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L’égalité facteur de développement et de bien-être


Les politiques semblent vouloir s’attaquer aux inégalités. Mais les patrons résistent. Pourtant il y a urgence, tant les écarts salariaux progressent rapidement. Ils ont augmenté plus vite entre 2007 et 2010 qu’au cours des douze années précédentes, constate l’OCDE. Les inégalités : une maladie qui peut être grave, voire mortelle pour l’humanité.

À l’occasion du dernier Forum de Davos où une quarantaine de chefs d’État se retrouvent ainsi que quelque 2 500 décideurs politiques et économiques parmi les plus influents de la planète, Oxfam a publié un nouveau rapport sur les inégalités dans le monde.

On y souligne que depuis le début de la crise économique, les inégalités sont en forte augmentation. Aujourd’hui, les 85 plus grandes fortunes du monde possèdent autant que la moitié la moins riche de la population mondiale (3,5 milliards). D’un côté les profits des très grandes entreprises, les salaires d’une poignée de dirigeants et les transactions boursières qui battent des records, et de l’autre le chômage et la précarité.

Près de la moitié des richesses mondiales est entre les mains des 1 % les plus riches, tandis que 99 % de la population mondiale se partagent l’autre moitié. Phénomène mondial : en Inde, le nombre de milliardaires est passé de 6 à 61 ces dix dernières années, concentrant 250 milliards de dollars dans un pays qui compte 1,2 milliard d’habitants.

En France, selon l’Observatoire des inégalités, entre 2008 et 2011 la masse globale de l’ensemble des revenus des ménages s’est accrue de 34,3 milliards d’euros, inflation déduite (Insee). Les 10 % les plus pauvres ont perdu 180 millions d’euros au cours de cette période, la masse de leurs revenus passant de 49,7 à 49,6 milliards d’euros. Les 10 % les plus riches ont gagné presque 24 milliards d’euros, la masse de leurs revenus ayant augmenté de 336 à 360 milliards d’euros. À lui seul, le dixième le plus riche a donc reçu 70 % de l’ensemble de la croissance de l’ensemble des revenus (24 milliards rapportés aux 34,3 milliards de l’ensemble).

L’équité, un signe d’efficacité

Selon deux épidémiologistes anglais, le bien-être de nos sociétés a beaucoup à voir avec le niveau d’égalité qui y règne et beaucoup moins avec leur richesse globale. Qu’on mesure l’état de santé physique et mentale des individus, l’espérance de vie, la réussite scolaire, l’empreinte écologique, la toxicomanie, les maternités précoces…, tout démontre que les sociétés démocratiques les plus égalitaires sont aussi celles qui sont les plus humainement développées. Une forte hiérarchie conduit à des conflits fondés sur la peur. Dans les entreprises où l’écart de rémunérations s’est fortement accru pour atteindre un cap de 1 à 300 voire plus, « cela crée un sentiment très fort de supériorité ou d’infériorité, et c’est un puissant moyen de dire à un très grand nombre de gens qu’ils valent très peu, à peine quelques centièmes de vous-mêmes, ce qui est le pire des moyens de diriger ».

Les pays les plus inégaux sont aussi ceux où les ménages dépensent plus qu’ils ne gagnent et s’endettent le plus, « parce que dans une société consumériste, l’argent montre ce que vous êtes. Le monde de la consommation est le reflet de la compétition des statuts. Au total, ils affirment que « si on veut aller vers un développement durable, il faut choisir de promouvoir plus d’égalité ».

Cela est possible, à condition de le vouloir. Il existe des exemples indéniables de succès, aussi bien par le passé qu’actuellement, et une récente étude du FMI prouve que combattre les inégalités se justifie aussi du point de vue de l’efficacité économique. Fini le temps où la plupart des économistes nous démontraient que le creusement des inégalités était le prix à payer pour une croissance vigoureuse. La conclusion de cette étude est nette : « Ce serait une erreur de se concentrer sur la croissance sans s’occuper de la répartition des revenus. » Entre efficacité et équité, il ne faut pas choisir.

Guy Gouyet

Sources : rapport Oxfam, Alter Eco, les Clés du social, Alternatives internationales.

Une trop forte inégalité des salaires conduit à des conflits fondés sur la peur