Une conférence sur la crise du bénévolat
La conférence organisée le 17 octobre dernier par les Retraités CFDT d’Ille-et-
Vilaine, a remporté un franc succès. Ouverte à tout public, elle a passé en revue
les raisons de la crise actuelle du bénévolat.
22 millions de bénévoles en France, dont beaucoup de retraités, sont essentiels au
fonctionnement de notre société. Une enquête auprès des adhérentes et adhérents de
la CFDT retraités d’Ille-et-Vilaine, montre un fort investissement dans l’action sociale,
humanitaire, caritative, sanitaire, culturelle, environnementale, la défense de causes,
conformément aux valeurs de la CFDT. On note, dans toutes les associations, une
baisse du nombre de bénévoles et surtout de responsables. L’avancée en âge et
l’allongement de l’âge de départ en retraite, inquiètent. Quel remplacement des
départs ? Quel engagement des jeunes ?
Dominique Thierry, co-fondateur de France Bénévolat, Marie Claire MARTEL, co-
auteure d’un rapport "Engagement bénévole, cohésion sociale et citoyenneté» adopté
par le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), ont présenté des
exposés vivants et plein d’humour devant une salle très intéressée et réactive. Le
constat : une baisse catastrophique de l’engagement des seniors, due, en grande
partie, à la pandémie. Cette baisse se retrouve dans toutes les générations et en
particulier chez les femmes. Elles représentent 50 % des bénévoles, avec des
différences par activité. Le sport reste une affaire d’hommes. Peu de femmes prennent
des responsabilités. Seulement 30 % d’entre elles sont présidentes.
Les jeunes s’engagent ! Mais d’abord par l’action
Le bénévolat est gratuit, ce qui est incongru et pas valorisé dans notre société.
Paradoxalement, les responsables d’associations passent une grande partie de leur
temps à monter des dossiers pour obtenir des financements. La complexité de ce
travail administratif peut rebuter. « Il faut que l’État et les collectivités privilégient un
financement du fonctionnement des associations plutôt qu’un financement par projet »
préconise M-C. Martel. La manière de s’engager a aussi changé. Dans les années 50
à 70, le bénévolat était militant, « sacrificiel ». C’était souvent familial et transmis par
l’éducation. «Ça commence à l’école : le délégué ou la déléguée de classe apprennent
la démocratie et la représentation »précise M-C. Martel « La citoyenneté ne se résume
pas à un bulletin de vote, c’est une participation active à la vie de la « cité » .
Quant aux jeunes, Corentin Daval salarié d’Animafac (réseau d’associations
étudiantes, membre du pacte du pouvoir de vivre) et Benoît Folliot de la MRJC
(Mouvement rural de jeunesse chrétienne) l’affirment : il n’y a pas de désengagement
des jeunes. Ils ont des projets plus personnels, plus ponctuels avec souvent un rejet
des structures. Garçons et filles sont engagés dans le féminisme, l’environnement, la
solidarité (épiceries solidaires), l’insertion, la communication (radios jeunes)… C’est
l’action qui les motive (manifestations, pétitions…). Ils veulent donner un sens à leur
vie.
Encadré : Des solutions :
- Reconnaître les compétences des bénévoles dans un passeport (proposé par
France Bénévolat) ou un Open Badge national avec un financement public
(préconisé par le CESE, Conseil économique, social et environnemental)
- Faire travailler les entreprises sur le passage à la retraite, la construction du
projet de vie.
- Faire connaître les congés offerts aux salariés pour encourager le bénévolat, le
« congé de représentation » et le « congé engagement », par une campagne
nationale d’information.
- Installer des responsabilités « tournantes » comme la MRJC (Mouvement rural
de jeunesse chrétienne), avec changement de responsables obligatoire tous les
trois ans.