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Le banquier des pauvres obtient le Nobel de la paix


Vous en avez entendu parler : une banque qui ne prête qu'aux plus pauvres et son créateur viennent d'obtenir le prix Nobel de la Paix. Muhammad Yunus a créé et développé le micro-crédit dans son pays d'abord, le Bangladesh, puis dans beaucoup d'autres pays en voie de développement.

Entrons dans une partie du Monde où les populations sont les plus démunies : le Bangladesh.

La seule évocation de quelques chiffres de la misère fait froid dans le dos. Elle nous culpabilise et nous force à regarder avec plus d’humilité nos problèmes quotidiens. Songez qu’ils sont 1,2 milliard à survivre avec moins d’un euro par jour.

En 1974 sévit une famine dévastatrice au Bangladesh, indépendant depuis 1971. Un professeur d’économie revenu des Etats-Unis lors de l’indépendance décide faire quelque chose avec ses étudiants. Il se nomme Muhammad Yunus. Il observe que les paysans ont des terres si petites que les banques refusent des prêts. Les usuriers prêtent à des taux si élevés, 20% par mois, que la misère arrive encore plus vite.

Le jeune professeur d’économie en vient à proposer un premier « micro-prêt » de quelques dollars à quelques dizaines d’habitants du village avec son propre argent. L’effet s’avère très positif. En outre, ils remboursent sans difficulté. Progressivement, il en arrive à créer sa propre banque : la Grameen Bank. C’est-à-dire la banque des villages.

Comment cela se passe-t-il ?

Nous occidentaux avons un peu de mal à comprendre. Quant aux grandes banques mondiales, exigeant avant tout des garanties ou des cautions, elles ne permettent pas de telles transactions. Pour comprendre, il faut avoir vu le film documentaire d’Amirul Arham, « Le banquier des humbles ».

Il se déplace avec deux ou trois collaborateurs dans un village. Quelques bancs sont disposés au centre et la population intéressée s’installe. Ce sont presque toujours des femmes. Muhammad Yunus dit qu’il préfère traiter avec elles car elles sont plus sérieuses et plus appliquées que les hommes. Lui et ses adjoints forment une sorte de jury. Des explications générales sont données à la population sur la banque, comment ils devront rembourser, etc.

Puis chacun s’approche à tour de rôle pour venir présenter sa demande, son engagement. Le jury évalue la demande, fait préciser à l’emprunteur comment il compte rembourser son prêt et dans quel délai. Ce sera un potier ayant besoin d’un tour, l’achat d’une vache permettant de nourrir les enfants avec le lait, des femmes pour confectionner des vêtements.

Un prêt conditionné à la scolarisation des enfants

Muhammad Yunus pose toujours comme condition que les enfants soient scolarisés. Le montant dépend bien sûr de l’importance du projet présenté. La distribution se fait cash en liquide ! Pas de dossier, même pas de signature, les gens sont presque tous illettrés, seulement le relevé du nom. Et curieusement tous remboursent. Inimaginable dans nos pays européens.

La Grameen Bank a distribué depuis 30 ans quelques 5,7 milliards de dollars. Son aide a bénéficié à plus de six millions de personnes. Ses activités représentent plus de 1% du produit intérieur brut du Bangladesh. Muhammad Yunus continue à sillonner le monde pour glaner de l’argent et son action s’est maintenant développée dans 63 autres pays, de l’Inde jusqu’à l’Afrique. Il suscite l’admiration.

Le prêteur d’espoir

Muhammad Yunus et la Grameen Bank viennent de recevoir le prix Nobel de la Paix pour « leurs efforts pour promouvoir le développement économique et social à partir de la base ». Surnommé le banquier des pauvres, Yunus préfère le titre de « prêteur d’espoir ». C’est un grand bonhomme.

Note

Nous vous recommandons les films réalisés par Amirul Arham : « Le banquier des humbles » et « L’eau du diable ». Real productions : 25 rue de St Quentin, 75010 PARIS. Tél. 0140355500 et Armor films 12 rue Pavée-75004 Paris, tél. 0142719043 Contact Philippe Quinsac.

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