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Action internationale


Irlande : Après l’austérité, la croissance ?


L'Irlande assure, depuis le 1er janvier, et pour six mois, la présidence de l'Union européenne. Elle en a défini les priorités. Mais chacun se souvient de la crise qui a frappé le pays, si proche et pourtant si mal connu des Européens et des Français. Au-delà des clichés.

Malgré ses récentes difficultés, l’Irlande vient -courant janvier- de faire un grand retour sur les marchés obligataires avec un placement de 2,5 milliards d’euros d’obligations à 4 ans, opération souscrite facilement puisque la demande portait sur 7 milliards.

Qui dit « Irlande » pense Connemara, rêve whisky, entend bombardes et binious et célèbre Saint Patrick. La réalité est évidemment plus complexe.

La population est de 4,5 millions d’habitants répartis sur 70 273 Km2. Membre de l’Union européenne depuis 1973 et de la zone euro depuis 2002, l’Irlande n’est toutefois pas membre de l’espace Schengen. Le produit intérieur brut (PIB) de l’Irlande représente environ 1,5 /1,6% du PIB de la zone euro.

L’Irlande a obtenu quatre dérogations au traité de Lisbonne en octobre 2009 (ces dérogations avaient pour but de faciliter l’adoption du traité par référendum). Elles concernent la neutralité en matière de politique étrangère, la politique fiscale, l’éducation et la famille.

Le pacte budgétaire européen, officiellement appelé traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), a été ratifié le 31 mai 2012 par référendum avec 60,3% de « pour », 39,7% de « contre », mais cependant une faible participation de 50,6%.

Croissance retrouvée ?

L’Irlande est actuellement gouvernée par une coalition constituée du parti majoritaire de « centre droit » Fine Gael et du parti de « centre gauche » le Labour.

Le pays a subi de plein fouet, durant quelques années, l’éclatement de la « bulle immobilière » avec ses effets sur les banques et le ralentissement économique. L’Etat a dû apporter une garantie illimitée sur les dépôts bancaires, et début 2009, nationaliser Anglo Irish Bank. Le déficit public s’est alors considérablement accru représentant plus de 30% du PIB en 2010.

Cette situation a conduit le pays à demander l’aide internationale (UE/FMI) qui lui a été accordée en novembre 2010 pour un montant global de 85 milliards d’euros (dont 17,5 proviennent du « fonds national pour les retraites » et 4,8 milliards de prêts bilatéraux du Royaume-Uni, du Danemark et de la Suède).

Évolution de la situation économique de l’Irlande

200720082009201020112012
Croissance du PIB (en %) 5,4 -2,1 -5,5 -0,8 1,4 0,4
Taux de chômage(en %) 4,6 6,3 11,8 13,6 14,4 14,8
Déficit public (en % du PIB) 0,1 -7,3 -13,9 -30,9 -12,8 -8,3
Dette publique (en % du PIB) 25 44,5 64,9 92,2 106,5 117,7

Source : FMI, octobre 2012.

Le pays a renoué avec la croissance en 2011 avec une augmentation de 1,4% du PIB. La « troïka » composée de la Commission européenne, du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque centrale européenne (BCE) a effectué en octobre une huitième mission et a conclu que l’Irlande avait rempli correctement les conditions qu’elle avait fixées.

Le budget 2013 comprend des mesures qui ont pour objectif de rapporter 29 milliards (soit 17% du PIB estimé). L’avenir dira si, après des sacrifices sociaux importants caractérisés par le recul de la consommation privée et l’accroissement du chômage, le pays peut de nouveau retrouver la croissance comme semblent le penser bon nombre de commentateurs économiques.

Jean-Pierre Moussy

Les priorités européennes irlandaises

Le 17 décembre 2012, la ministre des Affaires européennes, Mme Lucinda Creighton a présenté les priorités développées, depuis le 9 janvier, à Dublin par le Premier ministre irlandais Enda Kenny :
 la stabilité économique et l’emploi en insistant sur les potentialités du secteur numérique et les PME ;
 une attention particulière au chômage des jeunes qui atteint des niveaux de plus de 25% dans 13 États membres ;
 les discussions commerciales à approfondir avec des partenaires stratégiques dont les USA, le Japon ainsi que le Canada et Singapour.

L’Irlande voudra profiter de cette présidence pour desserrer les contraintes de la « troïka ». Elle pourra s’appuyer sur deux évènements marquants : le 40e anniversaire de l’adhésion de l’Irlande à l’UE et le fait que 2013 sera pour l’Europe : « l’année européenne des citoyens » : deux évènements pour lesquels l’Irlande ne manquera pas de prendre des initiatives.

Enda Kenny, Premier ministre irlandais