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Il faut gérer l’eau 2/5


L’eau se présente sous deux formes, l’eau salée des mers et des océans et l’eau douce. Cette dernière est utilisée par les Hommes dans leurs diverses activités et elle participe au développement de la nature et au maintien de la biodiversité. C'est pourquoi il faut la gérer.

Sommaire du dossier .

Le cycle de l’eau

L’eau circule sur terre sous différentes formes : nuages, pluie, rivières et océans. Elle passe de la mer à l’atmosphère, de l’atmosphère à la terre puis de la terre à la mer, en suivant un cycle qui se répète indéfiniment.

Le cycle de l’eau se décompose en plusieurs étapes : l’évaporation, la condensation, les précipitations. 79 % des précipitations tombent sur les océans, les 21 % restants tombent sur la terre et alimentent les nappes phréatiques par infiltration, les cours d’eau et les plans d’eau par ruissellement. Les eaux de pluie qui pénètrent dans le sol par infiltration peuvent stagner jusqu’à des milliers d’années avant de retourner dans les océans. Un peu moins de la moitié des précipitations va servir à recharger les nappes souterraines.

On évoque souvent le petit cycle de l’eau qui renvoie essentiellement au réseau de distribution à usage domestique depuis son captage jusqu’à son retour dans le milieu. Le « grand cycle de l’eau » a évolué au fil des siècles, en lien avec les activités humaines. Elles peuvent le ralentir, l’accélérer, comme la déforestation, l’artificialisation des sols, la canalisation des cours d’eau.

Quelle eau pour quels usages ?

La plupart des sociétés humaines se sont développées auprès des sources d’eau douce et le long des cours d’eau. Si l’eau est nécessaire pour toutes les activités humaines, domestiques, urbaines, agricoles, industrielles, elle est essentielle pour l’environnement. Sa disponibilité et sa qualité doivent être préservées.

La répartition de l’eau entre les usages est fonction du niveau de développement des pays, de l’évolution de la demande et des conditions climatiques. Dans les pays émergents, 80 % de la consommation est dédiée aux usages agricoles, 10 % aux usages industriels et 10 % aux usages domestiques, tandis que dans les pays développés, 48 % sont dédiés à l’agriculture, 40 % aux usages industriels et 12 % aux usages domestiques.

Deux indices sont à prendre en compte : les quantités d’eau prélevée et les quantités d’eau consommée. L’eau prélevée pour les usages domestiques et industriels retourne rapidement dans les écosystèmes. L’eau dédiée à l’agriculture, outre une évaporation naturelle, est consommée par des cultures gourmandes en eau, tels le maïs, le soja, les vergers.

Les menaces sur l’eau au XXIe siècle

La surexploitation des eaux souterraines dans le monde a plus que doublé entre 1960 et 2000 (2,5 fois plus). Elle a encore progressé durant les 25 dernières années. « Nous devons faire face à des contraintes socio-démographiques qui accentuent la pression sur la ressource, comme le maintien de pratiques agricoles problématiques, l’urbanisation grandissante des littoraux et métropoles, ou encore des mouvements de population », précise la démographe Véronique Van Tilbeurgh.

Le changement climatique accentue l’épuisement des eaux de surface et souterraines. Les épisodes récurrents de sécheresse entraînent un puisage dans les eaux souterraines, entraînant leur épuisement temporaire voire durable. L’augmentation de la quantité des pluies au printemps et en début d’été ne signifie pas « plus d’eau » car elle est captée par la végétation et ne bénéficie pas nécessairement aux réserves naturelles.

La pénurie d’eau douce prive la nature de services écosystémiques « gratuits » offerts par l’eau : l’évaporation qui rafraîchit l’atmosphère, le stockage de carbone qui réduit l’effet de serre ou encore la réduction des pollutions organiques, grâce à l’activité des organismes aquatiques.

La qualité de l’eau

Les écosystèmes de l’eau douce abritent une grande biodiversité et sont essentiels à la vie sur terre. Ils sont grandement menacés par les rejets de produits chimiques, de déchets industriels et agricoles ainsi que des polluants venus de zones urbaines qui contaminent l’eau. La construction de barrages et de canaux et autres infrastructures réduisent les zones humides et affectent la biodiversité. L’augmentation des températures et les variations des précipitations agissent aussi sur la qualité de l’eau.

La recherche s’attache depuis des années à préserver la qualité de l’eau. Des solutions efficaces existent et nombre d’entre elles sont mises en œuvre dès à présent en protégeant les habitats naturels par des lois et directives, en traitant les eaux usées, en promouvant des pratiques agricoles durables et en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.

Pourquoi faut-il gérer l’eau ?

Améliorer la qualité de l’eau, faciliter son accès et sa répartition, lutter contre les inondations, irriguer, préserver la biodiversité, fournir de l’eau potable, etc., constituent les axes de la gestion de l’eau. Au niveau mondial et au niveau des États, la gestion est multi-acteurs, multi-échelles et multi-problématiques.

Les principaux acteurs de l’eau en France vont de l’Union européenne aux communautés de communes ou d’agglomération. L’Union européenne a fixé des objectifs – la Directive Cadre sur l’Eau en 2000 – pour protéger et gérer durablement les ressources en eau des États membres.

Au niveau national, les ministères compétents en termes d’environnement, d’aménagement du territoire et de l’énergie ont en charge la réglementation. L’Office français de la biodiversité assure la police de l’environnement, l’expertise et la production de connaissances.

Pour chacun des 12 bassins hydrographiques, le comité de bassin et l’agence de l’eau mettent en œuvre les directives et la stratégie définie pour le bassin. Le niveau local, sous la responsabilité du préfet de département, traite des problèmes d’approvisionnement, de distribution et d’assainissement.
Les enjeux à venir posent la question de la solidarité, du juste partage des efforts, notamment en termes de sobriété, entre tous les usagers de l’eau.

Les polluants au fil des siècles

Dans l’Antiquité, le plomb crée des problèmes de santé dont le saturnisme, s’ajoutent au Moyen Âge des engrais et des eaux usées qui font proliférer des algues, privant les organismes aquatiques d’oxygène. La Renaissance se caractérise par le rejet des teintures et la Révolution industrielle rejette des métaux lourds, des éléments de chimie de synthèse ainsi que des engrais chimiques qui ont de lourds impacts sur la santé du vivant (humains compris).

Depuis 60 ans l’eau est polluée par les antibiotiques, les hormones et les PFAS (pesticides, emballages alimentaires, revêtements antiadhésifs, vêtements synthétiques, cosmétiques, etc.). Autant de substances qui altèrent le système immunitaire et le métabolisme des organismes aquatiques, créent des troubles de la fertilité, des cancers, obésité chez le vivant et posent des défis de traitement pour garantir la qualité de l’eau.

Vraies ou fausses bonnes idées

Installer des méga-bassines. Ces réservoirs artificiels d’irrigation bouleversent le cycle de l’eau, assèchent les sols et encouragent une agriculture intensive déjà très gourmande. En sus, leur forme large et peu profonde favorise l’évaporation.

Ensemencer les nuages. En propulsant des aérosols ou du sel vers les nuages, il serait possible de contrôler la météo. Cette technique, connue depuis les années 1940, est utilisée pour faire pleuvoir et éviter les orages et la grêle. Scientifiquement, il est presque impossible de prouver que cela permet d’augmenter les précipitations.

Dessaler l’eau de mer. La production d’eau de mer a été multipliée par cinq en vingt ans. Cette eau peut alimenter des régions entières comme en Espagne ou en Arabie saoudite. Véritable solution pour des pays arides situés en bord de mer, le dessalement est extrêmement gourmand en énergies fossiles et les rejets d’usine affectent l’environnement marin.

Récupérer l’eau de pluie. De plus en plus de particuliers installent des cuves dans leur jardin pour arroser leur potager ou même relient ces réservoirs à leurs sanitaires ou à leur lave-linge. Il reste interdit de boire l’eau de pluie telle quelle : elle est chimiquement contaminée.