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Jaurès, un pacifiste, un humaniste, un réformiste


Un homme politique hors du commun comme Jean Jaurès, notre société n’en rencontre guère plus d’un par siècle. Des rues, des avenues, des places, des écoles, toutes nos cités l’ont mis en valeur… Extraits des discours d’un homme de parole.

Beaucoup de Français pensent qu’il aurait été président de la République. Il n’en fut rien.
Jean Jaurès ne fut que simple député, mais quel député ! Né à Castres en 1859, il fut élu à l’âge de 26 ans.

Jean Jaurès par Nadar

Il n’admettra pas que la seule lutte des classes soit le moteur essentiel de la vie politique et économique du pays. Il s’inscrira plutôt dans l’idée d’un socialisme démocratique dans la continuité de la Révolution française.

Il tentera d’unifier les différentes tendances du mouvement ouvrier en fondant le journal L’Humanité aujourd’hui au service du PCF, mais, à l’époque, organe proche de la SFIO (parti socialiste).

C’était un tribun exceptionnel et redoutable. Citons ici quelques-unes de ses interventions à la chambre des députés.

 Il dénonce la corruption à propos du scandale de Panama, une affaire liée au percement du canal qui éclaboussera des hommes politiques et industriels français : « Ce n’est pas là un étroit procès instruit contre quelques hommes entre les murs étroits d’un prétoire ; c’est le procès de l’ordre social finissant qui est commencé et nous sommes ici pour y substituer un ordre social plus juste. » débat du 8 février 1893.

 A propos de l’affaire Dreyfus, après le « J’accuse » de Zola : « Vous voulez, pour sortir de l’impasse où vous êtes acculés, tenter une diversion contre la presse et les journalistes. Je vous dis, moi, tout simplement ceci : vous êtes en train de livrer la République aux généraux ! ».

 Jean Jaurès n’hésite pas à s’engager contre la peine de mort : « Parmi ces têtes qui tomberont, il y aura des têtes d’innocents ! » débat du 18 novembre 1908.

 A l’occasion du débat sur la séparation de l’Église et de l’État en 1905 : « L’idée, le principe de vie qui est dans les sociétés modernes, qui se manifeste dans toutes leurs institutions, c’est l’acte de foi dans l’efficacité morale et sociale de la raison, dans la valeur de la personne humaine raisonnable et éducable. C’est ce principe qui se confond avec la laïcité elle-même, c’est ce principe qui se manifeste, qui se traduit dans toutes les institutions du monde moderne. C’est ce principe qui commande la souveraineté politique elle-même. » débat du 10 janvier 1910.

 En 1911, devant la montée du nationalisme, il préconise une armée nouvelle purement défensive et fondamentalement démocratique. Il voit venir le péril de la guerre. « Et qu’on n’imagine pas une guerre courte, se résolvant en quelques coups de foudre et quelques jaillissements d’éclairs […]. Ce seront des masses humaines qui fermenteront dans la maladie, dans la détresse, dans la douleur, sous les ravages des obus multipliés, de la fièvre s’emparant des malades. » débat du 20 décembre 1911.

 Et le 25 juillet 1914, devant la montée des tensions, il estime que « jamais l’Europe n’a été dans une situation plus menaçante et plus tragique que celle où nous sommes à l’heure où j’ai la responsabilité de vous adresser la parole. » discours de Vaise.
Quelques jours plus tard, le 31 juillet, il sera assassiné par un nationaliste au café « Le Croissant » à Paris. Et la guerre s’engage à Sarajevo.

Georges Goubier

Monument de Jean Jaurès à Carmaux, sculpture de Gabriel Pech.