UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

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Des innovations pour les personnes âgées à généraliser


Prendre soin avec respect des personnes âgées en perte d’autonomie, tel est le défi relevé par les approches non médicamenteuses. La formation et le label « Humanitude » sanctionnent les pratiques innovantes de la bientraitance. Ces évolutions sont encore loin d’être appliquées dans l’ensemble des secteurs du médico-social et sanitaire.

« Zéro soin de force (sans abandon de soin), respect de la singularité et de l’intimité de la personne, vivre et mourir debout, ouverture de la structure vers l’extérieur, être des lieux de vie et des lieux d’envies » sont les principes traduits en objectifs par la philosophie de l’Humanitude. Les attitudes de soin à l’égard des patients âgés sont modifiées, les discriminations liées à l’âge sont combattues, l’abus de médicaments aussi. Les personnes les plus atteintes par un handicap ou une maladie neuro-dégénérative sont les plus concernées.

1 200 professionnels du médico-social ont voulu se former à la bientraitance (Photo GM France)

Un grand nombre de situations de la personne en perte d’autonomie ont été évoquées et débattues au cours du colloque les 12 et 13 novembre 2015 à Paris. Citons notamment les pièges du huis clos à domicile, source de maltraitance. Mais aussi les effets positifs de la musicothérapie sur le cerveau chez les personnes atteintes de troubles cognitifs. Autre exemple : la méthode Montessori qui préconise une approche globale de l’accompagnement centrée sur la personne et la communauté. Celle-ci permet aux professionnels et aux bénévoles d’utiliser des capacités préservées d’un patient. La professionnalisation du plaisir de manger est aussi importante. On parle de gastronomie gériatrique, de repas personnalisés, de nouvelles techniques de préparation des plats pour prévenir les troubles de la déglutition. « Mixer moins pour mieux restaurer les aînés », devient un autre axe de la bientraitance.

L’organisation du travail a été également pointée. « Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer sont sensibles aux ambiances, aux ruptures de rythme. Pour éviter les angoisses et les troubles du comportement, il faut organiser le service comme une suite de tranches de vie continues ». D’autres savoir-faire et techniques ont été mis en avant. Tout un programme de pratiques audacieuses.

Jacques Rastoul

Un long processus de formation-action

Au cours du 8e colloque de formation professionnelle de l’Humanitude organisé par les instituts Gineste-Marescotti et le site Agevillage (1), 1 200 professionnels du médico-social et du sanitaire ont découvert ou approfondi des pratiques pour faire vivre la bientraitance. Huit cents établissements et services à domicile ont déjà choisi cette formation, 50 se sont engagés vers le label « Humanitude » et quatre sont labélisés.
Lire : Colloque de formation professionnelle sur les approches non médicamenteuses

Les moyens et les pratiques ne suivent pas

Si les salariés ont envie de mettre en œuvre une qualité des soins, force est de constater que les moyens ne sont pas à la hauteur des pathologies de plus en plus lourdes en Ehpad. L’absentéisme et le turn-over important sont des indicateurs de mal-être au travail. Ils ont un impact négatif sur la qualité des prestations. La formation initiale n’intègre pas ou peu les approches non médicamenteuses.

L’accès à la formation professionnelle est inégal selon la taille des entreprises. Son évolution est actuellement retardée dans le secteur privé lucratif par la CGT qui a dénoncé un accord de branche. Les compétences professionnelles acquises sont insuffisamment reconnues. Les usagers constatent encore trop souvent le décalage entre les objectifs de la qualité et la réalité.

La charge de travail est telle que les employés ont peu de temps à consacrer à un résident. Cela ne permet pas relations détendues pour écouter, parler, échanger en dehors des tâches habituelles. L’encadrement est de plus en plus absorbé par la gestion administrative et commerciale. L’absence du volet 2 de loi vieillissement pour les établissements est encore un obstacle.