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G20 ou G vain ?


Comment apprécier les résultats du dernier G20 de novembre dernier à Cannes ? Deux approches peuvent être retenues : la capacité à répondre à la crise et les résultats effectifs. Le constat reste cruel.

La capacité à répondre à la crise a été mise à rude épreuve avec l’annonce surprise d’un référendum en Grèce (aujourd’hui abandonné), la crise de la dette dans la zone euro et le manque d’enthousiasme de la Chine, du Brésil à venir la soutenir.

Dans ces conditions l’annonce « d’un plan d’action pour la croissance et l’emploi » apparaît comme un vœu. Le cœur de cible de l’action du G20 « se coordonner pour résoudre la crise » n’a pas été atteint. Cerise sur le gâteau : la fameuse taxation sur les transactions financières semble avoir fait un flop !

Les résultats effectifs sont modestes. Si l’on fait un tableau avec d’un côté les vœux, de l’autre les décisions opérationnelles, la lecture est cruelle. Les vœux sont nombreux : « renforcer la confiance et soutenir la croissance », « éviter les désalignements persistants des taux de change »…

Les décisions concrètes, hormis la mise en place d’un groupe de travail sur l’emploi des jeunes, sont souvent renvoyées au FMI, au Conseil de stabilité financière ou à l’Organisation internationale des bourses de valeur. La question de la réforme du système international et notamment la convertibilité de la monnaie chinoise ne sont qu’effleurés.

Tout cela reflète des divergences. Du côté des USA, on assiste à une politique monétaire « accommodante » jumelée à une politique volontariste de relance de l’économie avec un premier plan de 780 milliards de $ (février 2009) suivi en septembre 2011 d’un second (en débat devant le Congrès) de 447 milliards de $. Rien de tel en Europe où l’Allemagne impose des politiques d’austérité qui ne font qu’accroître les déséquilibres de pays déjà endettés et en mal de croissance.

Du côté de la Chine, les prévisions de croissance demeurent enviables : 9,5% pour 2011 et 9% pour 2012. L’atout maître de la Chine reste ses réserves de change : elles ont atteint 3 201,7 milliards de $ à fin septembre 2011 (2 847 à fin 2010). La Chine négocie habilement le placement de ses avoirs, les transferts de technologie et souhaite obtenir le statut d’économie de marché dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce.

Quelle place pour les partenaires sociaux ?

La Confédération syndicale internationale a appelé les dirigeants à adopter un plan en quatre points : placer « les emplois de qualité au cœur de la reprise » ; renforcer les institutions du marché du travail (conventions collectives, salaires minimums négociés) ; établir un socle de protection sociale ; mettre en œuvre les réformes du secteur financier.

Le G20 de Cannes s’est situé loin de ces préoccupations sociales. Il y a pourtant un fait à relever. Une déclaration commune employeurs-syndicats demande que « les problématiques d’ordre social soient mises dans l’agenda du G20 ». Cette déclaration exprime l’inquiétude des milieux économiques et sociaux sur la profondeur de la crise.
Quelles que soient les difficultés, la coordination internationale dans cette crise est plus que jamais nécessaire ; il convient de la fonder à partir d’un dialogue constructif, qui concilie diagnostics et remèdes, discipline les errements de la finance et mette enfin l’humain et le social au cœur des problématiques.

Jean-Pierre Moussy

Repères

Le G20 est un forum consultatif fondé sur la coopération internationale. Il est plus représentatif que le G8 mais il ne représente pas les 191 pays adhérents à l’ONU. Les États membres du G20 représentent 87% du PIB mondial, 66% de la population de la planète, 80% du commerce mondial.

Pourcentage du PIB mondial Pourcentage de la population mondiale
1997 2008 1997 2008
G2

dont USA

dont Chine

30,63

27,48

_ 3,15

30,76

23,5

_ 7,25

26,23

4,74

21,48

24,53

4,58

19,95

G8 65,36 55,85 14,46 13,11
G20 89,93 87,87 68,93 66,13

Source : « Le G20 et la nouvelle gouvernance économique mondiale », collection Cahiers du cercle des économistes, Éditions Puf.

Les déclarations finales n’ont pas masqué l’échec du dernier G20