UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

Actu revendicative


La perte d’autonomie : entre financement, justice et proximité


C'est une première ! À l'époque où la dépendance est devenue un sujet de sondage pour les banques et les assurances, et un « non sujet » pour le gouvernement, la CFDT Retraités a lancé via ses adhérents, une grande enquête qui renverse les données de la question.

Principaux résultats

39 % des personnes sont directement concernées par la perte d’autonomie. - 17 % pour eux-mêmes
 et 22 % pour un proche.

Oui un peu Oui beaucoup
Pour soi même 12 % 5 %
Pour un proche 12 % 10 %

Directement touchés ou non par le sujet, si cela devait leur arriver, les répondants hiérarchisent leurs inquiétudes (2 réponses possibles). Et d’abord :
 le reste à charge est trop important : 64 % ;
 la mise à contribution de la famille : 37 %.

Les autres items s’équilibrent en bas de classement pour ceux qui déclarent ne pas être inquiets :
 je suis en bonne santé : 17 % ;
 j’ai souscrit une assurance dépendance : 17 % ;
 les aides publiques sont suffisantes : 5 %.

Où trouver l’information ?

39 % iraient d’abord chercher l’information auprès d’une association d’aide aux personnes âgées ou après du médecin : 34 %. Seuls 21 % s’adresseraient à des CLICS (Centre local d’information et de coordination) ou auprès des services du conseil général (11 %). Entre les deux, les autres acteurs : syndicats de retraités : 22 %, mairie : 18 %, maison de retraite : 7 % sont également considérés comme des sources d’information.

On touche là du doigt l’effort important en matière d’information que doivent réaliser les principaux acteurs du dossier et la coordination nécessaire qu’ils doivent assurer.

Le domicile plébiscité

« Selon vous quelle serait la meilleure solution en cas de perte d’autonomie ? » Rester à son domicile aussi longtemps que possible arrive très largement en tête : 78 % des réponses. Le foyer logement et la maison de retraite médicalisée ne recueillent que 8 % chacun.

Les avantages du domicile sont nombreux. Il permet (plusieurs réponses possibles) de :
 bénéficier d’aide à domicile : 87 % ;
 être proche de sa famille et de ses amis : 86 % ;
 avoir un suivi médical efficace : 86 % ;
 conserver ses habitudes de vie : 81 % ;
 avoir le soutien du conjoint et des proches : 77 %.

Autant d’expressions d’une approche affective, psychologique, sensible et pratique du dossier.

Pour quels types d’aide ?

Services proches ? Services lointains ? Tout comme la santé, la perte d’autonomie pose la question de l’accès aux aides : « Pensez-vous que les services d’aide à domicile sont suffisamment à proximité de chez vous ? » Les réponses sont effectivement partagées : 24 % répondent « ne pas savoir », et 23 % pensent qu’ils sont « trop éloignés ». A l’inverse 20 % estiment que cette proximité est « satisfaisante » et 32 % en « partie satisfaisante ».

Les efforts devraient être apportés en priorité (2 réponses possibles) :
 aux services d’aide ménagères : 55 % ;
 à l’adaptation du logement : 32 % ;
 à la qualité des soins infirmiers : 27 %.

La qualité des repas, la téléalarme, les loisirs ou les transports apparaissent moins prioritaires (17 % chacun).

Maison de retraite : une réelle solution… trop onéreuse

« En fonction de ce que vous savez des maisons de retraite », que pensent les interviewés des certaines affirmations concernant la solution « maisons de retraite » ? Sur cette question il ne s’agissait pas de choisir parmi les items mais « d’être d’accord » ou « pas d’accord » avec les affirmations proposées.
Pour 82 % des répondants, « les personnes âgées appréhendent d’entrer en maison de retraite ».
75 % estiment que « ça soulage la famille et les proches ». 64 % pensent que « ça permet de rompre l’isolement ». Et 62 % estiment que « c’est une bonne solution si on est dépendant ».

Les personnes interrogées reconnaissent clairement le rôle indispensable des maisons de retraite, même si elles restent avant tout interrogatives sur le coût de leurs prestations : 76 % considèrent que « leur coût n’est pas supportable ». Et 76 % estiment qu’il n’est pas « normal que la famille soit mise à contribution financièrement si nécessaire ».

Pour une prestation dépendance : publique, universelle et solidaire

Après le renoncement, cet été, du gouvernement Fillon sur le dossier perte d’autonomie, il est apparu nécessaire de refaire un point général sur les sujets sensibles, mais aussi techniques (d’où parfois un taux de « sans avis » et de « non réponse » supérieur à 25 %) et politiques.
En matière de perte d’autonomie, les personnes interrogées estiment que :
 le montant des pensions est insuffisant pour payer les maisons de retraite : 83 % ;
 les aides financières sont insuffisantes : 72 % ;
 les interventions pour l’aide à domicile coûtent trop cher : 57 %.

Les opinions se font plus tranchées sur ce qu’il faudrait faire « pour une meilleure prise en charge de la perte d’autonomie par la collectivité ». Près d’une personne interrogée sur deux est d’accord pour « mettre en place un prélèvement général par une cotisation sur tous les revenus ». Ce chiffre peut être considéré comme élevé alors qu’il intègre un prélèvement obligatoire supplémentaire et la solidarité de tous.
 « Instaurer une taxe sur l’ensemble des transmissions du patrimoine et des donations » : 37% sont d’accord et 32% pas d’accord. Les mentalités évoluent ! La solidarité progresse ! Beaucoup pensent qu’ils seront mis davantage à contribution financière et ils souhaitent que tout le monde y participe.
 La démonstration a contrario est apportée par les réponses aux items suivants : « récupérer les aides publiques par un recours sur succession des personnes aidées » : 46 % sont en désaccord contre 23 % pour.
 C’est le cas également pour les réponses apportées au sous-item : « souscrire une assurance privée pour couvrir une partie du risque dépendance ». Seuls 17 % disent leur accord (ceux qui déclarent en début d’enquête avoir déjà souscrit une assurance dépendance). Et 62 % s’y opposent !

Notre échantillon

 Hommes : 46 %, Femmes 54 %.
 Trois tranches d’âges par tiers : moins de 66 ans : 35 %, entre 66 ans et 75 ans : 35 %, plus de 75 ans : 30 %.
 90 % des répondants sont en retraite.
 Et 95 % vivent à leur domicile. En couple 61 %. Seul(e) : 39 %.
 En zone urbaine : 64 %. En zone rurale : 36 %.
 50 % adhérent à une organisation syndicale de salariés ou de retraités.
 A l’inverse, 63 % ne sont pas adhérents à une association de retraités (club du 3e âge…).
 Catégorie socio-professionnelle d’origine : Ouvriers /employés : 49 %. Techniciens agents de maîtrise : 19%. Cadres : 23 %. Divers : 5 %. Sans profession : 4 %.
 Montant des ressources : moins de 1200 € : 20 %, de 1201 à 2000 € : 35 %, entre 2001 et 3000 € : 27 %, plus de 3 000 € : 18 %.

Repères

Un raz de marée de 7 000 questionnaires

En lançant cette enquête, l’UCR CFDT comptait sur un retour de 3 000 questionnaires. Un total de 6 379 a pu être pris en compte. Et fin novembre dernier l’UCR en recevait encore. Plus de 7 000 questionnaires sont comme un raz de marée qui souligne l’intérêt de ce temps passé, de ces informations partagées, de ces confidences recueillies, de ces coups de gueule retenus. Un fabuleux travail de fourmis qui montre notre proximité avec nos contemporains.

Gilbert Jérôme a piloté l’enquête dépendance.