UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

Actu revendicative


La prestation « autonomie » encore à conquérir


L'augmentation de l'espérance de vie s'accompagne d'une augmentation de la durée de vie en bonne santé. Mais la croissance rapide de la population vieillissante des plus de 60 ans et des plus de 75 ans, laisse surtout se profiler un fort enjeu économique, social et sociétal. La perte d'autonomie nécessite un nouveau regard. Elle fonde en tout cas l'espérance d'un droit universel encore à faire reconnaître…

L’usure des corps est une pathologie difficile à maîtriser. Avec l’âge, les anomalies deviennent monnaie courante. La maladie gagne progressivement la partie. Certains peut-être plus combatifs, ou plus chanceux, s’en sortent mieux que d’autres.

Antoinette Dupuy, 91 ans et Maurice Portier, 88 ans, sont de ceux là. Le corps leur joue des tours bien sûr. Mais ils ont encore « 40 ans dans leur tête » et vivent, pour un temps, de manière autonome : elle, à l’étage (elle monte et descend chaque jours l’escalier !), lui au rez-de-chaussée de leur petite maison. Une femme de ménage assure les courses, le lavage et le repassage.

Ils font chacun leur repas et ne déjeunent ensemble que le dimanche ! Antoinette fait sa toilette seule. Maurice prend un infirmier pour sa douche et l’entretien de ses pieds. Seule une chose leur manque vraiment : les transports publics. « Nous avons besoin d’aller au théâtre » affirment-ils. Le taxi financé en partie par le conseil général serait une bonne solution. « La vieillesse ne se vit correctement que si l’on ne se sent pas isolé du monde. Les restrictions dans les services publics me semblent dommageables… ».
Selon une étude (1), la notion d’isolement des personnes dépendantes a pris corps dans l’esprit des pouvoirs publics lors de la canicule de 2003. La valorisation du niveau local de proximité s’en est suivie : la place des Clic est essentielle.
Mais quand le « gros pépin » surviendra pour l’un ou l’autre, comment faire face ? Un établissement contacté n’a pas de convention avec leur mutuelle.

Les vieux se rebiffent

Maurice, 90 ans, réside dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Un révolté ? Pas sûr. Il a simplement rassemblé ses expériences sous le titre « Les vieux se rebiffent ».

« Une des maisons de retraite faisait partie d’un centre hospitalier qui comportait deux unités pour des malades d’Alzheimer, deux autres pour des malades de très longue durée ou en fin de vie, une unité comme établissement de rééducation, et enfin un hôpital. Je n’ai jamais vu le directeur. » […]

« La quasi-totalité des résidents se trouvait dans ce que l’on appelait un restaurant, en fait un réfectoire tant par la disposition des lieux, que par la qualité de la nourriture qui était loin de valoir celle d’une cuisine familiale. Aliments cuits à l’eau, sans goût ni sauce. Je n’ai jamais pratiquement mangé de la « vraie » viande, et m’interroge encore sur l’origine des pommes de terre. Le bruit des chariots et des serveuses était abrutissant. […] « On ne rencontre jamais aucun responsable. Le médecin coordinateur a été remplacé par un plus jeune qui n’est resté que trois mois. Depuis, plus de médecin coordinateur. Pas plus que d’assistante sociale. Le poste a été supprimé. »

(1) « Isolement et solitude à domicile dans les parcours de vie au grand âge », Université de Bretagne occidentale, Brest 2008.