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Droits des femmes : égales, libres et respectées


Le 5 octobre 2017, les accusations de harcèlement et de viol qui mettent en cause le producteur américain Harvey Weinstein ont déclenché, bien au-delà des États-Unis, un tsunami médiatique. En France aussi la parole des femmes se libère.

Par leurs témoignages, elles dénoncent le sexisme que véhicule notre société, elles souhaitent déconstruire les stéréotypes et réclament égalité et respect.

En France, Olympe de Gouges rédige, en 1791, La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, mais dès 1804, le code civil napoléonien enterre les ambitions féminines et proclame l’incapacité civile des femmes, désormais asservies à l’autorité masculine. Ainsi, il faut attendre plus d’un siècle pour qu’en 1907, la loi autorise la femme à disposer de son salaire. Une femme en ce début du XXIe siècle doit se souvenir que les générations précédentes avaient légalement besoin, jusqu’en 1965, de l’autorisation du père ou du mari pour ouvrir un compte bancaire ou pour exercer une profession. Les femmes n’ont obtenu le droit de vote qu’en 1944 et ont un déficit de représentation dans la vie politique. Quant au domaine économique, c’est seulement en 1972 qu’une loi relative à l’égalité des rémunérations introduit le principe « à travail égal, salaire égal ». Mais depuis l’année 2000, l’écart de salaire hommes-femmes ne diminue pas et cette discrimination salariale est une insupportable iniquité
Ces quelques jalons reflètent la lenteur des évolutions : obtenir une loi est un progrès, mais les mentalités sont rétives à changer.

Le droit à disposer de soi

Si les lois donnent aux femmes une meilleure place dans le champ social, c’est dans le rapport à la sexualité que s’effectuent les avancées les plus difficiles. En 1967, la loi Neuwirth autorise la contraception interdite depuis 1920. Les décrets d’application mettront cinq ans à voir le jour, car les résistances sont fortes. Pourtant le droit, pour les femmes, à disposer de leur corps va encore progresser avec la loi Veil de 1975, qui permet la dépénalisation de l’avortement, puis avec la qualification du viol en crime en 1980. Mais le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes a relevé qu’entre 2010 et 2012, chaque année, 83 000 femmes en France ont été victimes de viol ou tentatives de viol… et dans 90 % des cas, aucune suite judiciaire n’a été donnée. De plus, trois femmes décèdent, chaque semaine, sous les coups de leur compagnon.
Un hiatus immense apparaît donc entre les responsabilités que les femmes occupent aujourd’hui et la culture violente et machiste qui continue de sévir.

L’ouragan médiatique de l’automne 2017

Après l’affaire Weinstein, un basculement s’opère : des hashtags, dans plusieurs pays, libèrent la parole et la colère de dizaines de milliers de femmes. Harcèlement, viol et tentatives de viol, « droit de cuissage », remarques graveleuses, gestes inappropriés, blagues sexistes…, la gamme des transgressions à caractère sexuel est large, dans le monde du travail et dans l’espace public. Ces atteintes à l’intégrité physique, à l’estime de soi, à l’intime obtiennent par les réseaux sociaux une visibilité et une résonance d’une ampleur inédite.
Cet ouragan médiatique impose, pour n’être pas un feu de paille, une transformation en profondeur de la société : une éducation différente, une réflexion sur le partage des tâches, le rejet d’une pornographie accessible aux enfants car omniprésente sur internet, la dénonciation des stéréotypes dans la publicité et les médias, une redéfinition des valeurs éthiques dans l’entreprise. La liste est longue ! La dynamique enclenchée doit permettre de repenser et, surtout, d’exiger, dans les faits, un rapport égalitaire et respectueux entre les femmes et les hommes.

Françoise Berniguet

Égales, libres et respectées : maintenant !
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