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Deux ans après le Brexit, où en est le Royaume-Uni ?


Les syndicats britanniques se font à nouveau entendre dans différents secteurs. Les situations politique, économique et sociale sont très dégradées. Le point sur ce pays que les conservateurs dirigent depuis 2010.

La crise permanente ! C’est ce que connaît le Royaume-Uni ces derniers temps. Le pays est très affaibli sur les plans politique, économique et social. Depuis le référendum sur le Brexit (contraction de Britain, Grande-Bretagne, et Exit, sortie) de 2016, cinq Premiers ministres se sont succédé : David Cameron, Theresa May, Boris Johnson, Liz Truss et, depuis le 25 octobre, Rishi Sunak. Tous sont issus du parti conservateur qui porte une lourde responsabilité dans cette situation.

Sur les plans économique et social, le Royaume-Uni détient le 6e PIB mondial mais stagne à la 25e place pour son PIB par habitant. Si le chômage y est faible (3,8 % en avril 2022), les inégalités restent fortes. Le taux de pauvreté touche 17,1 % de la population soit 10,5 millions d’habitants. Dans ces conditions, il n’est pas surprenant que les grèves dans les secteurs de la santé et des transports réapparaissent et que les syndicats (qui étaient hostiles au Brexit) se fassent entendre avec une inflation qui culmine à 11 % au 4e trimestre 2022.

Nationalisme et rejet de l’immigration

Pour autant, il est difficile de tirer aujourd’hui un bilan du Brexit tant l’événement fut un choc structurel. Il faut revenir sur les mensonges exprimés lors de la campagne du Brexit. Tout d’abord, il devait permettre le Take back control (la reprise du contrôle des frontières et des lois). Cette affirmation est erronée. Le Royaume-Uni est le pays qui, au sein de l’Union européenne (UE), a le plus bénéficié de clauses d’opting out (non-participation) sur des sujets tels que l’Espace Schengen, l’Union économique et monétaire, etc.

Le Global Britain (Grande-Bretagne mondiale) prévoyait de substituer à l’UE un partenariat avec les pays du Commonwealth et les États-Unis. Cela ne correspond pas aux faits. Le Commonwealth est une organisation intergouvernementale composée de 56 États, presque tous d’anciennes colonies de l’Empire britannique. Elle repose sur des valeurs morales et culturelles mais n’a pas de vocation commerciale.

Le seul accord significatif passé par le Royaume-Uni est un accord militaire avec les États-Unis et l’Australie en 2021. Il vise à contrer l’expansionnisme chinois dans la zone indo-pacifique. Lors du référendum, des arguments démagogiques dans lesquels le nationalisme et le rejet de l’immigration ont prédominé et ont profité de la grande discrétion des partisans du « remain » (rester).

Jean-Pierre Moussy

L’Irlande et la pêche, pierres d’achoppement du traité

Les négociations pour le Brexit en 2020 ont fait ressurgir deux problèmes : l’Irlande du Nord et la pêche. Concernant le premier, l’UE a cherché à préserver la paix entre les deux Irlandes en s’appuyant sur l’accord du Vendredi saint de 1998. La solution a introduit un filet de sécurité (backstop) avec maintien en Irlande du Nord de règles liées au marché unique pour éviter une frontière physique entre les deux pays. Elle n’a jamais vraiment été appliquée. La Commission, gardienne des Traités, a déclenché sept procédures d’infraction depuis mars 2021 à l’encontre du Royaume-Uni pour non-respect des accords.
Sur la pêche, qui concerne notamment les pêcheurs français, les négociations ont abouti à préserver globalement l’accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques. La France a jusqu’en juin 2026 pour diminuer ses quotas de pêche dans les eaux britanniques.

Les syndicats, qui étaient hostiles au Brexit, se font entendre.
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