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La guerre des vaccins


En janvier 2020 est identifié et rapidement séquencé un nouveau virus, le SARS-CoV-2 responsable de la pandémie de la Covid-19. Depuis cette date, près de 200 laboratoires répartis dans le monde entier cherchent à créer un vaccin. La concurrence entre les équipes est scientifique, économique mais aussi politique.

Cette course dans la recherche peut évoquer la rivalité qui a opposé, à la fin du XIXe siècle, les équipes scientifiques de la France et de l’Allemagne dans leurs recherches sur les maladies infectieuses et l’élaboration de vaccins.

L’idée d’une inoculation préventive contre une maladie date de 1776. Un médecin anglais Edward Jenner a remarqué que les vachers qui avaient souffert de la vaccine, une maladie bénigne de la vache, qui se transmet à l’homme, ne contractaient jamais la variole. Fort de cette observation, il inocule par scarification du pus de la vaccine à un enfant de huit ans, le garçon contracte la maladie et guérit vite. Trois mois plus tard, il injecte à l’enfant la redoutable variole et l’enfant ne déclare pas la maladie. Si le procédé est pour le moins éthiquement condamnable, la preuve est faite ! Jenner nomme virus (poison en latin) le mystérieux agent de la vaccine, empiriquement découvert. Et c’est cette maladie qui donnera le mot vaccin.

Rivalité sur fond de guerre franco-allemande

Un siècle plus tard, deux savants, le Français Louis Pasteur (1822-1895) et l’Allemand Robert Koch (1843-1910), vont révolutionner la médecine et mettre en évidence l’existence des bactéries et l’origine des maladies infectieuses. Le chimiste Pasteur, en faisant des recherches sur la fermentation de la bière, découvre l’existence de micro-organismes vivants et rend obsolète la théorie de la génération spontanée. C’est le début de la révolution pastorienne : il prône l’hygiène, l’asepsie et dépose le brevet de la pasteurisation dès 1865. Pasteur travaille sur les maladies animales et, à propos du charbon du mouton, il va se confronter à Koch. Ce médecin, qui a une vingtaine d’années de moins que Pasteur, a réussi la culture du bacille du charbon. Aucun des deux ne reconnaît les apports de l’autre, et, au cours des congrès et des communications scientifiques, ils s’opposent violemment.

Pour Pasteur, très patriote, attaché à Napoléon III, la défaite de 1870 est vécue comme un revers humiliant, et c’est sur fond de rivalité franco-prussienne que les deux hommes et leurs équipes vont enchaîner les découvertes. Koch oriente ses recherches sur les techniques bactériologiques pour isoler et identifier les micro-organismes. Il découvre en 1882 le bacille de la tuberculose (la maladie du siècle !) auquel il donne son nom, le bacille de Koch, et qui lui confère à 39 ans une renommée immense, et l’année d’après, il isole le vibrion du choléra mais, malgré de nombreux essais, échoue dans la fabrication des vaccins. Pasteur, au contraire, met au point plusieurs vaccins pour les animaux en orientant ses recherches vers l’atténuation des agents pathogènes de souches, initialement virulentes. Vaccination contre le choléra des poules, le charbon du mouton, le rouget des porcs et bien sûr ce qui, en 1885, va rester son titre de gloire absolu, la vaccination antirabique réussie sur un humain, Joseph Meister, un petit Alsacien de 11 ans mordu par un chien enragé.

La postérité

Dès 1888 est fondé à Paris l’Institut Pasteur, et dès 1891, à Berlin et sur le même modèle, l’Institut prussien des maladies infectieuses devenu aujourd’hui le RKI, Robert Koch Institut. Ces deux organismes continuent l’œuvre de leurs fondateurs et sont actuellement vigoureusement engagés dans la lutte contre la Covid-19.

Françoise Berniguet

Louis Pasteur expérimente la vaccination antirabique sur les lapins, vers 1883.
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