’histoire documente. Mais depuis quelques dizaines d’années, les feux de forêt, dont les causes sont humaines et climatiques, font courir à la planète un péril écologique de grande ampleur.

De tout temps, l’homme s’est donné des moyens pour lutter contre le feu. Dans la ville médiévale, on fait « la part du feu ». Quand le feu se déclare dans une maison, pour éviter l’embrasement de tout le quartier, on crée des coupe-feu, on sape les fondations des maisons avoisinantes afin de les détruire. Les techniques de lutte s’améliorent à l’époque de Louis XIV avec l’invention de la pompe à eau et ses « gardes-pompes ».

Mais c’est Napoléon 1er qui va créer un corps militaire de « sapeurs-pompiers » pour assurer la sécurité de la capitale. Au XIXe siècle, toutes les villes de France vont, peu à peu, se doter de corps communaux de pompiers. Au siècle suivant, la création du réseau de distribution d’eau décuple leur efficacité. Enfin, le premier bombardier à eau, utile contre les feux de forêt, apparaît en France en 1970.

Des villes inflammables

Pendant des siècles, la grande peur des villes a été l’incendie. Les causes étaient multiples : densité du bâti, techniques de construction mais surtout cuisine, chauffage et éclairage qui se faisaient à flamme nue. Les exemples abondent : au Moyen Âge, et malgré le couvre-feu, les villes s’embrasent régulièrement. La ville de Rouen est en partie détruite six fois en 25 ans au début du XIIIe siècle ! Le grand incendie de Londres, en 1666, réduit en cendres le centre-ville, la cathédrale Saint-Paul, tous les bâtiments publics de la cité, et met à la rue des dizaines de milliers d’habitants.

Les villes plus récentes ne sont pas épargnées : le tiers de Chicago disparaît dans les flammes en 1871. Cet espace, libéré de ses constructions, va devenir un champ d’expérimentation pour les architectes qui élèvent les premiers gratte-ciel, annonçant une révolution esthétique de la ville. Aujourd’hui, les incendies urbains sont circonscrits avec efficacité par des soldats du feu équipés et entraînés. L’incendie de Notre-Dame de Paris, malgré son importance, ne s’est pas étendu à la ville.

Le péril environnemental

Si le feu n’est plus le péril urbain majeur, il est devenu un sujet de préoccupation écologique de premier ordre. Depuis quelques dizaines d’années, chaleur, sécheresses à répétition, vents violents… et la forêt brûle ! La gestion sylvicole, l’impéritie humaine, mais surtout le changement climatique, sont responsables. En 2022, en France, dans 53 départements et dans le Sud-Ouest particulièrement, des feux de très grande ampleur ravagent les forêts. Et des millions d’hectares brûlent régulièrement, dans tout l’arc méditerranéen, en Australie, en Californie, en Amazonie.

Toutes les latitudes sont touchées. En Sibérie, des feux couvent sous la neige en hiver et repartent au printemps, brûlant des surfaces gigantesques. Ils libèrent le carbone piégé dans le pergélisol, ces sols gelés en permanence, et un seul incendie peut répandre la quantité de carbone que produit un pays comme la France en une année ! Les conséquences de ces incendies sont dramatiques : destruction des paysages, de la flore et de la faune, rejet dans l’air de cendres, de particules fines et de carbone. Or la végétation, pourvoyeuse d’oxygène, est un agent régulateur des températures. Les arbres sont les meilleurs alliés du climat et la déforestation met sérieusement en danger la planète et notre avenir.

Françoise Berniguet

Pixabay