Haut-commissariat pour les refugiés, conseil européen et populations déplacées
Les réfugiés étaient à l'ordre du jour du sommet européen de la fin juin. Selon le haut commissariat au réfugiés de l'Onu, 1 personne sur 113 est déracinée !
Le Conseil européen s’est réuni les 22 et 23 juin à Bruxelles. Dans ses conclusions, les migrations. C’est à rapprocher du 20 juin dernier, marqué par « la journée mondiale de réfugiés ». C’est le jour retenu par le Haut-Commissariat pour les Réfugiés (HCR) de l’ONU pour rendre public son rapport annuel sur les déplacés dans le monde en raison de conflits de toutes natures.
Le HCR compte 65,6 millions de déracinés en 2016, soit 300 000 de plus qu’en 2015. Parmi ces populations, les « déplacés internes » sont en légère baisse (40,3 millions tout de même) et les réfugiés fuyant leurs pays, par tous les temps, au nombre de 22,5 millions en hausse de 1,2 millions. La moitié de ces réfugiés sont des enfants.
C’est le conflit syrien qui génère le plus de réfugiés : 5,5 millions (+ 825 000 en 2016). La détérioration de la situation au Sud du Soudan est une des plus préoccupantes : +64% de réfugiés pendant les 6 derniers mois de 2016, ce qui correspond à environ 1,4 million de personnes.
Le rapport annuel du haut-commissariat aux réfugiés
Selon ce rapport, quelque 24 personnes en moyenne ont été forcées de fuir chaque minute en 2015 leurs pays d’origine, soit quatre fois plus qu’en 2005.
Ce rapport détaillé détermine un total de 65,3 millions de personnes déracinées à la fin de 2015, à comparer aux 59,5 millions à fin 2014. C’est la première fois depuis que la création du HCR que le seuil de 60 millions est franchi.
La population de la planète comptant 7,4 milliards d’habitants, un être humain sur 113 est aujourd’hui, sans racine : demandeur d’asile, déplacé dans son propre pays ou réfugié.
Ces constats sont supérieurs à la population du Royaume-Uni ou bien celles du Canada, de l’Australie ou de la Nouvelle-Zélande réunis
D’après le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés Filippo Grandi « un nombre terrifiant de réfugiés et de migrants décèdent chaque année en mer, et à terre les personnes fuyant les guerres ne peuvent poursuivre leur voyage car les frontières sont fermées ».
Ces déplacements forcés sont en hausse au moins depuis les années 1990 :
Les situations provoquant d’importants flux de réfugiés durent plus longtemps, par exemple en Somalie ou en Afghanistan respectivement depuis trois ou quatre décennies.
De nouvelles situations dramatiques et/ou de reprises de conflits se produisent fréquemment (Syrie, Soudan du Sud, Yémen, Burundi, Ukraine, République Centrafricaine…
Ce rapport a révélé que trois pays génèrent la moitié des réfugiés dans le monde : la Syrie avec 4,9 millions, la Somalie avec 1,1 million et l’Afghanistan 2,7 millions. A eux trois plus de la moitié des réfugiés relève de la compétence du HCR à travers le monde.
Alors que les défis de l’Europe pour gérer plus d’un million de réfugiés et de migrants arrivés via la Méditerranée, fait la une de l’actualité dramatique régulièrement, le rapport montre qu’au total 86% des réfugiés relevant de la compétence du HCR se trouvent dans un pays à faible revenu et non loin de situations de conflit. La Turquie est le plus important pays d’accueil, avec 2,5 millions de réfugiés : un réfugié pour cinq citoyens.
Le conseil européen attaché au contrôle effectif des frontières extérieures
Le conseil européen des 22 et 23 juin a rappelé son attachement à l’approche globale en matière de migrations, au contrôle effectif des frontières extérieures, via le renforcement du corps européen des gardes-frontières et des gardes côtes. Cette orientation réaffirmée, accompagnée de la réforme du Régime d’Asile Européen Commun (RAEC), l’Union européenne devraient permettre la levée des contrôles temporaires auprès de ses aux frontières intérieures.
La poursuite des drames liés à la perte de vies conséquences des flux migratoires sauvages sont des aspects qui durent trop. Les États membres doivent reprendre le contrôle des situations pour éviter une aggravation encore plus sensible de la crise humanitaire avec des moyens financiers à hauteur des défis. Une dynamique de solidarité doit s’amplifier.
Ceci suppose une coopération renforcée et permanente avec les pays d’origines directement concernés, y compris un renforcement de la coopération régionale dans les activités de secours, de recherche et de sauvetage, qui doivent restées hautement prioritaire. Le Conseil européen a souligné l’importance de procéder au démantèlement des systèmes économiques des passeurs et des trafiquants d’êtres humains.
Il est prévu de nouveaux efforts pour réaliser de réels progrès dans la politique de retour et de réadmissions efficaces avec des solutions pragmatiques envers les pays tiers. Dans tous les cas, le système doit être efficace, pouvoir résister aux pressions migratoires, éliminer les facteurs d’attraction dans le respect du droit international, poursuivre la lutte contre les abus et apporter le soutien nécessaire aux Etats membres les plus directement concernés. Le Conseil européen a demandé à la Commission européenne d’élaborer de nouvelles propositions permettant de trouver des solutions concrètes pour soulager les populations dans leurs situations précaires et alléger la charge qui pèse sur les Etats membres situés en première ligne
Solidarité : encore et toujours :
Pour en savoir plus : www.unhcr.org ; www.france-terre-asile.org
Jean-Pierre Bobichon