UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

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Des salariés en lutte pour la reconnaissance de la section syndicale


Le récent anniversaire du conflit LIP a permis de montrer comment les salariés ont tenté de prendre en main leur destin. Au même moment, dans une autre entreprise de Franche-Comté, Magyar, les salariés se mettent en grève pour obtenir la reconnaissance de la section syndicale et de meilleures conditions de travail. Cinquante ans après, des acteurs de ce conflit témoignent.

Du nom de son fondateur Georges Magyar, cette entreprise, créée à proximité de Dole en 1945, est d’abord dédiée à la fabrication de matériel pour l’industrie alimentaire. Aujourd’hui, le groupe, devenu européen, produit des citernes pour les produits liquides.

Vers la création d’une section syndicale d’entreprise

Conformément à la loi du 27 décembre 1968 instaurant la section syndicale d’entreprise, le syndicat des métaux désigne en mars 1973 un délégué syndical, Yves Poilloux. Il demande l’organisation d’élections de représentants du personnel et met en lumière les mauvaises conditions de travail et le faible niveau des salaires. La direction refuse toute discussion.

Rien d’étonnant à cela : M. Magyar n’appliquait déjà pas les conventions collectives de la métallurgie. Face à cette réaction patronale, le syndicat de la métallurgie intervient auprès de l’inspecteur du travail qui fixe au 25 mai la date limite pour l’organisation d’élections. Les élections seront fixées au 31 mai, jeudi de l’Ascension ! Le quorum n’est pas atteint et un deuxième tour doit être organisé. Il aboutit à l’élection des candidats CFDT qui ne parviennent pas à être reçus par la direction.

La grève

La grève est donc décidée le 2 juillet 1973. Elle durera plus de deux mois. Quelques jours plus tard, les grévistes de Dole s’organisent : des collectes sont faites. Une commission de conciliation est convoquée par le préfet mais elle n’aboutit à rien faute d’interlocuteur représentatif du côté patronal. Pourtant, des actions ont lieu pendant le mois d’août. Jacky Demange témoigne : « Pendant cette période, aucun salarié gréviste n’est laissé de côté. Tous les matins nous avions une réunion d’information. »

La situation s’aggrave après la période de congés, un courrier de la direction est envoyé le 23 août aux grévistes : « Nous vous précisons que le signataire ne prendra jamais contact avec ceux qui l’ont bassement insulté… Ni le chantage, ni les procédures et encore moins les nombreux tracts et articles diffamatoires ne le fléchiront. » En réaction, la solidarité s’organise en lien avec les LIP. Les grévistes reçoivent des soutiens financiers, ils alimenteront la « paie de solidarité ».

Le 5 septembre, une délégation syndicale représentant le personnel en grève est reçue à la Préfecture du Jura ; elle peut ainsi rappeler sa revendication première : la reconnaissance de la section syndicale dans l’entreprise et l’ouverture de négociations. Elles dureront trois jours mais les résultats ne sont pas à la hauteur : local syndical dans le réfectoire, octroi de deux panneaux syndicaux, augmentation des salaires, refus du paiement des jours de grève, de la prime d’ancienneté, de la réduction du temps de travail.

Et aujourd’hui ?

Des militants de l’Union locale des retraités de Dole ont vécu ce conflit, facteur de développement de la CFDT dans le secteur ; ils ont donc voulu effectuer des recherches pour le populariser et montrer que le présent ne peut être envisagé qu’au regard du passé : la CFDT est présente dans tous les sites, les rapports avec la direction se sont améliorés même si ce n’est pas toujours chose aisée.

Annie Kuhnmunch