Jean-Marie Triacca : le militant européen de l’ombre
Jean-Marie Triacca est recruté au Parlement européen en 1982 après des études à la Faculté des lettres de Metz et avoir enseigné pendant 15 ans en collège à Metz en étant adhérent CFDT. Ses fonctions d'administrateur principal attaché au groupe socialiste arrivent à échéance d'une retraite bien méritée. Ainsi, durant vingt-six ans, il a rencontré de nombreux syndicalistes, notamment ceux de la CFDT au sein de la Confédération européenne des syndicats (CES) et du Comité économique et social européen.
Fil Bleu. Quel est le rôle d’un groupe politique, comme le Parti socialiste européen (PSE), dans le fonctionnement du Parlement européen ?
Jean-Marie Triacca. Le groupe PSE, créé en 1953, constitue à sa création une Union des Partis socialistes de la Communauté. Le PSE a joué un rôle moteur dans l’élaboration des premières mesures sociales. Avec le temps, il a oeuvré pour qu’une véritable législation sociale européenne s’applique dans tous les pays de l’Union. Sans lui, aucune décision politique n’aurait pu être prise en raison de la nécessité d’arriver à une majorité.
Qu’est-ce qui t’a le plus marqué durant ces années au sein du Parlement européen ?
JMT : J’ai d’abord rencontré un milieu européen totalement nouveau pour moi. Mon expérience politique militante m’a été bien utile pour prendre en compte les points de vue différents qui s’exprimaient avec vigueur notamment dans le domaine social. Avec la nécessité de trouver les meilleurs compromis au service du progrès social et des citoyens européens. Je garde en mémoire les luttes régulières qu’il nous fallait mener à propos des horaires de travail comme des conditions de travail en Europe. Et aussi le souvenir brûlant d’une délégation de syndicalistes belges de Vilvoorde venus à Strasbourg défendre leur emploi menacé déjà par la crise internationale. Leur lutte ne fut pas vaine. Une solution de reclassement fut trouvée mais l’usine fut néanmoins fermée.
Le Parlement européen joue-t-il un rôle de plus en plus important au sein des institutions européennes ?
JMT : Le Parlement est l’expression démocratique de la volonté des citoyens européens qui élisent tous les cinq ans leurs députés. La politique de l’Union européenne s’élabore en fonction de ce vote. Le Parlement a un grand rôle à jouer comme codécideur avec le Conseil des ministres qui représente les États, sur la base des propositions présentées par la Commission. La Commission est donc déterminante dans le bon fonctionnement de ce triangle institutionnel. Il faut veiller à maintenir un équilibre entre les institutions. À côté du Conseil et de la Commission, le Parlement joue un rôle qui ne peut que se développer dans les années à venir.
Peux-tu donner des exemples de décisions du Parlement européen allant dans le sens d’une meilleure Europe sociale ?
JMT : L’Europe sociale n’est pas allée aussi vite que l’Europe économique et surtout monétaire avec l’Euro. Mais elle a créé des emplois à travers l’intervention des fonds structurels, dont le Fonds social européen. À travers les politiques de formation, des jeunes et des chômeurs des pays de l’Union ont retrouvé un engagement professionnel. Autre avancée, celle sur la réduction du temps de travail, en tenant compte des traditions et cultures nationales, fixant des maxima européens (48 heures par semaine). L’action du Parlement européen a aussi été déterminante à propos de la santé et de la sécurité au travail. Et puis l’action conjuguée de la CES et d’une majorité au Parlement a permis de modifier fondamentalement le projet de directive « Services » dans un sens positif pour les populations concernées.
L’élection des parlementaires européens au suffrage universel aura lieu le dimanche 7 juin, en UN SEUL tour.