Le bien-être animal, un enjeu pour la santé de tous
Le bien-être animal est un enjeu sanitaire et sociétal permettant à l’homme et aux animaux de mieux vivre ensemble dans un monde en transition écologique.
Souvent nous associons au bien-être animal des images chocs prises à la dérobée dans des abattoirs industriels, dénonçant les pratiques de quelques grands groupes agroalimentaires et les négligences des pouvoirs publics. Le bien-être animal ne saurait se résumer aux seules conditions d’abattage des animaux.
Le bien-être animal se définit comme « l’état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que ses attentes. Cet état varie en fonction de la perception de la situation par l’animal. » Cinq critères sont associés au bien-être animal : l’absence de faim, de soif et de malnutrition, l’absence de peur et de détresse, l’absence de stress physique ou thermique, l’absence de douleur, de lésions et de maladie et la liberté d’expression d’un comportement normal de son espèce (par exemple, laisser les animaux en groupes si l’espèce vit en groupe).
Nous nourrir en prenant soin de l’eau, de la Terre, des bêtes et de notre santé
Adapter les conditions d’élevage au bien-être animal constitue un enjeu majeur pour notre agriculture et pour notre société. Dans les élevages, exploitants et salariés vivent mieux les contraintes de leur activité dès lors qu’ils introduisent des pratiques respectueuses du bien-être animal : ne plus couper les queues des porcs, privilégier des espaces non clos pour les lapins, vérifier l’étourdissement d’un animal avant abattage à l’aide de capteurs, etc. Idéalement, il faudrait ne plus déplacer les animaux de leur lieu d’élevage à l’abattoir et privilégier des abattoirs mobiles. Certaines de ces règles font l’objet de référentiels dont le cahier des charges est co-construit par les éleveurs, les représentants de la grande distribution, des chercheurs de l’Inrae*, des consommateurs et des habitants des zones agricoles concernées. Depuis l’été 2020, un étiquetage original est utilisé pour des produits de la filière volaille dans les magasins U.
L’adoption de ces nouvelles pratiques ne va pas de soi : les agriculteurs doivent investir pour adapter leur exploitation, et donc disposer d’un revenu suffisant de leur activité. Les consommateurs doivent consentir à payer ce bien-être, la grande distribution fait le pari que des produits labellisés « bien-être animal » séduisent des consommateurs qui se détournent de plus en plus de la viande animale. Les principes du bien-être animal sont valables pour l’ensemble des espèces animales.
Sophie Chauveau
* Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement