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Et maintenant le bisphénol A…


A quelle sauce serons-nous mangés ? Après le Médiator, hier, l'amiante avant-hier et puis les OGM, les dioxines, la vache folle, voici maintenant le bisphénol A ou BPA.

Depuis 1997 les scientifiques ont identifié par des tests en laboratoire pratiqués sur des rats des indices pouvant avoir des conséquences graves sur les humains. Largement utilisé depuis les années 1950 par l’industrie du plastique, le BPA présent dans les contenants alimentaires a tendance à migrer, à de faibles doses, dans la nourriture et les boissons.

Les scientifiques constatent déjà à l’époque que le BPA a des capacités à mimer l’action de certaines hormones féminines et perturbe le système endocrinien. Mais le risque est jugé comme trop faible pour les humains.

Cependant, de décennies en décennies, de plus en plus de chercheurs réussissent à démontrer qu’un véritable danger existe dans l’utilisation du bisphénol A. Ce qui n’est pas du goût des laboratoires de l’industrie chimique qui affirment le contraire.

Le rapport de l’Agence française de sécurité sanitaire (Anses) publié le 27 septembre, semble cette fois-ci donner le coup de grâce à ces dénégations professionnelles. En effet, il est ferme et détonne avec les autres agences sanitaires. Il retient « des effets suspectés sur les humains touchant à la fertilité féminine, favorisant les troubles cardio-vasculaires et le diabète du type 2. Des effets avérés, parmi lesquels l’altération de la production spermatique, la survenue de kystes ovariens et de lésions des glandes mammaires ou encore l’âge de la puberté chez les filles. »

L’Union des industries rappelle dans un communiqué que de nombreuses incertitudes scientifiques marquent ce dossier. En attendant, les députés français ont voté l’interdiction du BPA dans les biberons en juin 2010. Le 12 octobre 2011, l’interdiction vaut sur les conteneurs alimentaires. Si le Sénat l’adopte, la loi sera mise en application à partir de 2014, et dès 2013 pour les contenants alimentaires destinés aux enfants de moins de trois ans.

Dans quels produits y a-t-il présence de BPA ?

Il est largement présent dans notre environnement, par exemple des ustensiles contenant des produits alimentaires : biberons, vaisselle en plastique, gobelets, couverts, récipients, revêtement de canettes et de boîtes de conserve, bonbonnes d’eau potable...L’intérêt de ces matériaux réside dans leur transparence, leur surface lisse, leur rigidité, leur résistance aux chocs et leur durabilité.

Comment le déceler ?

Limitez l’utilisation de conserves. Regardez sur les contenants plastiques un numéro situé au centre d’un triangle de recyclage, vous pouvez lire, soit le chiffre 7, soit un 3, soit un 6. Les lettres « PC » en dessous identifient le polycarbonate.
Sachez que le chauffage accélère beaucoup la migration du BPA dans les aliments. Attention donc à l’utilisation du micro-ondes avec de tels produits. Et un dossier « risques » à suivre avec attention dans les semaines à venir.

L’état de la loi

Le Canada est le 1er pays à avoir décrété le BPA comme toxique. En France, les biberons ne sont plus commercialisés depuis Juin 2010.L’Union européenne a pris une disposition identique. Enfin la France a annoncé un étiquetage systématique des ustensiles ménagers et la diffusion d’une plaquette d’information pour les femmes enceintes.
On peut aussi se reporter au dossier du journal » le Monde » du 29 octobre 2011 et au Hors-série de 60 Millions de consommateurs n°157, octobre-novembre 2011.

Georges Goubier

Avec ou sans bisphénol A ?