UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

Actu revendicative


L’allocation de solidarité toujours sous le seuil de pauvreté


Selon une étude du Conseil d'orientation des retraites, le niveau de vie des personnes âgées a rejoint celui des actifs. Mais 10% des 65 ans et plus sont toujours considérés comme pauvres en France. Un million vivent avec moins de 890 € par mois. Faute de ressources suffisantes, une partie bénéficie de l'allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa) dont le montant reste sous le seuil de pauvreté.

Au sortir de la seconde guerre mondiale, les personnes âgées constituaient une part importante de la population pauvre en France. Elles sont, de nos jours, relativement moins concernées par la pauvreté. Depuis 1990, le taux de pauvreté des personnes âgées stagne autour de 10%.

Les allocataires de l’Aspa, appelée minimum vieillesse à sa création en 1956, représentaient en 2006, 4,5% des 65 ans et plus, alors qu’en 1956 plus de 50% étaient prises en charge par ce dispositif. La généralisation et l’amélioration des systèmes de retraite, mais aussi le décès des ayants droit les plus âgés, moins bien couverts par l’assurance vieillesse, ont grandement participé à rééquilibrer la situation de nombre de retraités.

Taux de pauvreté selon l’âge et le sexe

Âge au 31 décembre. Seuil à 60%. Chiffres 2007.

Femmes
Hommes
Moins de 18 ans 17,8% 17,9%
18 à 29 ans 19,7% 17,2%
30 à 49 ans 12,5% 10,4%
50 à 59 ans 11,2% 10,3%
60 à 74 ans 8,8% 8,3%
75 ans ou plus 13,4% 8,9%
Ensemble 14,0% 12,8%
Personnes pauvres 4,3 millions 3,7 millions

Source : Insee

Rattrapage insuffisant

Dans les années 1970, des hausses sensibles de l’Aspa (17,4% en moyenne par an) sont intervenues à un rythme plus rapide que les pensions et que l’inflation. Après 1982, les deux barèmes vont augmenter dans les mêmes proportions. Leur revalorisation s’est fortement ralentie par la suite, malgré les « coups de pouce » de 1996, 1999 et 2000. Malgré cela, l’Aspa, établie en 2006 à un montant de 610 € par mois, ne dépasse pas les seuils de pauvreté établis, suivant les cas, à 60% ou à 50% du revenu médian.

À cette date, le niveau de vie des personnes seules - ayant pour unique ressource cette allocation - est inférieur de 31% au seuil de pauvreté à 60%. Quelle que soit la définition normative de la pauvreté retenue (50% ou 60%), l’écart entre l’Aspa et les seuils de pauvreté s’est accru au fil du temps.

Depuis plus de 20 ans, l’écart avec les seuils de pauvreté ne cesse de se creuser plus fortement encore pour les allocataires vivant seuls que pour les couples. Une augmentation de 25% d’ici 2012 de ce minimum vieillesse pour les seuls allocataires isolés a été décidée après les manifestations réussies du 6 mars 2008. Si elle permet de rattraper l’écart avec l’allocation servie aux couples, elle ne porte pas son montant au-dessus du seuil de pauvreté.

Pauvreté relative

En France et en Europe le seuil de pauvreté est dit relatif. On considère comme pauvre une personne seule dont le revenu disponible est inférieur à 60% du revenu dit « médian ». Ce revenu médian est celui qui partage la population en deux, autant gagne moins, autant gagne davantage. Soit en 2006 1 483 €. Par conséquent, 60% de ce montant donne 890 €. Jusqu’en 2007, le seuil de pauvreté officiel se situe à 50% du revenu médian, soit 741 € en 2006. Le revenu disponible est celui obtenu après avoir payé ses impôts et ajouté les prestations sociales.

Aléas de carrière

Les bénéficiaires de l’Aspa sont en moyenne plus âgés que les retraités (75,7 ans en 2006). Les personnes isolées (célibataires, veuves ou divorcées) représentent, en 2006, près de 75% des bénéficiaires (41 % pour la part des 60 ans et plus). Pour deux tiers, il s’agit de retraités salariés ou exploitants agricoles. D’autres sont des femmes ayant validé un nombre important d’années d’assurance vieillesse de parents au foyer (AVPF) pour lesquelles il n’y a pas de cotisation à la retraite complémentaire.

Les femmes représentent 59% des retraités pauvres en 2006. Leur proportion croît, surtout au-delà de 69 ans, en raison d’une espérance de vie plus élevée, pour atteindre 88% des bénéficiaires de 90 ans ou plus. Mais, depuis peu, la part des hommes s’accroît légèrement et ce dès 69 ans. L’arrivée à l’âge de la retraite des premières générations ayant eu des aléas de carrière ainsi que le changement dans les règles de calcul des pensions amènerait davantage d’hommes qu’auparavant dans le dispositif.

Ombretta Frache