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La zone euro a 20 membres. Et maintenant ?


Au moment où la Croatie fait son entrée dans la zone euro et en devient le 20e membre, l’avenir de cette monnaie, bousculée par de nombreuses crises, est questionné. Les critères de convergence pourraient être réexaminés. Le point sur le long cheminement qui a conduit à la monnaie unique pour 347 millions d’Européens.

Pour accéder à l’euro, la Croatie, devenue au 1er janvier 2023 le 20e membre de la zone euro (Z€), a dû préalablement satisfaire à cinq critères. Ceux-ci portent sur la stabilité des prix, des finances publiques saines avec un déficit budgétaire de 3 % du PIB, des finances publiques soutenables de 60 % du PIB, une faible inflation et la stabilité des taux de change. Les institutions européennes ont analysé les résultats à l’aune de ces critères et ont donné le feu vert à ce pays.

Ces critères ont été établis au fil de l’Histoire. Ils sont tirés des leçons des crises qui se sont produites au sein de la Z€ : Grèce (2009-2012), Irlande (2010), Portugal (2011), Espagne (2012), Chypre (2013). À ces crises s’ajoute la gestion bureaucratique hasardeuse des différents plans de sauvetage pilotés le plus souvent par la « troïka », les trois institutions que sont le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE) et la Commission européenne.

Des critères de convergence interrogés

Le contexte économique actuel (pandémie, guerre en Ukraine, crise de l’énergie, inflation) pousse également à s’interroger sur ces critères de convergence. Le niveau de l’endettement actuellement de 94,2 % du PIB au 2e trimestre 2022 dans les 19 pays de la Z€ (113,1 % pour la France), les crises à répétition et le retour d’expérience concernant la gestion des différents plans de sauvetage questionnent la pertinence des différents critères prévus pour accéder à l’euro.

Ainsi les règles européennes du Pacte de stabilité et de croissance (les 3 % et 60 %) sont suspendues jusqu’à fin 2023, afin de laisser aux États le temps d’amortir l’impact de la guerre et d’accélérer la sortie des énergies russes. La réflexion en cours vise à introduire plus de souplesse dans la gestion des critères de convergence sans écarter pour autant la nécessité d’une surveillance coordonnée.

La Communication de la Commission européenne du 9 novembre 2022 avance des pistes dans ce sens. Elles iraient vers une simplification et une surveillance décentralisée des deux critères (3 % et 60 %), mais rien n’est arrêté à ce jour. La modification de ces critères ne sera évidemment pas neutre socialement, ce qui devrait inciter les organisations syndicales à la vigilance.

Controversé à ses débuts, approuvé aujourd’hui

Avant d’en arriver là, l’euro a connu de nombreuses étapes parmi lesquelles différents rapports, tels que le plan Barre, le plan Werner et le plan Delors qui, en 1989, prévoit la mise en œuvre de la monnaie unique en trois phases. Les concertations monétaires ont également jalonné ce chemin : la création du système monétaire européen, de l’European Currency Unit (Ecu), unité de compte européenne et plus tard la création de l’Institut monétaire européen.

Divers traités ont également marqué le processus : l’Acte Unique, le traité de Maastricht et enfin le Pacte de stabilité et de croissance en 1997. De plus, l’impulsion politique franco-allemande a été déterminante, grâce à la bonne entente des couples franco-allemands successifs.

L’euro, un temps objet de controverses politiques, jouit aujourd’hui de l’approbation d’une majorité de la population. Il représente pour les citoyens et les entreprises une commodité, les opérations de change ayant disparu. Il est aussi le symbole d’une intégration européenne réussie. Après 21 ans d’existence, il se place au deuxième rang des monnaies internationales après le dollar. L’euro est utilisé comme monnaie de facturation dans plus de 59 % des exportations et plus de 51 % des importations de la Z€.

Une mise en œuvre par étapes

L’euro est lancé le 1er janvier 1999 sous forme immatérielle dans 11 États membres, (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Finlande, France, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas et Portugal). Il est utilisé pour les services bancaires, les transferts électroniques ou encore les chèques de voyage. Le 1er janvier 2002, les pièces et les billets sont mis en circulation et utilisés dans la vie quotidienne par les citoyens européens.

La Z€ va ensuite progressivement s’élargir avec les entrées successives de la Grèce, la Slovénie, Chypre et Malte, la Slovaquie, les Pays baltes et la Croatie cette année. L’euro est utilisé par 347 millions de personnes et 20 pays représentant 85 % du PIB de l’UE. Andorre, Monaco, Saint-Marin et le Vatican, ainsi que le Monténégro et le Kosovo l’utilisent de facto.

Sept des 27 États membres de l’UE ne sont pas membres de la Z€. Le Danemark a obtenu une clause d’exemption, la Suède qui, à la suite d’un référendum en 2003, se situe hors des critères de convergence et cinq pays qui actuellement ne satisfont pas aux critères de convergence : la Bulgarie, la République Tchèque, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie.

[Jean-Pierre Moussy

La Croatie dans la zone euro depuis le 1er janvier 2023

En juin 2022, les institutions européennes ont considéré que le pays répondait aux critères de convergence et pouvait intégrer la Z€. La Croatie est membre de l’Union européenne depuis 2013. Ce pays de 3,88 millions d’habitants, issu de l’ancienne république yougoslave, a des frontières avec l’Italie, la Hongrie, la Slovénie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro.
La Croatie se caractérise par un PIB de 58,2 milliards, une dette publique équivalente à 74,3 % du PIB et un excédent de 1,7 % en termes de déficit public. Son taux de chômage est de 6,5 %.

Les institutions gestionnaires de l’euro

L’Euro-groupe est une instance qui réunit les ministres des Finances de la Z€, plus un représentant de la Banque centrale européenne (BCE) et un représentant de la Commission européenne. Elle est chargée de garantir la stabilité et la cohérence des politiques économiques des États membres, en accord avec la politique monétaire. Elle est présidée depuis 2020 par le ministre des Finances d’Irlande, Mr Paschal Donohoe.

La Banque centrale européenne (BCE) est un organisme indépendant important. Elle définit et met en œuvre la politique monétaire telle que : conduire les opérations de change, détenir et gérer les réserves de change de la Z€, promouvoir le bon fonctionnement des systèmes de paiement. Elle est chargée d’assurer la stabilité financière, la surveillance bancaire, l’émission des billets de banque et les statistiques. Son mandat précise qu’elle a pour objectif de maintenir la stabilité des prix avec une inflation proche de 2 %.
Les principaux instruments de la politique monétaire sont :
 les taux d’intérêt auxquels les banques se refinancent auprès de la BCE et qui influent sur les conditions de crédit proposées aux entreprises et aux particuliers.
 le programme d’achat d’actifs lancé en 2015. Cette mesure vise à racheter massivement les dettes des États de la Z€ puis celles des entreprises depuis 2016. L’objectif est de combattre la déflation qui menaçait la Z€ et de faire repartir la croissance. Ce programme a depuis fait l’objet de divers ajustements.
La gestion de la politique monétaire peut conduire à poursuivre des objectifs contradictoires. Augmenter les taux d’intérêt pour juguler l’inflation peut avoir un effet récessionniste. À l’inverse, baisser trop les taux d’intérêt pour relancer l’économie peut accroître l’endettement et favoriser l’apparition de bulles spéculatives. L’institution est présidée par Christine Lagarde.