L’aventure a commencé par l’envoi d’une lettre au maire afin de sensibiliser les élus à la sauvegarde des traces du passé industriel de Fougères et faire revivre l’histoire de ses productions significatives dans le domaine de la chaussure, de la verrerie et cristallerie et de l’habillement. La création de l’association, en juin 2010, a permis d’attester la volonté de concevoir un lieu vivant de la mémoire ouvrière et industrielle du Pays de Fougères. Ont aussi été incluses les entreprises de granit et de sabotiers, implantées en dehors de la ville.

Un temps de collecte et de stockage puis de présentation et d’explication

Un travail de collectage pour maintenir la mémoire des entreprises a été effectué, au fil du temps, à partir des témoignages de retraités. L’association s’est tout d’abord appuyée sur la présentation du matériel des usines qui ont fermé. Au fur et à mesure des dons et des reprises de machines, le fonds de l’association s’est progressivement enrichi et un problème de stockage est apparu. Le projet de créer un lieu vivant nécessitait aussi de trouver un espace permettant d’accueillir du public et de faire des démonstrations en utilisant des machines encore performantes. Actuellement, La Sirène occupe un local de 500 mètres carrés dans une zone industrielle.

Mieux valoriser le passé industriel de Fougères demande aussi, pour les membres de La Sirène, une disponibilité importante pour organiser des temps d’échanges, d’animations auprès des groupes de retraités, des scolaires et des habitants de la ville, en lien avec l’office de tourisme.

Une animation de la cité tout entière

Les conférences qui attirent beaucoup de monde sont organisées régulièrement. La projection du film Des poissons rouges dans le bénitier, sur les abbés démocrates en Bretagne, a rappelé l’importance de l’œuvre de l’abbé Bridel, qui a marqué le développement de Fougères grâce à la création de coopératives.

Des petits musées d’été ont vu le jour dans des locaux près du château, permettant de connaître le passé de la ville sous forme d’exposition gratuite et hétéroclite d’objets manufacturés, de photos d’archives, d’outils, etc. Les anciens et les plus jeunes les visitent avec plaisir.
Le passé industriel de Fougères a été introduit dans les commentaires du petit train touristique sous la rubrique « Les petits potins d’usine ».

Deux livres de photos ont été édités à l’initiative de La Sirène : Fougères l’ouvrière de Gérard Fourel, en 2013, et Fougères, vies ouvrières de Jacky Hamard, en 2018.

Actuellement, La Sirène est mobilisée pour la préparation d’une exposition sur la vie et l’action de l’abbé Bridel et la réfection de sa statue, fleurie chaque premier mai.

L’association occupe une place importante dans la vie de la cité. Forte de près de 300 adhérents, elle sait innover et son dynamisme répond aux attentes des retraités et des plus jeunes. Des opérations de communication et l’organisation de spectacles de soutien, notamment avec Gilles Servat, ont renforcé son influence. Les animateurs de La Sirène, tous bénévoles, investissent un temps important pour maintenir le rythme.

Aujourd’hui, La Sirène fait partie d’un collectif d’associations dont le projet est de créer un tiers lieu. Elle souhaite que son objet – la création d’un lieu vivant de la mémoire ouvrière du Pays de Fougères – puisse se développer dans un espace plus adapté à ses activités.

[Françoise Marchand