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Inégalités scolaires : un zéro pointé


Une nouvelle fois l'Éducation nationale se retrouve sous les feux de l'actualité. Suite à une enquête engagée par la Cour des comptes sur « les inégalités territoriales et l'égalité des chances dans l'Éducation nationale » un pré rapport vient d'être établi. Et il appuie une fois de plus là où ça fait mal : les plus forts moyens financiers ne vont pas là où on pourrait s'y attendre.

Est-ce donc si confidentiel que de dire ce que tout le monde sait déjà ? L’école elle aussi souffre de profondes inégalités voire les développe. Des chiffres accablants montrent que bien loin de favoriser les milieux et les territoires défavorisés, on aboutit à l’inverse.

Ainsi, mi-mai, le journal « Le Monde » estimait, après s’être livré à des comparaisons, qu’en 2010, l’État a consacré 47% de plus à la formation d’un élève parisien que pour un banlieusard des académies de Créteil ou de Versailles (alors que les taux de réussite scolaire y sont moindres), ou encore 51% de plus pour un élève niçois.

Un constat qui en entraîne d’autres. Pour sa défense, le ministère indiquait que l’académie de Paris a des enseignants plus expérimentés d’où un besoin de financement accru. Une façon de confirmer une autre difficulté largement pointée dans des enquêtes antérieures.

Elles dénonçaient déjà le fait que les territoires les plus sensibles concentrent les enseignants les plus jeunes souvent inexpérimentés et en manque de formation. Et cela contre toute logique pédagogique qui voudrait au contraire que ces territoires bénéficient prioritairement de la présence d’enseignants confirmés.

Bien embarrassée, la Cour des comptes s’est contentée pour l’instant de réagir sur des aspects de forme dénonçant ce qu’elle considère comme des fuites. Elle estime en effet que le document cité n’est qu’un relevé d’observations qui doit passer par une procédure contradictoire avec les autorités compétentes, en l’occurrence l’État par le biais du ministère de l’Éducation nationale, et qu’il ne s’agit pas d’observations définitives.

Quand l’État dépense 51% de plus pour un élève niçois que pour un enfant de banlieue...

De quoi faire

Il est donc bien loin le temps où la France se lançait dans des dispositifs dits de « discrimination positive » – idée qui avait d’ailleurs fait polémique – afin de combler des inégalités sociales ou territoriales en ciblant des zones urbaines sensibles et des quartiers en difficulté.

Des mesures qui ont ainsi amené la création des zones d’éducation prioritaire ou la mise en place de filières d’excellence pour assurer une plus grande mixité sociale dans l’enseignement supérieur.

Dans un précédent rapport intitulé « l’Éducation nationale face à l’objectif de réussite de tous les élèves », cette même Cour des comptes avait souhaité que la réussite de tous les élèves soit un objectif véritablement partagé qui conduise chacun à un diplôme ou à une qualification. On est donc bien loin de cet objectif ambitieux.

La route pour réduire, et plus encore pour résoudre, le problème des inégalités à l’école est encore longue. Il y aura de quoi faire pour le nouveau ministre de l’Éducation nationale et la nouvelle ministre déléguée à la Réussite éducative.

Jean-Paul Rueff

Les comparaisons internationales aussi !

En consacrant environ 3,9 % de son produit intérieur brut (PIB) à ses établissements d’enseignement au niveau primaire et secondaire, la France se situe globalement dans la moyenne des États membres de l’OCDE. Toutefois, ce taux a diminué pendant la période récente, puisqu’il s’élevait à 4,5 % en 1995. En 2006, la France ne figurait plus qu’au 11e rang de l’OCDE pour le financement de l’enseignement scolaire, tant public que privé, alors qu’elle occupait le 2e rang en 1995.