UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

Actu revendicative


Francis Laffon De la rédaction à la scène…


Avec son premier poste de journaliste à L'Alsace, Francis Laffon a pris sa carte CFDT. Parti à la retraite le 1er avril dernier, le directeur de la rédaction du quotidien mulhousien la conserve toujours en poche. C'est sous les feux de la rampe et guitare à la main qu'il reste dans l'esprit de la CFDT.

Après un court temps d’enseignement, un service militaire effectué comme coopérant, l’ex-étudiant de l’Institut d’études politiques puis du Centre universitaire de journalisme de Strasbourg (sa ville natale) est entré dans le métier à L’Alsace. C’était en 1971. Il n’a plus jamais quitté son journal.

« J’ y ai occupé différents postes, à la locale de Mulhouse, au service « éco-social » régional, puis à Paris où je suivais l’activité « alsacienne » de la capitale, ainsi que l’actualité politique et économique nationale. Durant de longues années, j’ai eu également en charge l’éditorial. Je suis revenu au siège du journal, à Mulhouse, il y a huit ans pour animer la rédaction en chef », résume Francis Laffon.

Après des responsabilités nationales au sein du Syndicat des journalistes français CFDT, et au fil de son évolution professionnelle, il a conservé en poche la carte CFDT. « La CFDT a structuré ma vie personnelle. Elle est restée pour moi un repère permanent. Y compris lorsque j’étais de l’autre côté de la barrière comme directeur de la rédaction, et que je négociais avec les représentants syndicaux des journalistes », explique-t-il.

Après l’ordi, la guitare…

C’est également avec l’esprit CFDT que Francis Laffon aborde, guitare en bandoulière, la nouvelle étape de son existence. La musique ne lui était pas étrangère. Et il avait souvent emprunté à Julos Beaucarne et Felix Leclerc, les chansons qu’il présentait lors de soirées amicales. Et même - mais c’était il y bientôt quarante ans - lors de la foire de Colmar - en première partie de Ricet Barrier. Après le spectacle, le chanteur vedette lui avait fait cette utile suggestion : « Ta voix passe bien, mais si tu veux percer, écris tes propres textes ». Le conseil sera suivi… beaucoup plus tard.

Aujourd’hui, accompagné au piano, Francis Laffon interprète ses propres chansons. Sur le mode farfelu, (« Le pape des poux ») ou plus grave, lorsqu’il évoque la fragilité de l’existence (« La vie en spirale »), la politique, comme dans « 21 avril » (celui de 2002, l’extrême-droite s’étant qualifiée pour le second tour de la présidentielle), ou le monde de l’entreprise (« Nous sommes les DRH »), car la fibre sociale est toujours présente. Son tour de chant d’une heure à une heure trente est un prisme qui reflète toutes les tonalités de l’existence. Avec une très large place accordée aux couleurs de l’humour, dans toutes ses nuances.

« À mon sens, le journaliste doit préférer l’ombre à la lumière, puisqu’il est un observateur. Dans un spectacle, on est en première ligne, au contact direct et immédiat avec le public. Un risque certes, mais surtout, une source de beaucoup d’émotions » confie-t-il. Aujourd’hui à la retraite, plus besoin de se mettre en retrait.

Jean-François Cullafroz

Francis Laffon : 06 85 13 18 12 et francis.laffon@gmail.com

Rester un homme de parole

Le savoir-partir est un art difficile. Une succession qui se prolonge est toujours préjudiciable. Inutile de rajouter de l’incertitude à une incertitude inhérente à la crise que traversent les médias. (…)

Défendre au mieux nos emplois (priorité jamais perdue de vue) et, de la manière la plus franche et transparente possible, baliser le chemin sur lequel est engagée la presse alsacienne et franc-comtoise : voici ce qui m’a semblé primordial. (…)

Je ne crois pas à l’homme providentiel, mythe incompatible avec le journalisme, dont le doute et la distanciation sont de précieux garde-fous. (…) Pour ma part, je vais continuer à faire vivre les mots, mais j’envisage d’y ajouter quelques notes. Avec l’ambition de rester homme de paroles. Et surtout de parole.

Francis Laffon, extraits du discours de départ le 1er avril 2013

Francis Laffon : "Pour que vivent les mots".