Son titre "Nous vieillirons ensemble…" et l’angle d’étude choisi confirment cette orientation. Luc Broussy fait souvent référence au rapport Libault ainsi qu’aux travaux de Myriam El Khomri et Jérôme Guedj. Mais il fait aussi des rappels sur les articles de la loi Adaptation de la société au vieillissement (ASV) et explique en quoi leurs applications demeurent difficiles.

Prise en compte des expérimentations et simplification des dispositifs

L’un des aspects intéressant de sa démarche réside dans le rappel de l’existant, en termes de dispositif d’aide à l’habitat. Mais il souligne que les modes d’accès pour en bénéficier ne sont pas toujours aisés. Il met en évidence la complexité des mesures et leur manque de cohérence. Aussi préconise-t-il une simplification de l’ensemble pour que chaque personne qui veut choisir son lieu de vie puisse accéder plus facilement à des améliorations nécessaires selon son état d’autonomie.
Les chapitres concernant les résidences intergénérationnelles exposent des expérimentations anciennes qu’il faudrait reprendre en insistant sur la mixité sociale et l’aménagement de l’environnement. Le rapporteur dénonce le trop faible volume de logements adaptés et propose une contractualisation plus étendue avec les collectivités locales.
Il souligne aussi qu’un soutien aux labels existants est nécessaire. « Action Cœur de Ville », « Petites villes de demain », « Réseau francophone Villes amies des aînés ». Des réalisations déjà existantes telles que les missions dévolues à la Poste, le travail en plateforme des Ehpad doivent être développées.

Les zones blanches du vieillissement

Luc Broussy dénonce le fait que la dimension vieillissement de la population n’est pas prise en compte dans les projets officiels. Il fait allusion aux zones blanches que sont la prise en compte du vieillissement des étrangers, la condition de la femme âgée et la situation difficile des personnes âgées en Guadeloupe et en Martinique. Dans un passage consacré à la loi LOM (loi d’Orientation des mobilités 2019), il insiste sur la cohésion indispensable entre les territoires.
L’aspect financier est toujours sous-jacent concernant les recommandations faites. La mobilisation des organismes de protection sociale et des Conférences des financeurs est demandée pour parvenir à plus d’équité. La logique de prévention est fermement rappelée. Aujourd’hui, les actions de soutien envers les plus âgés se font lorsque le problème est apparu, alors que des aides auraient pu minimiser leurs difficultés.

« Une grande loi, un plan d’action : ici et maintenant »

Président de France Silver Éco, Luc Broussy rappelle que « c’est l’économie dans sa globalité qui a tout à gagner à prendre en compte le vieillissement de la population ». Pour lui, le vieillissement n’est pas un problème, mais un fait, alors que les politiques publiques ne sont élaborées que sous un angle sanitaire ou médico-social.
Dans sa dernière partie, le rapport expose l’enjeu des années à venir et demande la création d’un comité interministériel de la transition démographique. Il met aussi en évidence la dimension solidaire de la prise en charge du vieillissement et apporte des éléments de réflexion et d’action pour assumer l’évolution démographique.
La CFDT est depuis plusieurs années mobilisée en ce sens. Espérons que la publication de ce document avec ses 80 propositions permettra l’émergence du projet de loi Grand âge et Autonomie dans un délai proche.

Françoise Marchand