UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

Action internationale


Deux incohérences pour deux évènements pour l’union européenne


Un projet de budget 2014/2020 rejeté par le Parlement européen. Une gestion sans vision du « plan de sauvetage » de l'économie de Chypre. Et ce sont tous les Européens qui sombrent dans l'euroscepticisme confondant les enjeux européens avec la gestion dramatique qui en est faite.

Les responsables européens en seraient-ils conduits à multiplier les incohérences ? Coup sur coup, ils font preuve d’un inquiétant manque de vision et d’analyse. Première incohérence avec le « pacte européen pour la croissance et l’emploi » et le budget européen. En juin 2012, sous la pression conjointe de la France et de l’Italie, le Conseil européen adopte le « pacte européen pour la croissance et l’emploi » d’un montant de 120 milliards.

Le 8 février 2013, le même Conseil, sous la pression de l’Allemagne et du Royaume-Uni, adopte un projet de budget pour la période 2014/2020 en recul sur le précédent de 3%. Cela aboutit à remettre en cause le pacte adopté en juin 2012 et certains programmes comme Erasmus qui contribue à la réalisation d’un espace européen de l’enseignement supérieur.

La cohérence entre les réunions à huit mois d’intervalle n’est pas évidente du tout. Le Parlement européen va jouer son rôle et rejettera massivement (516 voix contre - 161 pour) le 13 mars ce projet de budget. Moralité : la copie budgétaire du Conseil européen est à revoir.

Duant 12 jours, il a été impossible aux Chypriotes de retirer leur argent. (photo Europa)

Renouveau démocratique

Deuxième incohérence : la création du mécanisme européen de stabilité, l’Union bancaire et le traitement du cas chypriote. On aurait pu penser que le traitement de la crise au sein de la zone euro conduirait les institutions européennes à faire preuve de professionnalisme avec l’acquis des différents plans de sauvetage (Grèce - Irlande - Portugal en 2010/2011), la création du MES (mécanisme européen de stabilité en 2012) et la mise en place de l’Union bancaire (2013/2014). Mais, à voir la manière dont le cas chypriote (en mars 2013) est traité, force est de constater que l’expérience a été de peu d’utilité pour les dirigeants européens de l’euro zone.

C’est ainsi que sous l’impulsion notamment du FMI et de l’Allemagne, encore elle, il a été proposé de taxer à 6,75% les dépôts inférieurs à 100 000 euros : une mesure contraire aux textes européens sur la garantie des dépôts.

Le parlement chypriote a unanimement refusé le 19 mars le plan concocté par la « troïka » composée de la Commission européenne, du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque centrale européenne (BCE) en concertation avec la présidence chypriote.

Quoi qu’il en soit des mesures prises par la suite pour colmater l’effet désastreux ainsi créé le mal est fait aux yeux des citoyens. L’Europe s’en trouve discréditée un peu plus. Moralité : la copie de l’euro-groupe est à revoir. Si l’Europe veut retrouver de la couleur aux yeux des peuples, il convient que les institutions européennes s’y prennent autrement avec plus de cohérence et une réelle volonté pour relancer la croissance et l’emploi.

L’année européenne de la citoyenneté 2013 trouverait à s’y ressourcer et les élections européennes de mai 2014 pourraient alors être l’occasion d’un renouveau démocratique européen.

Jean-Pierre Moussy

Paroles de Philosophe

« Pour survivre en Europe, nous devons maintenir une éthique et une politique de la solidarité. Nos économies doivent rester compétitives. Mais elles ne doivent pas perdre le sens de la redistribution et de la justice sociale. Nous n’en avons pas fini avec la dureté et la brutalité du système capitaliste. Il est aujourd’hui la seule technique de production des richesses, mais à un coût humain exorbitant.

Tant que ce système n’aura pas produit des effets insupportables pour un très grand nombre, il continuera sa course, puisqu’il est sans rival. On va connaître en Europe occidentale une traversée du désert extrêmement dure. Parce que nous ne sommes plus capables de payer le prix que les plus pauvres que nous, paient.

Nous n’allons pas retourner pour autant au temps du travail des enfants. C’est pour cela que je suis très fortement pro européen. Seule une économie de grande taille pourra permettre à l’Europe de s’en sortir. »

Paul Ricoeur 1997

Source : Philosophie Magazine de mars 2013