La solidarité au cœur des missions des CCAS 2/5
La création d’un CCAS dans toutes les communes est l’aboutissement d’une politique d’aide sociale mise en œuvre dès l’après-guerre. Ce dispositif a été précédé par les bureaux d’aide sociale, issus de la fusion des bureaux de bienfaisance et des bureaux d’assistance, restés sous une forme inchangée depuis 1953.
Sommaire du dossier
En 1986, dans le cadre de loi de décentralisation, la structure de ces établissements a changé pour s’adapter aux transferts de compétences. Le bureau d’aide sociale a alors pris le nom de centre communal d’action sociale (CCAS).
La solidarité au cœur de ses missions
Ses domaines d’intervention dépendent bien sûr du niveau du budget du CCAS.
À titre d’exemples : il peut accompagner les demandeurs pour l’attribution des aides sociales légales en informant et en instruisant les demandes (RSA, demande de logement, APA, etc.). Il peut distribuer des bons alimentaires, colis d’urgence, chèques pour des produits de première nécessité (alimentation, hygiène, médicaments, fournitures scolaires, vêtements pour enfants), et porter assistance pour régler des factures essentielles (énergie, alimentation). Il peut également fournir une adresse postale pour les personnes sans domicile fixe, indispensable pour percevoir certaines aides sociales.
Demander un appui du CCAS
Les agents du CCAS constatent que les personnes reçues actuellement n’ont pas le même profil qu’auparavant. La pénurie de logements est l’objet de nombreuses visites : des personnes qui ont un emploi mais qui sont hébergées chez des amis ou dans la famille et qui demandent un appui auprès des bailleurs. D’autres sollicitent un coup de pouce pour un logement plus grand avant l’arrivée d’un enfant.
Les bailleurs sociaux signalent aux mairies les logements vacants. Mireille, présidente d’un CCAS, peut soutenir une candidature mais c’est le bailleur qui choisit son locataire en fonction de critères définis pour attribuer les logements de façon équitable et transparente. « Lorsque des difficultés s’accumulent, le centre médico-social du territoire prend le relais. Le CCAS ne peut pas répondre à tous les besoins », souligne Hélène, agent au CCAS.

Comprendre les attentes
Une femme venue de Lyon demande simplement un toit. Elle a vécu une situation difficile et ne touche que le revenu de solidarité active (RSA). « Ensuite je pourrai aller vers le travail, mais si je n’ai pas de toit, je n’y arriverai pas », confie-t-elle.
Au bureau d’aide sociale, son point de vue a désorienté. Les agents pensaient qu’avec quelques heures de travail dans une association d’aide à la personne elle gagnerait un peu plus d’argent et pourrait plus facilement payer un loyer. « Mais pour elle, que l’on puisse l’accuser de ne pas vouloir accepter un travail lui semblait inconcevable tant qu’elle n’avait pas un “chez elle”, avoue Mireille. Être hébergé à droite à gauche entraîne une fragilité psychologique. Certains viennent pour connaître leur quotient familial ou juste pour exposer leur situation et trouver des solutions.
Survivre avec un revenu minimum
Deux quartiers de cette ville de 13 500 habitants connaissent un taux de pauvreté de 33 %. Des personnes retraitées très modestes, qui ont travaillé toute leur vie et dont le montant de la retraite ne dépasse guère 1 000 euros, sollicitent des aides. « 1 000 euros pour survivre correctement, ça me prend à la gorge. Le minimum vieillesse au regard du coût de la vie est vraiment bas, il suffit qu’il y ait un loyer à payer et il n’y a plus rien sans une entraide familiale », confie Mireille.
Le CCAS leur propose ponctuellement des bons alimentaires et fait aussi appel à des associations caritatives lorsque des factures restent à payer. « Nous devons tirer les gens vers le haut et ça fonctionne plutôt bien même si la situation est vraiment difficile en ce moment. Trouver une solution pour une personne handicapée qu’on accompagne pour les démarches administratives et qui ne maîtrise pas bien la langue procure de petites satisfactions » note Joëlle.
« Je veux juste un toit », le quotidien d’un CCAS
Le CCAS accueille des personnes aux revenus modestes et la pénurie de logements explique souvent les appels au secours.
« La pauvreté touche des familles de toutes catégories sociales. Plus facilement des travailleurs qui gagnent leur vie plus ou moins bien, qui ne touchent que les minima sociaux… », dit d’emblée Joëlle au bureau du CCAS. Mireille, qui préside le CCAS d’une ville de 13 500 habitants, ajoute aussitôt : « Ça m’a frappé de recevoir des jeunes papas désemparés qui se retrouvent avec des enfants à la suite d’une séparation. » Ce sont pour la plupart des familles monoparentales, des femmes, des hommes qui ont perdu leur emploi, se retrouvent sans logement et pour lesquels tout s’enchaîne. Beaucoup vivent dans la rue, dans leur voiture, d’autres ont passé l’hiver dans un campement monté au bord du lac, les administrations n’ayant pas de locaux disponibles pour les accueillir.
Bilan 2023 : Dispositif « Aller vers » et missions d’accompagnement santé
En s’appuyant sur des données de la Drees, la Cnam a présenté plusieurs éléments clés :
– 14,5 % de la population vit sous le seuil de pauvreté monétaire (1 158 €/mois) ;
– La pauvreté monétaire touche en premier lieu les demandeurs d’emploi (35,1 %) ;
– Parmi les personnes en emploi, les travailleurs indépendants sont plus vulnérables (14,6 %) que les salariés (6,3 %) ;
– Les familles monoparentales sont les plus concernées par la pauvreté (32,3 %) ;
– Le taux de pauvreté des 18-24 ans est estimé à 25 %, soit près de 1,3 million de jeunes ;
– 16 % des 55-69 ans ne perçoivent ni revenu d’activité ni pension de retraite. Ces seniors, en majorité des femmes, sont en moins bonne santé et moins diplômés.