Des pensions de retraite toujours confinées
Contrairement aux deux années précédentes, la revalorisation des pensions de retraite n’a pas fait les grands titres des journaux ces derniers mois. Est-ce à dire que c’est l’embellie pour nos pensions ? Hélas non !
Les pensions de retraite sont constituées d’une retraite du régime général et d’une retraite issue d’un régime complémentaire. Ces deux régimes ont chacun leur gouvernance, d’un côté l’État, via le PLFSS, de l’autre les partenaires sociaux.
Revalorisation des pensions du régime général
Les pensions de retraite de base devraient connaître une revalorisation de 0,4 % au 1er janvier 2021 en application du Code de la Sécurité sociale (article L. 161-25) qui précise que les pensions de l’ensemble des régimes de base sont revalorisées tous les ans en fonction de l’inflation.
Depuis 2018, les pensions de retraite de base des salariés, fonctionnaires, salariés agricoles, indépendants, professions libérales, agriculteurs et régimes spéciaux sont revalorisées le 1er janvier.
Pour établir l’indexation, les autorités prennent la moyenne des 12 derniers mois connus au moment de la revalorisation, soit la moyenne publiée en novembre par l’Insee.
Deux exceptions à la règle : 2019 et 2020.
En 2019 et 2020, les lois annuelles de financement de la Sécurité sociale ont fixé exceptionnellement un taux de revalorisation différent. Le 1er janvier 2019, la revalorisation a été fixée pour tous les retraités à 0,3 % (au lieu de 1,6 % avec le mode de calcul normal). Le 1er janvier 2020, des taux différents ont été appliqués en fonction du montant total des pensions perçues par les retraités.
Gel des retraites complémentaires Agirc-Arrco
Le conseil d’administration de l’Agirc-Arrco, l’organisme qui gère les retraites complémentaires de presque 13 millions d’anciens salariés du secteur privé, a décidé jeudi 8 octobre de ne pas augmenter les pensions le 1er novembre prochain et ce, pendant un an.
En mai 2019, un accord entre les partenaires sociaux – qui gèrent ensemble les retraites complémentaires du privé – avait pourtant décidé que les pensions seraient indexées sur l’inflation. Il s’agissait de préserver le pouvoir d’achat des retraités mis à mal par cinq années de gel, notamment chez les cadres où la retraite complémentaire peut représenter 60 % de la pension.
Mais c’était compter sans la crise de la Covid-19 qui a eu un double effet : sur l’inflation, d’abord, relativement faible + 0,1 % sur un an en septembre et sur le salaire annuel moyen, qui sert à déterminer la valeur de service du point, base de calcul des pensions. À cause du chômage partiel, ce salaire annuel moyen a baissé de 6 % à 8 % cette année.
Certes, des garde-fous ne permettent pas au système de calcul d’aller jusqu’à une diminution des pensions, mais difficile, au vu de la conjoncture, de les augmenter. Le bureau de l’Agirc-Arrco, qui regroupe les représentants des organisations patronales et syndicales et est présidé par la CFDT, a donc proposé de ne pas revaloriser la valeur du point.
Devant les incertitudes sur l’avenir, ce dernier a également recommandé d’attendre 2021 pour toucher à la valeur d’achat du point, qui sert cette fois aux actifs à calculer leurs futurs droits à la retraite. La baisse du salaire moyen aurait en effet pour conséquence de leur permettre d’obtenir plus de points pour une même rémunération. Avant de décider, l’Agirc-Arrco préfère donc attendre que la situation se stabilise et que les salaires se rétablissent, sous peine de mettre en danger son équilibre financier.
Or celui-ci a également été malmené par la crise. Si le régime complémentaire du privé avait atteint l’équilibre en 2019, les mesures de chômage partiel (ceux qui en bénéficient ne cotisent plus) et les reports de cotisation devraient amener un déficit d’au moins 6 milliards d’euros en 2020.
Benoit Prince, secrétaire général adjoint de la CFDT Retraités, en charge des retraites