UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

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La transition agroécologique ne pourra réussir sans associer exigences sociales et environnementales 6/6


Questions à Franck Tivierge, Secrétaire général de la fédération CFDT Agri-Agro

Sommaire du dossier
 Santé de la terre, des agriculteurs et des consommateurs 1/6
 Un siècle d’évolution de l’agriculture 2/6
 Les maladies professionnelles 3/6
 La CFDT présente aux Pyrénéennes 2021 4/6
 Le nouveau défi de l’agriculture et de l’alimentation 5/6
 La transition agroécologique ne pourra réussir sans associer exigences sociales et environnementales 6/6
CFDT Agri-Agro

Le slogan de votre dernier congrès est « Du social dans mon assiette ». Pourriez-vous l’expliciter ?

L’accès à une alimentation durable constitue une priorité pour les consommateurs et pour les politiques publiques. Des engagements environnementaux se développent dans les filières alimentaires. Mais la condition des salariés du secteur alimentaire est bien souvent oubliée. La production agricole et la transformation agroalimentaire se caractérisent pourtant par de nombreux emplois précaires, avec des rémunérations faibles et de la pénibilité. « Du social dans mon assiette », c’est une démarche globale pour réaffirmer que la transition agroécologique ne pourra réussir sans associer exigences sociales et environnementales. Il ne peut exister d’alimentation durable sans prise en compte de cette dimension sociale. La CFDT Agri-Agro propose l’intégration de critères sociaux dans les certifications de produits alimentaires, en particulier pour les signes officiels de qualité et d’origine (Agriculture biologique, Label rouge, AOP…). L’idée est de permettre aux citoyens de choisir les produits qui garantissent des conditions décentes de travail et d’engager le secteur alimentaire dans ce changement de cap.

Quelles sont les actions que la CFDT Agri-Agro se propose de conduire au sujet de l’interdiction des pesticides ?

Une précision : la CFDT Agri-Agro soutient la réduction de l’usage des pesticides et l’interdiction des plus dangereux. Cet engagement s’appuie sur deux motivations : réduire l’exposition aux risques pour les travailleurs et s’engager résolument dans la transition agroécologique. Car il n’y a plus de doute sur les effets négatifs, dangereux, des produits phytosanitaires sur la santé humaine et la biodiversité. Ainsi que sur la nécessité d’une transition agroécologique favorisant les interactions bénéfiques entre les cultures et les écosystèmes, avec des modes de productions plus autonomes, plus économes en intrants de synthèse, souvent issus de l’industrie pétrochimique. Concrètement, la CFDT Agri-Agro représente les intérêts des salariés dans les instances sur le sujet : réunions de suivi du plan Ecophyto II+ *, rencontres avec le ministère, participation au Conseil national de la biodiversité… La CFDT Agri-Agro a aussi soutenu la création, et participe à la gouvernance, du Fonds d’indemnisation des victimes des pesticides (FIVP) créé en 2020. Enfin, dans le cadre de notre démarche « Du social dans mon assiette ! », nous avons noué des relations avec des ONG environnementalistes membres du Pacte du pouvoir de vivre afin de porter ensemble ce message associant exigences sociales et environnementales.

Comment la CFDT Agri-Agro évalue-t-elle l’impact de la transition agroécologique sur les emplois de l’agriculture ?

La transition agroécologique constitue une opportunité pour l’emploi en agriculture. Des études ont montré que les modes de production agroécologique, en particulier lorsqu’ils sont engagés en agriculture biologique, sont plus intensifs en emploi. C’est lié à des pratiques culturales plus intensives en main-d’œuvre mais aussi à des exploitations davantage diversifiées, en productions et en valorisation (transformation et vente à la ferme, notamment). Il est ainsi question de nouveaux emplois et de nouveaux métiers. De plus, ces exploitations mobilisent plus de main-d’œuvre permanente non salariée et salariée que les exploitations en agriculture conventionnelle. Cela peut être lié à une charge de travail supérieure et à des pratiques qui nécessitent plus de technicité. Pour la CFDT Agri-Agro, il est ainsi nécessaire d’orienter les aides publiques à l’agriculture vers les modes de production agroécologique qui associent exigences sociales et environnementales.

Entretien réalisé par Nicole Chauveau

* Le plan Ecophyto II+ a pour objectifs de réduire les produits phytopharmaceutiques de 50 % d’ici 2025 et de parvenir à une utilisation des pesticides compatible avec le développement durable.
www.solidarites-sante.gouv.fr