UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

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L’histoire sans fin de la dette publique !


Déficit public et dette publique sont des ratios dont l’évolution est surveillée par la Commission européenne au titre de ses missions de « gardienne des traités ». Ici celui de Maastricht de novembre 1993.

La question de la dette publique dans un monde dominé par la financiarisation est une question trop sérieuse pour être laissée dans les mains des seuls comptables, analystes financiers des agences de notation ou fonctionnaires de Bercy, Bruxelles ou Francfort. Cette question nous concerne tous.

Concernant le déficit public, la Commission européenne comme la Cour des comptes se montrent dubitatives sur les objectifs de réduction de dette publique affichés par le gouvernement français compte tenu d’une croissance toujours modérée et d’une progression attendue des dépenses de l’État.

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S’agissant de la dette, son évolution est continue : 58,8 % du PIB en 2002, 97,6 % au troisième trimestre 2015 (Insee). L’encours est élevé : 1 067 milliards d’euros en 2004 ; 1 386 en 2012 ; 2 105,4 en 2015. La charge des intérêts est lourde : 43,5 milliards en 2015 ; 46,8 en 2016, soit le deuxième budget de dépenses de l’État après l’enseignement scolaire.

Évolution des ratios de déficit et de dette publique en France
2008 2011 2012 2013 2014 2015 (*) 2016 (*)
Déficit public 3,3 5,1 4,8 4,1 4 3,8 3,3
Dette publique 68,2 85,2 89,6 92,3 95,6 96,3 96,5
(*) Prévisions et PLF 2016

Pour les pays de la zone euro nous avons distingué les situations les plus significatives et repris deux pays importants hors zone euro où l’on voit que les bonnes performances économiques (croissance-emploi) du Royaume-Uni ne se retrouvent pas en termes de dette publique.

Évolution comparée de la dette publique (en % du PIB)
2007 2011 2014
Zone euro
Allemagne 65,2 80,5 74,9
Espagne 36,3 69,3 99,3
France 64,2 86 95,6
Grèce 107,4 170,6 178,6
Italie 103,3 120,7 132,3
Hors zone euro
Pologne 45 56,4 50,4
Royaume-Uni 44,2 85 88,2
Sources : Insee et BDF

La dette publique est également élevée dans d’autres pays. En 2014, elle représente 111,6 % du PIB aux USA et 226,1 % au Japon.

La question de la dette ne se résume pas à une approche comptable. C’est une question financière, avec l’importance du niveau des taux d’intérêt. C’est aussi une question sociale dans la mesure où s’opère une pression sur les services publics ainsi que sur les niveaux de protection sociale. C’est une question de politique macroéconomique dans la mesure où la charge des emprunts à rembourser limite les marges de manœuvre de la puissance publique.

C’est parfois une question économique de portée internationale quand des opérations de restructuration de la dette ou des défauts de paiement ont dû être actés : comme pour la Grèce en 2011.

C’est peut-être surtout une question d’analyse quand prédomine une doctrine dans la plupart des institutions internationales se fondant sur des politiques budgétaires d’austérité avec comme leitmotiv des « réformes structurelles » : comprendre la libéralisation du marché du travail et des conditions de licenciement.

D’autres voies sont possibles à commencer pour la zone euro par une coordination intelligente des politiques macroéconomiques (l’excédent commercial de l’Allemagne entre 7 % et 8 % pose des problèmes de convergence) ; une relance effective de l’investissement productif et écologique ; la prise en compte d’un volet social dans l’ensemble des projets européens ; la surveillance renforcée des systèmes financiers (afin d’éviter les risques de contagion qu’ils viennent de l’Italie, du Portugal et même de l’Allemagne avec la situation peu brillante de la Deutsche Bank).

Jean-Pierre Moussy