UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

Notre activité


La place des loisirs des retraités 2/6


La notion de loisirs a progressivement évolué vers une plus grande individualisation, renforcée par la période de pandémie que nous venons de traverser. Mais beaucoup de retraités CFDT s'impliquent dans des actions de loisirs collectives.

Sommaire du dossier
 Le temps des loisirs 1/6
 La place des loisirs des retraités 2/6
 Chantez maintenant 3/6
 L’université du temps libre 4/6
 La culture et les loisirs, facteurs de l’émancipation et de la solidarité 5/6
 L’accès à la culture et aux loisirs est une revendication forte de la CFDT Retraités 6/6

La notion de loisirs a progressivement évolué vers une plus grande individualisation, renforcée par la période de pandémie que nous venons de traverser. Au XIXe siècle s’opère une accélération de l’évolution des cadres temporels. Les rythmes saisonniers perdent de leur force, surtout dans les villes. Le rythme des jours se modifie. L’heure officielle apparaît et, en conséquence, le temps devient prévisible et peut être organisé. Le loisir devient lui aussi actif et organisé. Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, les grandes villes deviennent des laboratoires de la culture de masse.

Quant aux loisirs ouvriers, des recherches récentes montrent l’importance d’activités spécifiques comme le jardinage, le bricolage ou la pêche à la ligne. On peut ainsi tenter de périodiser l’avènement des loisirs. Ils naissent en Grande-Bretagne où, dès le début du XIXe siècle, les loisirs signifient fuir la ville. De cette crainte de la ville naît l’idée d’organiser les loisirs de ceux qui s’y entassent, parallèlement à l’attrait des rivages. Le second moment serait celui de l’entre-deux-guerres avec des politiques d’encadrement des loisirs, la création de parcs et de stades de vélodromes par les municipalités. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la société s’individualise peu à peu et les loisirs deviennent des objets de consommation.

Quels loisirs pour les retraités

Concernant la typologie des loisirs, elle est très variée. Pour les seniors, ce sont d’excellents moyens de préserver son corps, son esprit, sa santé, sa mémoire et son capital jeunesse. Pour autant, la retraite ne met pas fin aux inégalités en matière de loisirs. Le niveau des revenus, le handicap, la maladie ou l’isolement sont autant d’obstacles pour en pratiquer certains. Les Unions territoriales de retraités comportent toutes une commission Culture et Loisirs. Il n’est pas question de dresser un inventaire des initiatives prises mais simplement de montrer leur diversité. Beaucoup de retraités sont impliqués dans des activités culturelles, visites de musées, participation à une chorale, à une représentation de théâtre, aides à la lecture, conférences ou invitations à assister à une pièce de théâtre.

Ainsi les retraités CFDT de l’Yonne organisent des cafés-débats thématiques. La commission Loisirs et Culture des retraités d’Île-de-France a participé, par exemple, à une visite privée du Fonds d’art contemporain situé dans le XVIIIe arrondissement de Paris et propose aussi des sorties-concerts à la Philharmonie.

D’autres commissions Loisirs sont intéressées par les questions d’environnement et de recyclage d’objets. Participation active à des jardins partagés, visite d’un parc d’éoliennes ou d’un site du réseau ENVIE où s’effectue la remise en état d’appareils électroménagers par des salariés en insertion, avant leur reconditionnement et leur revente. Tout le monde peut donc trouver une activité susceptible de l’intéresser.

Enfin le temps de lire et de faire partager ce plaisir

Les retraités plébiscitent la lecture, véritable bouffée d’oxygène. Dans le milieu rural, on les retrouve dans les médiathèques. Lors des 50 dernières années, ce sont souvent les plus anciens et les plus anciennes qui ont implanté des bibliothèques dans les villages. Souvent associatives au départ, elles ont été reprises par les communes. Majoritairement, ce sont les femmes qui ont assumé les différentes tâches : couvrir les livres, les ranger, faire le désherbage (action de retirer les livres abîmés ou peu lus). Elles tenaient aussi les permanences et assuraient l’accueil.
Ainsi Simone, bénévole depuis 7 ans dans la médiathèque de son village du Nord-Mayenne, explique que sa fonction a évolué de façon importante ces dernières années.

Elle s’est engagée, alors qu’elle était encore salariée, par goût de la lecture et pour partager ses impressions avec d’autres. Puis, à la retraite, elle a secondé la bibliothécaire. Le travail en réseau favorise les échanges de livres, de documents. La participation à des rencontres a permis d’améliorer l’accueil et l’animation. Le bénévolat demeure toujours important. Ainsi, dans un village voisin, Simone précise que ce sont huit bénévoles qui assurent le maintien de la médiathèque. Les livres ne sont plus à couvrir, les contraintes horaires sont allégées et les bénévoles peuvent vivre une certaine « dépossession » des choix d’achat dans la mesure où une organisation départementale remplit cette fonction.

Des loisirs intergénérationnels

Nombre de médiathèques s’ouvrent à des opérations d’échanges de savoirs. Des expériences de technologies nouvelles, des présentations d’artisanat, des soirées jeux. Autant de démarches intéressantes qui donnent une dimension dynamique à ce lieu de culture.

Simone raconte les soirées lecture-pyjama dédiées aux plus jeunes enfants. Les invitations d’auteurs sont des événements marquants qui permettent de développer les liens sociaux dans un environnement pas toujours propice aux échanges culturels.

L’arrivée de migrants a été l’occasion de mettre en place un système d’aide à l’intégration. En relation avec la médiathèque départementale, Simone et son équipe ont fait des recherches afin de fournir aux nouveaux arrivants des livres dans leur langue. À partir des acquisitions de la médiathèque, elle a constitué un choix de documents qui pouvaient faciliter leur intégration.

Et les loisirs des retraités isolés ?

Dans le Nord-Mayenne, les animateurs bénévoles de médiathèque sont 54 dont 40 retraités. Ils s’inquiètent que, face à des restrictions budgétaires, le bénévolat supplée au manque de professionnels. Le non-remplacement de certains postes questionne.

L’accès à la lecture reste un bien fondamental. Si des moyens importants ont été attribués aux médiathèques ces dernières décennies, il faut rester vigilant. Il est facile de faire des économies dans le secteur de la lecture publique. La lutte contre l’isolement doit être prise en compte. Le portage à domicile peut être une solution. Les actions dans les Ehpad et dans les hôpitaux se sont aussi développées. Elles sont primordiales dans la prise en charge des plus fragiles.

Une action d’envergure nationale

À l’origine, une association s’est créée en 1985, à Brest, à l’initiative des instituteurs de la ville qui se sont adressés à l’Office des retraités et des personnes âgées afin de prévoir avec eux des séances de lecture dans les écoles. En 1990, elle est devenue l’association Lire et faire lire. Elle est soutenue par deux réseaux associatifs : la Ligue de l’enseignement et l’Union nationale des associations familiales (Unaf). Les retraités CFDT de Brest sont aussi partie prenante depuis quelques années.

Un bilan annuel est fait régulièrement. En 2019, il y avait 103 coordinations départementales. 12 171 structures d’accueil avaient un partenariat avec l’association et 4 273 communes étaient impliquées. Cette association offre des formations départementales ou nationales. Le nombre de bénévoles n’a cessé d’augmenter régulièrement : en 2019, ils étaient 20 652. Les régions où s’est développée l’association sont le Nord, l’ouest de la France ainsi que l’Auvergne-Rhône-Alpes.

Les loisirs à l’épreuve de la pandémie

Voici ce qu’écrit la commission Culture et Loisirs des retraités de Haute-Garonne et Ariège dans son journal : « Oui nous sommes dans l’attente… Mais de quoi ? Nous attendons de pouvoir à nouveau partager ces moments de convivialité lors de nos sorties traditionnelles. Nous attendons de pouvoir à nouveau visiter en plein air des sites ou des lieux remarquables. Nous attendons de pouvoir parcourir à nouveau les couloirs des musées et des salles d’expositions… »