UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

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Le long chemin de la réconciliation entre l’Allemagne et la France


Les institutions européennes ont permis de renouer des liens d’abord économiques puis entre les peuples. Mais il a fallu des années depuis 1945 pour qu’enfin s’estompent les ressentiments entre les habitants de pays voisins.

Au lendemain de l’armistice du 8 mai 1945, traverser le Rhin, aller en République fédérale d’Allemagne (RFA), c’était mettre les pieds en zone d’occupation. Chez les frontaliers français, le ressentiment était immense. « Nous n’avions aucune relation avec les Allemands », se souvient Jean-Jacques, aujourd’hui 95 ans, qui avait été nommé, en 1951, à l’école d’une garnison française en Allemagne.

En 1966, il a pour la première fois rencontré son oncle Victor, mobilisé dans l’armée impériale allemande en 1914, qui avait épousé une jeune femme de Bremerhaven. « En 1918, mon père lui avait recommandé de ne pas revenir en France avec sa famille allemande qui aurait été chassée de France comme les 45 000 Allemands établis en Alsace par le Kaiser pour la germaniser », explique Jean-Jacques.

Dans les années 1960, les relations étaient moins tendues et l’inimitié générée par le nazisme durant l’annexion s’estompait. Les premières instances européennes s’étaient mises en place, au début des années 1950, et l’Assemblée parlementaire européenne avait tenu sa première session le 19 mars 1958. La même année, le général de Gaulle avait accueilli le chancelier allemand Konrad Adenauer sur le perron de la Boisserie.

La crainte des contrôles douaniers

La frontière existait toujours et limitait les contacts utilitaires avec le pays voisin. Les Français frontaliers faisaient la queue aux postes-frontières pour aller faire le plein d’essence. « Au retour, on passait la frontière avec une certaine appréhension parce qu’on ramenait aussi d’autres achats. Mon épouse et moi avons équipé notre voiture d’une ceinture de sécurité en Allemagne, car à l’époque, aucun garagiste en France ne savait les monter. Au retour, nous avions la trouille de repasser la douane », raconte Jean-Jacques.

Le 22 septembre 1984, à Verdun, le président Mitterrand et le chancelier Kohl assistaient, main dans la main, à une cérémonie à la mémoire des victimes des guerres. Au sein de l’Union européenne entrait en vigueur, le 26 mars 1995, l’accord assurant la libre circulation des personnes et la levée des contrôles aux frontières dans l’espace Schengen. Plus de 400 millions de personnes pouvaient désormais circuler librement.

L’euro facilite les échanges

Les règles européennes et les échanges culturels ont permis à tous ces pays de se rapprocher. Avec l’euro, en 2002, il est plus facile, moins coûteux et moins risqué de faire des affaires et d’investir. Marion, la fille de Jean-Jacques, après un stage obligatoire dans le cadre de ses études à Francfort, s’est installée à Munich et y travaille dans le service étranger d’une banque.

Ces jours-ci, une inquiétude habite Jean-Jacques : la montée de l’extrême droite. « En Allemagne, le parti politique Alternative pour l’Allemagne prône la sortie de l’Union européenne. » Suite à la mobilisation pour l’Europe et contre l’extrême droite du 21 janvier 2024 à Munich, la police a, selon le quotidien Süddeutsche Zeitung, estimé la foule à 100 000 personnes. Le Monde notait qu’à Berlin, la participation était massive, 100 000 personnes selon la police et 350 000 selon les organisateurs !

L’Union européenne a permis de garantir la paix, la démocratie et le progrès économique et social sur notre continent. La CFDT rappelle que de nombreux acquis pour les travailleurs sont le résultat de transpositions de directives et textes européens, par exemple l’égalité entre les femmes et les hommes, la sécurité et la santé au travail et la liberté de circulation pour les travailleurs.

[Denis Ritzenthaler