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En Allemagne, les familles aux avant-postes de l’aide aux personnes âgées


Outre-Rhin, la Croix-Rouge multiplie les initiatives pour les aînés. L’aide à la personne âgée repose fortement sur le lien familial et les bénévoles. Les Pflegeheim, équivalents des Ehpad, accueillent, pour des tarifs très élevés, les personnes trop dépendantes.

« Retourner dans la vie », tel est le slogan du livret mis entre les mains des aînés de Müllheim et des communes voisines. Dans cette communauté de communes de 20 000 habitants du Land de Bade-Wurtemberg, proche du Rhin, la Croix-Rouge multiplie les initiatives pour « prévenir l’isolement social et la solitude ».

Une équipe de bénévoles

Marianne, 70 ans, retraitée, est fière d’être l’une des bénévoles qui préparent tables, gâteaux et boissons dans la grande salle de la maison de la Croix-Rouge. « Nous accueillons des aînés qui sont seuls, n’ont pas de famille à proximité et cherchent un peu de divertissement. »

La Croix-Rouge multiplie les initiatives, pour s’évader du quotidien le temps de quelques heures. Les après-midi café rassemblent des amateurs de jeux de société et de cartes. L’association anime des groupes de gymnastique, d’exercices en plein air, de mise en forme par la danse, etc. Et il est possible d’accueillir, chez soi, une séance de gymnastique senior.

Ce samedi, Marianne a rendez-vous avec trois autres volontaires pour préparer l’accueil d’un chœur pour un après-midi musical. La Croix-Rouge propose un ramassage. Le public, des personnes entre 70 et 80 ans, goûtera les gâteaux et le café qu’apportent des bénévoles.

Accompagner les aînés

Marianne donne aussi du temps à l’association Malteser. Elle accompagne des aînés en difficulté pour faire leurs achats. Elle pèse les fruits, indique les prix, etc. « Avant de rentrer, on prend un café. C’est un moment qu’ils apprécient beaucoup. Ils me parlent de leurs voyages passés. J’apprends plein de choses. »

Le planning des aînés prévoit, dans le cadre d’un accompagnement individuel, une assistance pour l’utilisation d’un smartphone, d’une tablette ou d’un ordinateur portable. La sortie en minicar dans la vallée de Münster, avec arrêt dans un restaurant, est devenue un incontournable du programme.

En milieu urbain, l’accueil des parents âgés est difficile, même pour les classes aisées, en raison de l’exiguïté des logements. Dans certains Länder, pour le maintien à domicile, on fait appel à des soignants étrangers, polonais ou tchèques, qui restent sur place au domicile de la personne dépendante, logés et nourris, 24h/24 et 7j/7. Ce système, moins cher que le Pflegeheim, présente des avantages et des inconvénients : formation et culture différentes, langue souvent mal maîtrisée, remplacement pendant les vacances qui déstabilisent les personnes âgées. Des agences privées organisent ces interventions. Mais tout cela est-il bien légal ?

Des tarifs très élevés

Lorsque les soins à domicile ne sont plus possibles, les Pflegeheim accueillent les personnes trop dépendantes. Les tarifs d’hébergement sont élevés, de l’ordre de 3000 à 5000 euros par mois, selon le degré de dépendance. En 2023, la pension brute moyenne en Allemagne, après au moins 35 années d’assurance, s’élève à 1 550 euros avec des différences notables entre les régions.

Les familles sont mises à contribution à hauteur de leurs revenus ou pension. L’État verse le complément si nécessaire. « Le manque de places allonge les délais d’admission », constate Marianne, qui note aussi une pénurie de personnel soignant dans les établissements. De ce fait, en Allemagne, sont privilégiées la prise en charge à domicile et l’aide par des proches qui bénéficient d’un statut à part entière, celui de « proche aidant ». C’est près de la moitié des personnes dépendantes qui sont ainsi prises en charge uniquement par des proches.

[Denis Ritzenthaler