La dépendance n’est pas à vendre
« Quand nos finances publiques sont dans la situation où elles sont, quand le travail est à ce point taxé, quand cinq millions de Français ont déjà souscrit une assurance dépendance, est-il raisonnable de ne pas s’interroger sur le rôle que peuvent jouer les mutuelles, les compagnies d’assurance et les organismes de prévoyance ? » a plaidé Nicolas Sarkozy, le 8 février dernier en clôture d’un colloque sur la dépendance. Le président de la République a souhaité qu’aucune piste de financement de la dépendance ne soit écartée d’emblée, y compris celle de l’assurance privée.
L’hôte de l’Elysée aurait-il parlé trop vite en gommant à l’avance les recommandations des quatre groupes de travail sur le sujet mis en place par sa ministre ? Cherche-t-il, en pesant ainsi dans le débat, à réduire au silence les groupes territoriaux à venir ? Ou veut-il rassurer sa majorité sénatoriale qui vient de publier un rapport affligeant ?
La réalité est ailleurs. En excluant toute solution publique nationale, le Président ouvre grandes les portes aux assureurs au détriment de la solidarité. Une façon de remettre en cause l’État Providence en opposant les ayants droit aux autres salariés. D’autres voies sont possibles.
D’autres points sont aussi à traiter : le nombre de places dans les établissements d’hébergement, le tarif journalier de ceux-ci, la diversification des modes d’hébergement, l’accueil des personnes victimes de maladies neurodégénératives, la tarification des services à domicile, le soutien à apporter aux aidants familiaux, et jusqu’aux basses pensions de trop nombreuses veuves. Le dossier de ce numéro est hélas trop explicite sur ce point, comme sur bien d’autres...
Pour notre part, en lien avec la confédération, nous continuerons, résolument et sans tabou, sur les deux années qui viennent, y compris en intersyndicale, à revendiquer et à agir pour une prestation dépendance universelle, solidaire et publique afin de répondre aux vœux du président de la République : « Chacun a droit à sa dignité face aux souffrances du grand âge ».
Mais peut être n’avons-nous pas le même sens de la dignité que lui. Ni la même capacité d’indignation.
éditorial de Michel Devacht, secrétaire général