Dictionnaire biographique mouvement ouvrier mouvement social
Le tome 12 du Dictionnaire biographique mouvement ouvrier mouvement social, dernier de la période 1940-1968, est sorti à la fin de l’année 2016. Il couvre une période particulièrement sensible de notre histoire syndicale.
Le Dictionnaire dit « le Maitron », du nom de son fondateur, Jean Maitron, se découpe en grandes périodes historiques : 1789-1864, 1864-1871, 1871-1914, 1914-1939, et enfin la période qui vient de se clore, 1940-1968. Avec ce tome 12, plus de 160 000 biographies ont désormais été publiées, toutes périodes confondues, dans les volumes papier ou sur le site Maitron en ligne (http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr), soit plus de 160 000 biographies de militants issus du monde politique, syndical, associatif ou intellectuel.
Parmi tous ces militants qui composent cette édition du dictionnaire, il en est qui nous préoccupent davantage : les militants CFTC puis CFDT ou ceux qui ont adhéré à la CFDT après 1964. Dans la cinquième période, ils sont plus de 2 500. Parmi eux, des métallurgistes (René Carême, Simone Troisgros), des enseignants (Paul Caspard, Paul Vignaux), des cheminots (Gilbert Billon, Paul Butet), des chimistes (Edmond Maire, Aimée Jeantet), des agents de la fonction publique (Élisabeth Martinie, Raymond Cabaret), des ouvriers du textile (Anne-Marie Maillard, Gilbert Ryon), des gaziers-électriciens (René Decaillon, Andre Thiollent), des ouvriers du livre (Yolande Colleret, Julien Delaby), des agents des PTT (François Staedelin, Pierre Hureau), des employés dans les secteurs des services (Hubert Lesire-Ogrel, Marguerite Bertrand)… Et ce ne sont que quelques exemples parmi beaucoup d’autres.
Long et passionnant
Toutefois, certains d’entre eux sont « passés à la trappe », et pourtant leurs parcours de responsable national, régional ou départemental, ou de secrétaire de syndicat mériteraient qu’ils figurent dans le Maitron. La plupart de ces biographies sont rédigées par des bénévoles qui dressent des listes de biographiés potentiels, puis réalisent des interviews et font des recherches en archives pour compléter les renseignements en leur possession. N’hésitez pas à les rejoindre. C’est souvent un travail long, mais toujours passionnant, qui permet de mettre en lumière des hommes et des femmes connus ou moins connus, acteurs du mouvement ouvrier ou du mouvement social.
Annie Kuhnmunch
L’histoire ouvrière à l’université
Jean Maitron, né le 17 décembre 1910 à Sardy-lès-Epiry (Nièvre), et mort le 16 novembre 1987 à Créteil (Val-de-Marne), est un spécialiste du mouvement ouvrier et du mouvement anarchiste. Il est élevé dans une famille communiste, ses deux parents étant instituteurs. Après des études secondaires au lycée de Nevers, il entre en hypokhâgne en 1929 au lycée Louis-le-Grand où il adhère à l’Union fédérale des étudiants, proche du Parti communiste français. Docteur ès lettres en 1950, il est instituteur en 1936 puis professeur de cours complémentaire jusqu’en 1955, passant ensuite dans le second degré jusqu’en 1958. Pierre Renouvin le fait nommer maître-assistant à la Sorbonne, avec pour mission de fonder le Centre d’histoire du syndicalisme. Il termine sa carrière en 1976 à l’université Paris-13.
Il fait entrer l’histoire ouvrière de la France à l’université et lui donne ses bases archivistiques. Ses publications englobent des ouvrages de référence, notamment le Dictionnaire biographique mouvement ouvrier mouvement social, poursuivi après sa mort, et appelé couramment « le Maitron ». Son œuvre est poursuivie par une équipe dirigée par Claude Pennetier, dans le cadre du Centre d’histoire sociale du XXe siècle (CNRS / université de Paris-I).
Dictionnaire biographique mouvement ouvrier mouvement social, tome 12, Paul Bouland, Claude Pennetier, Éditions de l’Atelier, 476 pages, 65 €.